L’analyse du bilan L’approche patrimoniale


L’analyse financière ou patrimoniale de l’entreprise repose sur l’étude de sa solvabilité, c'est-à-dire  sa capacité à couvrir ses dettes exigibles à l’aide de ses actifs liquides.
L’analyse de la structure financière est ainsi appelée analyse liquidité exigible. En effet, si le PCM a consacré la présentation fonctionnelle du bilan, le bilan financier ou bilan liquidité classique conserve et conservera sans doute pendant un certain temps la préférence des investisseurs et des banquiers.
Dans sa conception financière, le bilan liquidité vise essentiellement à établir l’inventaire de l’actif et du passif de l’entreprise en vue de dégager la valeur de son  patrimoine et de porter un jugement sur sa solvabilité.
Il convient de noter que la liquidité mesure la vitesse de transformation d’un bien en monnaie. Le degré d’exigibilité d’une dette traduit le délai plus ou moins long durant lequel les ressources demeurent à disposition de l’entreprise.
La mesure exacte de la liquidité et de l’exigibilité n’étant pas aisée, le  critère de sélection retenue est l’année.
Remarque :
Même si le P.C.M n’adopte pas la présentation par ordre de liquidité et d’exigibilité croissante, la reformulation est possible en utilisant les indicateurs relatifs aux échéances des postes de l’actif et du passif qui figurent dans l’ETIC.
I)                   Les principaux reclassements et retraitements à effectuer :
Il convient pour l’analyse financière   de procéder à certains retraitements et/ou reclassements de créances et de dettes pour améliorer la qualité de l’information bilancielle et de l’adapter aux impératifs de l’analyse  et du diagnostic financier.
A.    Les corrections de l’actif :
1)      Les reclassements.
·         Le stock outil : il correspond au stock minimum nécessaire que l’entreprise constitue pour faire face à ses besoins d’exploitation et éviter ainsi le risque de rupture de stock.
Exemple : dans le secteur pétrolier, les pouvoirs publics imposent aux entreprises de distribution de constituer des stocks stratégiques.
Le stock outil étant destiné à rester en permanence dans l’entreprise, il perd son caractère de liquidité. Aussi, certains auteurs préconisent d’en retrancher le montant de l’actif circulant et de le rajouter à l’actif immobilisé.
·         Les actifs à plus ou moins un an : les actifs seront reclassés selon leur échéance réelle. Pour les créances, l’analyste se reportera aux informations contenues dans l’ETIC afin de procéder aux reclassements nécessaires.
Les actifs à moins d’un an seront éliminés de l’actif immobilisé et intégrés à l’actif circulant.
C’est le cas par exemple des prêts immobilisés pour la partie à échéance à moins d’un an.
On procédera de la même façon pour les actifs à plus d’un an qui viendront en diminution de l’actif circulant et en augmentation de ‘actif immobilisé.
Exemple : Charges constatées d’avance par exemple dont l’échéance peut être supérieure à un an, ou des créances commerciales immobilisées.
·         Les titres et valeurs de placement : (T.V.P.)  Si les T.V.P. son aisément négociables et donc totalement liquides, il convient de les assimiler à la trésorerie-actif. Idem pour les effets bancables c'est-à-dire escomptables.
2)      Les retraitements des actifs fictifs.
·         Les immobilisations en non valeurs : il s’agit d’un actif fictif dont le montant sera retranché de l’actif et les capitaux propres seront diminués.
·         Les écarts de conversion-actif : ils correspondent à des pertes de change latentes (dépréciation d’une créance ou appréciation d’une dette). Lorsque cette perte n’est pas couverte par une provision pour risque, le montant de l’écart de conversion doit être éliminé de l’actif et retranché des capitaux propres
·         Les plus ou moins values : il faut procéder à des réévaluations par rapport à la valeur comptable qui vont mettre en évidence des moins ou plus values. Dans ce cas on intègre les éléments d’actifs à leur valeur vénale. A défaut, on conserve la valeur nette comptable.
B.     Les corrections du passif.
1)      La répartition du résultat :
Sur un plan financier, la répartition du résultat consiste à augmenter le passif circulant des bénéfices à distribuer.
Les bénéfices non distribués faisant partie de l’autofinancement demeureront en capitaux propres. En cas de perte nette, celle-ci constitue un emploi de capitaux qui a déjà affecté à la baisse le montant des capitaux propres.
2)      Les reclassements des dettes :
Ø    Les dettes à plus ou moins un an : Ces dettes seront reclassées en fonction des informations dont dispose l’analyste en dettes à plus d’un an ou dettes à moins d’un an.
Ø    Les comptes d’associés créditeurs : ces comptes font normalement partie du passif circulant hors trésorerie. Lorsqu’il existe une convention matérialisant un engagement de longue durée de la part des actionnaires, le montant correspondant est assimilé sur un plan financier à des ressources stables.
3)      Les dettes fiscales :
Il s’agit de l’imposition différée ou latente des éléments suivants :
v  Subventions d’investissement
v  Provisions réglementées
v  Provisions pour risques et charges
Ø  La fiscalité différée : concerne les subventions d’investissement et les provisions règlementées dont les montants devront être rapportés ultérieurement au résultat imposable de l’entreprise.
D’un point de vue financier, cette imposition différée doit être prise en compte. La dette fiscale correspondante, calculée au taux d’imposition de l’entreprise, sera assimilée, en fonction de son échéance à plus ou moins un an soit aux dettes de financement soit au passif circulant hors trésorerie. La fraction nette d’impôt sera incorporée aux fonds propres.
Ø  La fiscalité latente : concerne les provisions pour risque et charges sans objet réel ou avec un objet tout à fait aléatoire qui sont à réintégrer au résultat imposable de l’entreprise, et qui doivent par conséquent supporter l’impôt sur les résultats.
D’un point de vue financier il est possible de rapporter aux capitaux propres la partie nette d’impôt et de classer l’impôt latent en dette de financement ou au passif circulant hors trésorerie, en fonction de l’échéance. Mais généralement, il s’agit d’analyses financières dans une optique de continuation d’exploitation, ces corrections de nature fiscale pourront être négligées.
4)       Les écarts de conversion-passif : représentent un gain de charge latent qui doit être réintégré dans les capitaux propres.
5)      Les obligations cautionnées :
Les obligations cautionnées matérialisent le crédit des droits de douane accordé par l’administration des douanes à l’entreprise.
Comptablement, les obligations cautionnées figurent parmi les dettes « fournisseurs et comptes rattachés » alors qu’elles constituent un véritable financement bancaire à court terme.
Aussi, est-il recommandé de les retrancher des dettes fournisseurs et comptes rattachés, et de les assimiler à de la trésorerie-passif.
C.    Les retraitements des engagements hors bilan : le cas du crédit- bail mobilier
Rappel : le crédit-bail ou leasing-mobilier  a été introduit au Maroc dès 1965. Il s’agit d’un contrat à durée déterminée par lequel la société de crédit-bail acquiert un bien à la demande de son client et le lui loue moyennant un échéancier convenu.
A l’issue de la période de location, le locataire a la possibilité de:
o   Racheter le bien pour une valeur résiduelle convenue dans le contrat.
o   Restituer le bien.
Le leasing est pratiqué par des établissements spécialisés tels que « Maroc Leasing », « Wafabail », « Maghrebail »…
D’un point de vue financier, le retraitement   comptable du crédit-bail peut être affecté selon le procédé suivant :
o   Inscription à l’actif des biens financés pour le crédit-bail pour leur valeur comptable nette.
o   Constatation en dette de financement au passif d’un emprunt équivalent.
II)                 Le bilan financier et l’analyse de la solvabilité et de la liquidité de l’entreprise :
Le bilan financier participe d’une conception patrimoniale de l’entreprise, qui intéresse à la fois les actionnaires de l’entreprise et ses créanciers.
Les actionnaires sont soucieux de connaître la valeur réelle de leur patrimoine, tandis que les créanciers veulent s’assurer de la capacité de l’entreprise de faire face à ses engagements grâce à ses actifs en cas de liquidation (solvabilité) ou en situation normale (liquidité).
A)    L’analyse de la solvabilité :
 Notions de capitaux propres, situation nette, actif net comptable, actif net comptable corrigé.
Le bilan financier permet de déterminer la valeur des fonds des actionnaires qui constitue incontestablement un indicateur fondamental de solidité financière de l’entreprise.
Divers notions sont couramment utilisées pour traduire les préoccupations des actionnaires ou des tiers :
1)      Les capitaux propres (après affectation des résultats) correspondent au:
·         Capital social
-          Actionnaire, capital sous non appelé
+ Prime d’émission, de fusion et d’apport
+ Écart de réévaluation
+ Réserve légale
+ Autres réserves
+/- Report à nouveau
+ Résultat net en instance d’affectation
2)      La situation nette (S.N.) :
La S.N. = capitaux propres
+ Subventions d’investissement
+ Provisions réglementées
- Immobilisations en non valeurs
3)      L’actif net comptable :
Actif net comptable    = situation nette
+ Provisions pour risques et charges       à caractère de réserve ou sans objet
+ Ecart de conversion-passif
- Ecart de conversion-actif (en l’absence de provisions)
- Fiscalité latente (subventions, provisions réglementées, provisions pour risques et charges sans objet)



4)      L’actif net comptable corrigé :
L’actif net comptable corrigé correspond à la somme des éléments suivants :
Actif net comptable
-          Plus values latentes
-          Les moins values latentes
-          Risques et avantages donnés ou reçus
-          Risques divers réels ou potentiels (absence de provisions, engagements contractuels avec les clients, fournisseurs, personnel etc.…)
-         Fiscalité latente et/ou différée (impôts latents sur plus values, économies fiscales sur moins values)
B)    La notion de liquidité : notion de fonds de roulement financier et de fonds de roulement propre.
1)      Le fonds de roulement financier :
L’analyse de la liquidité de l’entreprise repose sur le rapprochement de la liquidité des éléments de l’actif circulant et de l’exigibilité des éléments du passif circulant, et vise donc à apprécier le risque d’illiquidité (non liquidité)  à cours terme de l’entreprise.
Si la dotation des actifs est supérieure ou égale à celle des dettes, la liquidité de l’entreprise est assurée. Cependant, alors que l’exigibilité du passif à court terme est certaine, le degré de liquidité des actifs circulants est tout à fait aléatoire, par suite notamment de mévente ou de dépréciation des stocks, de retard de paiement ou de risque d’impayés de la clientèle, ou encore de rétrécissement des délais de règlement consentis par les fournisseurs.
Aussi, l’entreprise doit-elle disposer d’une marge de sécurité ou matelas de sécurité pour faire face aux risques.
Cette marge de sécurité appelée fonds de roulement financier ou encore fonds de roulement permanent ou fonds de roulement net, correspond à l’excédant de l’actif circulant sur le passif circulant (définition par le bas du bilan).

Fonds de roulement financier = Actif circulant – Passif circulant

Le fonds de roulement financier peut également être calculé par le haut du bilan.
Fonds de roulement financier = Financement permanent – Actif immobilisé


Remarque :
a)               La conception fonctionnelle du bilan repose sur l’idée que les ressources stables ou financement permanent doivent financer les emplois stables ou Actif Immobilisé. ==> Le fonds de roulement vu du haut du bilan.
La conception patrimoniale considère le fonds de roulement financier comme un indicateur de solvabilité et de risque de liquidité à court terme de l’entreprise.
Dans ce dernier cas, la réalisation de l’actif circulant doit permettre à l’entreprise d’honorer les engagements du passif circulant.
Généralement, les banquiers assortissent leur décision d’octroyer des crédits d’exploitation et/ou de trésorerie à l’exigence d’un fonds de roulement financier.
b)                Différence entre fonds de roulement fonctionnel et fonds de roulement financier :
Ø  Le Fonds de roulement Fonctionnel est calculée à partir du bilan fonctionnel ou comptable avant affectation des résultats.
Ø  Le Fonds de roulement Financier est déterminé sur la base du bilan financier, c'est-à-dire bilan fonctionnel a près affectation des résultats, retraitement et/ou reclassement opérés.
2)      Le Fonds de roulement propre.
Le fonds de roulement propre correspond à l’excédent de l’actif net comptable sur l’actif immobilisé. 
Fonds de roulement propre = Actif net comptable – Actif immobilisé

Ou encore
Fonds de roulement propre = Fonds de roulement financier – Dettes à long et moyen termes

Application :
Soit une entreprise dont le bilan financier se présente comme suit :
Actif
Passif
Actif immobilisé
Actif circulant
550 000
1 420 000


1 970 000
Actif net comptable
Dettes à long et moyen terme
Passif circulant

615 000
410 000

945 000
1 970 000

Calculer le fonds de roulement financier et le fonds de roulement propre.
Fonds de roulement financier :
·         Bas du bilan :
F.R.Financier = Actif circulant – Passif circulant
                                  = 1 420 000 – 945 000
                                  = 475 000
·         Par le bas du bilan :
Fonds de roulement financier = Financement Permanent – Actif Immobilisé
                                                = (615 000 + 410 000) – 550 000
                                                = 475 000

Fonds de roulement propre = Actif net – Actif Immobilisé
                                               = 615 000 – 550 000
                                               = 65 000
Fonds de roulement Propre = fonds de roulement – Dettes à longs et moyen terme                                    = 475 000 – 410 000
                                             = 65 000

Critique de la conception patrimoniale du bilan :
L’analyse liquidité constitue en fait le socle sur lequel reposent les démarches d’analyse et  de diagnostic financiers qui prônent le respect de règles prudentielles relative à l’exigence d’un fonds de roulement financier positif, mais elle n’est pas exempte de critiques.

Ø  Tout d’abord le concept d’actif net comptable ou d’actif net comptable corrigé soulève des problèmes d’évaluation dans la pratique, dans la mesure où l’analyse financière externe ne dispose toujours de toutes les informations (valeur réelle des actifs, normes de référence, etc.…) pour procéder à une analyse pertinente de solvabilité.
Ø  S’agissant de la règle d’orthodoxie financière qui recommande l’existence d’un fonds de roulement financier positif, l’analyse financière ne dispose d’aucune norme lui permettant de définir le niveau optimal de ce fonds de roulement, le seul repère disponible étant constitué par le fonds de roulement financier de firmes similaires justifiant du même niveau de risque.

De ce point de vue, le recours à l’analyse fonctionnelle est d’une grande utilité. Cependant, les analyses fonctionnelle et patrimoine ne sont pas exclusives l’une de l’autre, et qu’elles peuvent au contraire être utilement utilisées dans une optique de complémentarité.

Comment réaliser une analyse financière


Objectif

Maîtriser les concepts, la terminologie et les instruments nécessaires à la réalisation d'une analyse financière pour établir un diagnostic de l'activité, de la politique financière et des possibilités d'évolution de l'entreprise.

Participants

Cadres comptables et financiers, opérateurs des services crédits ou des services clientèle.

Responsables bancaires, cadres en charge de l'analyse des risques. 


Questions traitées    

Principaux mécanismes et champs d'application de l'analyse financière
- L'équilibre entre les ressources et les besoins de financement.
- L'évaluation de la structure financière.
- Les différentes approches de la rentabilité.
- L'analyse des situations de défaillance.
- Le potentiel de développement de l'entreprise.
- L'harmonisation des politiques d'investissement et de financement.

De la comptabilité à l'analyse financière
- La lecture du bilan en termes d'emplois-ressources de financement.
- Options comptables de l'entreprise et exploitation des informations.
- La liaison entre comptabilité et trésorerie.
- Le reclassement des postes du bilan et du compte de résultat.

Les concepts et les outils de l'analyse financière

- Le fonds de roulement, le besoin en fonds de roulement et la trésorerie.
- Les analyses de ratios.
- Les tableaux de financement et de flux.
- Les fonctions de «scoring».
- Les mesures de l'autofinancement.
- Le diagnostic de l'effet de levier.

La démarche conduisant au diagnostic
- Les relations entre diagnostic financier et diagnostic stratégique.
- Les objectifs et les utilisateurs d'une analyse financière.
- La collecte des informations sur l'entreprise et son secteur.
- Le choix des outils en fonction des objectifs de l'analyse.
- La mise en oeuvre de la méthodologie.

Le Crowdfunding au Maroc : Essai sur les facteurs d’émergence, de blocage et de développement


 

Résumé :
Au cours des dernières années, le crowdfunding est devenu une source considérable de financement pour les entrepreneurs qui cherchent un financement externe par la foule via la plateforme Internet. Même s’il semble difficile de dater sa genèse, le crowdfunding n’est pas considéré comme une nouvelle innovation financière ou un phénomène nouveau, mais ce qui le différencie des anciennes formules et son explosion dans sa version actuelle c’est l’utilisation du web comme socle phare de son développement. En effet, les analyses empiriques existantes signalent un engouement très impressionnant des fonds collectés via le crowdfunding dans le monde entier. Celui-ci permet aux entrepreneurs de lever des fonds par le biais d'un appel ouvert sur Internet.
Ainsi, à partir d’une idée et pour monter un projet on n’a plus besoin de bailleurs financiers traditionnels, de plus en plus réticents surtout en période de crise. D’ailleurs, ce mode de financement qui prend de l'ampleur au fil des années reste le principal concurrent des banques d’aujourd'hui. Le crowdfunding a permis d'inciter les promoteurs d'idées et ainsi de libérer la créativité de chaque individu à l’échelle du globe, ce qui a permis la mise en marche de divers projets sans pour autant avoir le consentement des banques qui demandent des garanties souvent inconcevables, avec des taux d’intérêts excessifs. Néanmoins, aujourd'hui, avec le crowdfunding et ses différentes plateformes spéculatives et non spéculatives, on assiste à une activité qui a trait à l'économie réelle tout en créant de nouvelles perspectives de création et de développement des activités socioéconomiques. Cette nouvelle formule de financement via Internet qui a connu un essor considérable dans le contexte des pays développés notamment aux Etats Unies d’Amériques, le Canada, la Grande Bretagne, la France et la Suisse a -t- elles les conditions nécessaires de réussite dans le contexte d’un pays en développement tel le Maroc ?
Pour répondre à cette question, nous examinons dans un premier temps la notion et les  formes du  crowdfunding, pour ensuite présenter le cas des deux plateformes marocaines de crowdfunding (atadamone.com et smala & co) pour ensuite présenter et analyser les facteurs déterminants de sa réussite et/ou de son échec dans le contexte du Maroc, pays où la finance informelle et surtout la microfinance institutionnelle font leurs preuves. 
INTRODUCTION
Au cours des dernières années, le crowdfunding est devenu une source considérable de financement pour les entrepreneurs qui cherchent un financement externe. Même s’il semble difficile de le dater, le crowdfunding n’est pas considéré comme un phénomène nouveau. Mais ce qui différencie les anciennes initiatives et son explosion dans sa version actuelle est l’utilisation du web comme socle phare de son développement. En effet, les analyses empiriques existantes signalent un engouement très impressionnant des fonds collectés via le crowdfunding dans le monde entier. Celui-ci permet aux entrepreneurs de lever des fonds par le biais d'un appel ouvert sur Internet. L’une de ses caractéristiques les plus importantes constitue les avantages privés supplémentaires dont les bailleurs de fonds (par exemple, «crowdfunders») bénéficient en participant au mécanisme de crowdfunding. Ces avantages privés supplémentaires varient avec les formes de crowdfunding, allant d'un modèle à base d'actions, régime de participation aux bénéfices, et prêts à des dons purs et simples. Bien que le crowdfunding puisse prendre différentes formes, sa notion reste ambigüe en termes de compréhension théorique des facteurs économiques qui déterminent le choix d'un entrepreneur d'une forme particulière de crowdfunding.
Principale alternative aux circuits de financement traditionnels souvent trop longs et bureaucratiques, diverses plateformes de crowdfunding sont aujourd’hui présentes dans plusieurs pays dans le monde. Face à l’importance de ce phénomène, certaines juridictions se sont même dotées d’un cadre législatif régulateur. Ainsi, la France s’est dotée en 2014 d'une législation encadrant l'activité de « crowfunding ». Cette même année a vu la fixation par l’Italie du cadre légal de cette activité. Aussi, d’autre pays tels que l’Espagne et le Royaume-Unis  se sont dotés d’un cadre réglementaire régissant cette activité. Au Maroc, bien qu’à ce jour on dénombre deux principales plateformes de crowdfunding, cette activité n’est pas encore dotée d’un cadre réglementaire.
Dans ce cadre, l’objectif principal de ce travail est double, d’une part, il s’agit de présenter les divers concepts liés au crowdfunding ainsi que les plateformes à l’origine de sa propagation. D’autre part, on va étudier les déterminants et les spécificités du crowdfunding dans le contexte Marocain.
1.    CADRE CONCEPTUEL
Pour traiter du crowdfunding au Maroc, il est d’ordre crucial de s’attarder sur des rappels conceptuels des différents concepts en relation avec ce nouveau mode de financement. Il s’agit d’expliquer la crowdfunding ainsi que ses formes.  
1.1 LE CONCEPT DU CROWDFUNDING
Le crowdfunding… Un mot qui n’est pas évident à comprendre... Si l’on le traduit au sens étymologique du terme, il devient « financement participatif  ou collaboratif». Comme première impression, et au sens littéraire, le crowdfunding représente « le financement par la foule ». Avec l’avènement très considérable de ce phénomène, plusieurs auteurs ont tenté de le définir. Cependant compte tenu de son aspect très vaste, il serait primordial de stipuler que le crowdfunding couvre de nombreuses disciplines. Ce qui lui confère une puissance très consistante au niveau du globe. Dans un contexte d’entreprise, la définition suivante tient compte d’un ensemble de spécificités en intégrant les divers acteurs au sein de l’organisation : « Le crowdfunding se réfère aux efforts déployés par les individus et par les groupes d’entrepreneurs (culturels, sociaux, et à but lucratif) pour financer leurs projets en faisant appel à des petites contribution d’un nombre relativement important de personnes qui utilisent Internet, sans norme financière intermédiaire. »[2]. En 2010, Schwienbacher et Larralde apportent d’autant plus une autre définition encore plus élargie, qui initie en quelque sortes les mécanismes du crowdfunding : « Le crowdfunding est un appel ouvert, essentiellement à travers Internet, pour la fourniture de ressources financières, soit sous forme de dons ou en échange d'une certaine forme de récompense et / ou des droits de vote, en vue de soutenir des initiatives à des fins spécifiques ».  Cette définition, tout aussi récente qu’elle est, la plus prise en considération dans les travaux des chercheurs en la matière. Ceci dit, et si l’on s’approfondi davantage dans ce phénomène, le crowdfunding obéit à un certain fonctionnement qui lui est propre, via des plateformes qui procèdent à mettre le lien entre les pourvoyeurs de fonds, constitué principalement des porteurs de projets et des bailleurs de fonds que représentent les internautes.
1.2 PLATEFORMES DU CROWDFUNDING 
Selon la classification de Vincent Ricordereau (2013), qui est le co-fondateur de l’une des plateformes les plus connues à l’échelle mondiale « kisskissbanbank », le crowdfunding peut être segmenté selon deux grandes familles : les plateformes non spéculatives et que les plateformes spéculatives.
1.2.1 Plateformes non spéculatives :
Elles fonctionnent à travers trois grands modèles, chacun ayant ses propres spécificités comparativement à la nature du projet à financer.
  • Le don :
Le créateur du projet, que ce soit un individuel ou un institutionnel, demande la participation du public sous forme de dons pour financer son initiative. Il détient la part de marché la plus importante et est l’un des principaux acteurs de la croissance du crowdfunding. C’est un modèle adopté naturellement par l’ensemble des initiatives philanthropiques telles que les associations, les entités caritatives… Il permet de proposer une variété de projets dont 62% d’entre eux ont été financés en 2012. Il a progressé de 45% en 2012 par rapport à 2011 totalisant : 979 millions $, avec un montant moyen des campagnes de collectes lancées de 1400$. Les plateformes les plus notables à ce sujet sont : Razoo (Etats-Unis d’Amérique), Justgiving (Grande Bretagne), United Donations (France).
  • Le don moyennant des contreparties en nature :
Au courant de ce modèle, les créateurs de projets font toujours appel aux dons, mais ils motivent leurs donateurs à l’aide de contreparties en nature liées au projet. C’est la catégorie qui a la préférence des médias et suscite davantage l’intérêt des individus que des associations. Ils permettent notamment à tous les secteurs culturels et artistiques de financer des milliers de projets (films, concerts, expositions, design, reportages, documentaires, livres, jeux…). En 2012, il a pu rassembler 383,3 millions $, avec un montant moyen des campagnes de collectes lancées de 2300$. L’une des plateformes les plus notables en crowdfunding est la plateforme américaine KickStarter. Au niveau de l’Europe, on trouve Kisskissbankbank (Europe), et Fringebacker qui œuvre beaucoup plus en Asie.

  • Les prêts solidaires de pairs à pairs :
Il s’agit de prêts accordés par des personnes physiques à d’autres individus, sans pour autant intégrer un taux d’intérêt. On le range dans le secteur de la microfinance, puisqu’il reflète plus ou moins la transmission des mécanismes axés sur la finance traditionnelle, engageant le prêt qui est considéré comme instrument phare dans la finance traditionnelle. Dans la plupart du temps, il s’agit de micro-prêts accordés par des individus habitant les pays occidentaux à des personnes vivant dans les pays du Sud. Sans remettre en cause l’utilité de ce modèle, il faut quand même souligner que certaines plateformes alimentent la dérive suivante: les instituts de microfinance issus des pays pauvres se refinancent eux-mêmes grâce à l’argent crowdfunder dans les pays riches, souvent ils facturent des taux d’intérêts très élevés aux emprunteurs locaux. Néanmoins, et en 2012, le montant total collecté est de 600 millions $ selon une étude annelle de Crowdsourcing.org. Ceci nous laisse constater qu’il constitue quand même un modèle assez rentable au niveau du crowdfunding. L’une des plateformes les plus présentes dans ce genre de modèle est la plateforme américaine Kiva, suivie par deux grandes plateformes françaises : Hellomerci et Babyloan.
1.2.2 Les plateformes spéculatives :
Elles sont plus complexes que les plateformes non spéculatives, du fait qu’elles sont prises avec des contraintes réglementaires fortes émanant essentiellement de la finance traditionnelle. Elles sont de ce fait plus axées sur la notion du « retour sur investissement », ce qui prône l’argument commercial pour ce genre de plateformes.
  • Contributions avec contreparties numéraires (versement de royalties)
Dans ce modèle, les pairs qui investissent financièrement dans les projets deviennent des coproducteurs, et, à ce titre, ils obtiennent le droit de percevoir des royalties associées au projet qu’ils ont produit. Ainsi, ce modèle offre effectivement aux pairs producteurs la possibilité de potentiellement récupérer leur mise initiale, voire même de gagner plus ; on parle désormais de labels participatifs ou d’éditeurs participatifs. Selon Vicent Ricordereau, ce modèle représente le modèle le plus contestable selon l’auteur, puisqu’il y a un risque d’induction des problèmes de transparence dans le calcul des royalties, ce qui crée un risque potentiellement élevé supporté majoritairement par les internautes. On peut citer à titre d’exemple la plateforme allemande Sellaband, qui est beaucoup plus dédiée au lancement des musiciens, ainsi que la plateforme française My Major Company.
  • Le prêt entre particuliers avec taux d’intérêt :
Dans ce modèle, la plateforme intervient en tant qu’intermédiaire entre des particuliers qui, d’un côté ont besoin d’un prêt pour réaliser un projet entrepreneurial ou domestique et, de l’autre, sont prêt à allouer leur épargne disponible sous forme de prêts rémunérés, et cela, sous le contrôle d’autorités publiques fixant les règles de la finance dans le pays. C’est le modèle qui a, conjointement avec le don, a contribué à l’accélération du crowdfunding dans le monde depuis 2 ans. Il a progressé de 111% en 2012 par rapport à 2011 totalisant : 600 millions $. Ca a également dépassé les 1 milliards de $ en 2013, ceci, pour un montant moyen de 4700 $ par opération. Les plateformes les plus reconnues dans ce modèle sont : Lending Club (USA), Zopa, Funding Circle (Grande Bretagne),  Prêt d’Union (France).
  • Investissement contre prise de participations:
 Ce modèle regroupe les plateformes qui s’intéressent au financement de la création ou de la croissance entrepreneuriale. Il est d’ailleurs le dernier à être apparu, notamment en 2010. L’investisseur récupère des parts de la société dans laquelle il investit et qui lui donnent donc droit à un potentiel retour financier. Pourtant ce segment est le plus touché par des limitations d’ordre réglementaires, ce qui nécessitait l’intervention du publique pour pouvoir faciliter le développement de celui-là. L’exemple qui peut être donné est celui de l’initiative du Président Obama qui a fait signer une loi au Sénat (Jumpstart Our Business Startups Act) visant à faciliter le développement de ce secteur et diriger ainsi l’épargne du public en direction de jeunes entreprises américaines. Ce modèle a progressé de 30% en 2012 par rapport à 2011 totalisant : 115,7 millions $, avec un montant moyen des campagnes de collectes lancées de 190000$. On peut citer deux plateformes qui œuvrent dans ce modèle : Wiseed (France), Cofundit (Suisse).
2.        PRESENTATION DE L’ETUDE EXPLORATOIRE SUR LE CROWDFUNDING AU MAROC 
Dans divers pays du monde, le crowdfunding se porte bien. Ainsi, année après année, plusieurs plateformes se créent et viennent stimuler le marché de façon active. Il faut dire que cette tendance n’est pas prête à s’arrêter. En effet, rien qu’en Europe, on dénombre plus de 300 plateformes de crowdfunding dont 70 françaises et 72 britanniques.  Au Maroc, bien que les chiffres soient moins importants, la tendance actuelle laisse à prévoir un bon avenir pour le crowdfunding. Avec deux plateformes actuellement actives notamment « atadamone » et « smala & co », plusieurs projets de plateformes sont en cours de conception.   
2.1 ETAT DES LIEUX DU CROWDFUNDING AU MAROC
Le Crowdfunding au Maroc a connu une évolution remarquable pendant cette dernière décennie. La généralisation de l’accès à l’internet et à ses différents services ainsi que l’utilisation de l’outil informatique ont participé à cet essor.
2.1.1 Évolution du Crowdfunding au Maroc
Au Maroc, le crowdfunding connait une évolution importante. En effet, selon les premières statistiques publiées par la plateforme smala & co, depuis 2010 jusqu’au début de l’année 2014, se sont plus de 70 projets qui ont été financé par ce circuit de financement au Maroc avec un montant global dépassant 2,2 millions de dirhams. Bien que la plupart des campagnes de collecte des 117 projets dénombrés par l’étude de smala & co n’aient pas été lancé au royaume, le taux de réussite globale de ces dernières a été de 60%. Les figures 3, 4, 5 et 6 montrent les pays de lancement des campagnes de financement de projets au Maroc par crowdfunding, le montant moyen collecté par campagne, l’évolution des fonds collectés entre 2010 et 2014 ainsi que la provenance des fonds.

2.1.2 Facteurs d’évolution du Crowdfunding au Maroc
Bien que les chiffres actuels soient assez modestes par rapport à d’autres pays, il faut dire que les spécialistes sont assez optimistes quand au développement de ce mode de financement dans le royaume. Ainsi selon l’étude de marché établie par la plateforme « smala & co », qui tient compte du lancement des deux plateformes actuellement opérationnelles au Maroc et du taux de croissance accusé par ce secteur, le marché du crowdfunding au Maroc
pourrait dépasser 10 Millions de dirhams en 2016.
Bien que les professionnels du secteur au Maroc sont assez confiant quand à l’évolution du crowdfunding, il faut dire que l’essor de ce mode de financement est assez lié à un ensemble de facteurs qui contribuent à son développement. Ces facteurs sont aussi bien culturels et sociaux que technologiques. 
  • Facteurs culturels et sociaux de développement du crowdfunding au Maroc
Bien que le crowdfunding est dans une phase embryonnaire au Maroc, plusieurs spécialistes s’accordent à dire que ce dernier connaitra un essor radieux dans le royaume.  Pour ces derniers, la culture du pays, marquée par la générosité de ces citoyens, est un facteur important du développement du crowdfunding.  Ainsi, le Maroc a été classé sixième peuple le plus généreux dans le monde selon l’indice mondial de la générosité "World Giving Index" publié par  de l’Association britannique Charities Aid Foundation.  
Aussi, l’attachement des marocains aux principes de l’islam, principale religion dans le pays, qui prône pour l’entraide collective est un facteur qui peut aider au développement du crowdfunding au Maroc. Ce constat a été signalé par Sherwood Neiss et Jason Best, tous deux directeurs du cabinet de conseil spécialisée dans l'investissement par crowdfunding « crowdfund Capital Advisors ». Ces derniers ont  parlé d'une nouvelle tendance dans le démarrage et la croissance du mode de financement appelé crowdfunding. Ils ont mentionné que ce dernier se base certains principes de la finance islamique et que les nations musulmanes peuvent bénéficier de la construction d'une « charia crowdfunding ». Un tel système pourrait bâtir des relations solides entre les peuples, promouvoir la distribution des richesses et encourager le partage des risques dans les transactions économiques.
  • Facteurs technologiques du développement du crowdfunding au Maroc
Au Maroc comme partout dans le monde, le crowdfunding dans sa forme actuelle a largement bénéficié du développement technologique. A ce niveau, trois points ont joué un rôle essentiel dans l’émergence et l’évolution de cette forme de financement. Il s’agit de l’amplification de l’usage de l’internet comme moyen de communication, du développement du web 2.0 ainsi que des moyens de paiements électroniques.
Ainsi, le développement de l’internet au royaume a permit l’accès à l’information à une large panoplie de personnes. De ce fait, les porteurs de projet peuvent grâce à ce moyen de communication mener des campagnes de collecte de fonds qui peuvent toucher des millions de personnes.
A côté du développement de l’internet, l’apparition et l’utilisation de plus en plus de la technologie web 2.0 au Maroc comme partout dans le monde a aussi contribué au développement du crowdfunding. En effet, l’émergence du web 2.0 a révolutionné la pratique du financement par la foule en permettant aux internautes porteurs de projets de créer eux-mêmes du contenu et de mener des campagnes de soutien de leurs projets sans recourir à des moyens publicitaires couteux. Ainsi, grâce à cette technologie, le porteur de projet devient un acteur de l’information et son effort dans les réseaux sociaux par exemple qui se basent sur cette technologie peut largement contribuer à la réussite de sa campagne de collecte de fonds.
Aussi, l’usage de plus en plus des moyens de paiements électroniques tels que les cartes de crédit et les virements par internet ont aussi participé au développement du crowdfunding. Grace à ces moyens, le transfert de fonds est plus facile, moins couteux et assez bien sécurisé. De ce fait, les donateurs n’ont plus à se déplacer et avec un simple clic leur donation est est ainsi réalisée et validée.
  • Facteurs liés aux spécificités et aux préoccupations de l’entrepreneuriat au maroc
Le Maroc est un pays en voie de développement qui connait une croissance assez modeste de son économie. Pour pouvoir booster cette dernière, les créations d’entreprises innovantes et à potentiel technologique élevés sont de plus en plus nécessaires pour l’économie du pays. Vu que ces créations sont liées à l’innovation, les moyens de financement classiques ne peuvent assurer cette tache, d’où l’utilité du crowdfunding pour ce type d’entreprises.
En effet, dans une étude assez récente que nous avons effectuée auprès d’un échantillon de 38 cyberentrepreneurs PME  de la région nord du Maroc auprès desquels nous avons administré un questionnaire, nous avons remarqué d’une part que le volet le plus important pour ces derniers reste le financement et le volet financier du projet. Subséquemment, sur les 38 cyberentrepreneurs étudiés, le volet financier est celui qui a suscité le plus de préoccupation et d’intérêt (63,29%), suivi du volet commercial (31,6%) et du volet technique (26,3%). Alors que le volet technique et celui administratif et juridique n’ont pas représenté de véritables soucis, ils ont été classés respectivement en 4ème rang (10,5%) et 5ème rang (5,3%).  D’autre part, nous avons constaté aussi d’après les critères de préférence d’emplois et du comportement vis-à-vis du risque que 71,1% de ces entrepreneurs enquêtés ont une aversion assez importante vis-à-vis du risque. Ainsi, on peut dire que le profil de ces entrepreneurs marqué par une assez importante aversion du risque fait du crowdfunding un mode de financement idéale pour ces derniers. 
2.2 PLATEFORMES ACTIVES DU CROWDFUNDING AU MAROC
Avec l’émergence au Maroc d’une jeunesse créative et innovante mettant en place de nouveaux projets, le besoin en matière d’alternatives aux circuits de financement traditionnels s’est montré dans le royaume. Ainsi l’année 2014 a vu la fondation de deux plateformes dédiées au financement participatif, notamment la plateforme « atadamone » et la plateforme « smala & co ». Bien qu’à ce jour on dénombre seulement ces deux plateformes qui sont actives au royaume, ces dernières ont pu financer des dizaines de projets. Il faut cependant mentionner que ces projets n’ont pas eu tous le même succès.   
2.2.1 Plateforme « Atadamone »
Il s’agit d’une plateforme  crée à l’initiative de deux cadres Marocains résidant en France. Selon ces dirigeants Khalid Farrahe et Jamal Aatif, la plateforme « Atadamone » a nécessité  plus d’un an de recherche et de préparation et vise à mettre en place un outil de financement participatif pour les projets marocains et africains. Ces projets peuvent être dans plusieurs domaines tels que les nouvelles technologies, la recherche scientifique, les projets touristiques, solidaires et artistiques…  Ainsi, avec cette plateforme, des projets qui ne pouvaient se financer par les circuits traditionnels peuvent voir le jour. Les fondateurs de cette plateforme estiment que les marocains aussi bien résidents dans le royaume qu’à l’étranger seront réceptifs aux projets véhiculés par cette dernière.         
En matière de projets financés, la plateforme compte trois catégories, à savoir les projets business, sciences et musique. Les projets business comprennent des projets de création d’entreprises, ou d’associations à caractère commercial qui ont un aspect novateur et bénéfique. Les projets sciences sont des projets qui revêtent un caractère scientifique. Il s’agit notamment d’organisation de journées d’études, de colloques… Enfin, les projets musique sont des  projets en relation avec le domaine musical.
En matière de fonctionnement, la sélection des projets se fait après la proposition des soumissionnaires de leur projet qu’ils souhaitent financer par la foule. Avant de soumissionner leurs projets, ces derniers sont invités par les administrateurs de la plateforme « atadamone »  à bien les étudier. En effet, pour être accepté, un certain nombre de critères doivent figurer dans le projet. Subséquemment, ce dernier est appelé à être tangible, à intéresser la foule, à retenir son attention ainsi qu’à être simple à présenter.    
Les projets acceptés par la direction de la plateforme sont de ce fait présentés au publique via le site internet atadamone.mipise.com. Les contributeurs intéressés par ces derniers peuvent ainsi y contribuer via internet par une simple transaction de paiement par carte bancaire ou par virement. Ces fonds collectés sont cantonnés dans un compte de paiement qui va se solder après la fin de la campagne soit par le versement de ces fonds au porteur du projet si la campagne est réussie  ou par le remboursement des fonds collectés aux donateurs sans frais si le projet n’atteint pas son objectif. Dans le cas où le projet est non remboursable, les contributions restent définitivement acquises au porteur de ce dernier vu qu’il n’y a aucune condition de succès de la campagne. Il est à signaler que le porteur de projet peut prévoir des avantages pour les donateurs. Il s’agit ainsi d’un moyen de les inciter à participer à la campagne de collecte et de leur fournir un sentiment d’attribution du projet. Pour fonctionner, le contrat conclu entre Atadamone et le porteur de projet prévoit une rémunération de la plateforme pour le service mis à sa disposition.
2.2.2 Plateforme « Smala & co »
Il s’agit d’une plateforme de Crowdfunding binationale maroco-française. Créé en 2014, « smala & co » vise principalement à aider les statups et les entrepreneurs culturels à démarrer leurs projets en leurs fournissant un moyen de financement qui s’éloigne des circuits traditionnels. En effet, avec l’assèchement des liquidités et l’accès de plus en plus difficile des porteurs de projets innovants aux financements, la plateforme « smala & co » cherche à remédier à ce problème et à offrir aux porteurs de projets numériques, artistiques, culturels, écologiques et solidaires, la chance de les réaliser. Ainsi, avec son système de paiement en ligne sécurisé, les donateurs intéressés par un projet peuvent offrir leur contribution à ce dernier via le site de la plateforme. Subséquemment, des critères d'innovations, d'impacts sociaux, écologiques, artistiques et culturels sont utilisés par la direction du site dans le choix des projets à présenter au publique.
Pour utiliser la plateforme « Smala & co », le porteur de projet commence par soumettre ce dernier à la direction du site via le renseignement d’un formulaire de proposition de projet. Ce dernier contient la description du projet, la somme nécessaire à sa réalisation, les contreparties et quelques liens vers les sites, pages des fans ou articles s’y apportant. Après cette étable, commence l’étude du projet soumis par l’équipe de la plateforme « Smala & co » sur la base des critères d'innovations, d'impacts sociaux, écologiques, artistiques et culturels, d’absence de connotations politiques ou religieuses. A part ces critères, l’équipe « smala & co » s’assure aussi de la fiabilité du projet ainsi que des personnes chargées de sa création. Toutefois, certains projets proposés sont encore naissants et donc leur viabilité n’est pas encore assurée. Suite à la décision de l’équipe chargée de l’étude des projets, l’acceptation ou le rejet de ce dernier est signalé au porteur. Dans le cas ou le projet est accepté, il est intégré dans un incubateur dans l’attente d’avoir le soutien de 5 proches. Cette phase accomplie, le projet est  publié dans le site de la plateforme smalaandco.com et la campagne de collecte est lancée. Suite à l’arrivée à échéance et le succès de cette dernière, le porteur reçoit les sommes collectés après prélèvement des commissions sur les contributions qui s’élèvent à 6% et refacturation des frais monétiques. Dans le cas ou la campagne n’aboutit pas, les donations sont restituées aux donateurs. Dans le cas contraire, le donateur reçoit un email lui notifiant l’acceptation de son soutien. Il peut aussi recevoir des récompenses à l’issue d’une collecte réussie. Bien que ces dernières ne soient pas obligatoires, elles sont fortement recommandées et souhaitées par l’équipe de la plateforme « Smala & co ». En effet, la plateforme estime que ce geste fait généralement plaisir aux donateurs et permet de les fidéliser
BARRIÈRES AU DÉVELOPPEMENT DU CROWDFUNDING AU MAROC
Bien que Le financement de projets par le crowdfunding soit une pratique qui devient de plus en plus connu par les jeunes et ambitieux entrepreneurs marocains, plusieurs barrières entravent son expansion dans le royaume. Ces barrières sont aussi bien d’ordre législatif que financier.
 3.1 Barrières législatives du développement du crowdfunding au Maroc
Bien que le crowdfunding est une réalité en développement au Maroc, la législation du royaume n’a pas encore créé un cadre législatif et réglementaire adapté à ce circuit de financement. En l’absence de ce cadre, le crowdfunding sur le territoire marocain reste régit par la Circulaire n°2/2005 relative aux conditions et procédures d’instruction des demandes d’appel à la générosité publique. Cette dernière reste cependant longue et inadaptée aux exigences et au développement de ce nouveau mode de financement. En effet, la lourdeur administrative stipulée par cette circulaire ne peut convenir aux porteurs de projets qui demandent un financement par crowdfunding nécessitant un processus simple et fluide.
Ainsi, pour contrecarrer ce problème, les deux principaux sites de crowdfunding destinés au Maroc se sont installés en France qui a adopté en 2014 l’Ordonnance n° 2014-559 du 30 mai 2014 relative au financement participatif. De ce fait, les porteurs de projet utilisant les plateformes « atadamone » et « smala & co » rentrent dans le cadre de la réglementation française en la matière. Cette dernière considère ces plateformes comme des intermédiaires en financement participatif et fait bénéficier les projets à financer par crowdfunding d’un ensemble de dispositions souples et adéquates.
3.2 Barrières relatives au manque de viabilité financière
Bien que les fonds collectés par crowdfunding deviennent de plus en plus importants au Maroc, le business model des plateformes actuellement en place n’est pas assez intéressant d’un point de vue financier pour un entrepreneur. En effet, ces dernières  sont essentiellement des « marketplace » qui font le lien entre une demande et une offre moyennant des commissions qui n’excèdent pas 6% des fonds collectés. Ce taux de commission qui est assez élevé reste limité par les dépenses nécessaires pour obtenir un utilisateur effectif ainsi que les frais de transactions qui sont relativement élevés au Maroc. D’un autre côté, ces plateformes ne peuvent proposer qu’un nombre limité de projets à financer de peur d’avoir trop d’offre et de ce fait l’échec des campagnes de collectes de fonds.
3.3 Le manque de confiance des parties prenantes
L’un des principaux défis spécifiques dont fait face les services le financement par crowdfunding au Maroc comme partout dans le monde reste le manque de confiance en  les parties prenantes. En effet, avec la multiplication des arnaques utilisant l’internet, les donateurs sont assez méfiant des porteurs de projet ainsi que des plateformes qui font office d’intermédiaire entre ces derniers et les donateurs. Aussi,  en cas de problèmes, il est assez difficile de recourir aux institutions judiciaires ainsi que d’inscrire une police d’assurance qui peut aider à assoir un climat de confiance et de sécurité entre les parties.
CONCLUSION
Le crowdfunding a connu un essor sans précédent, lié surtout à l’apparition d’internet et des divers progrès technologiques et de communications révolutionnaires. Ce mode de financement a ainsi concerné plus ou moins tous les secteurs, ce qui a facilité le recours à un tel circuit de financement pour un nombre très important des projets. De ce fait, et si l’on analyse de près les influences qu’ont eues lieu sur l’économie mondiale, le crowdfunding a contribué à bannir les procédures et documents administratifs qui rigidifient la mise en place des projets. Il a ainsi permis aux promoteurs d'idées de libérer leur créativité, ce qui a mis en marche divers projets sans pour autant avoir le consentement des banques qui demandent des garanties souvent inconcevables, avec des taux d’intérêts qui frôlent les nuages. Le crowdfunding a aussi fait en sorte que la communication devienne plus accessible entre un nombre infini d’experts qui peuvent contribuer au développement de projets innovants ainsi que d’avoir le feedback à la minute près des collaborateurs. Ce qui caractérise également le crowdfunding est l’absence totale de risque supporté par l’investisseur, puisque celui-ci n’a plus ou moins rien à perdre compte tenu des opportunités qui s’offrent à lui tout en lui permettant de suivre son profil de façon régulière. Ainsi, ce mode de financement qui prend de l'ampleur au fil des années reste aujourd'hui le principal concurrent des banques.
Au Maroc, bien que les campagnes de crowdfunding se soient largement développées durant les quatre dernières années, la quasi majorité de ces dernières ont été lancées dans d’autre pays vu l’absence de réglementation marocaine relative à ce mode de financement. Cette absence de cadre réglementaire a  aussi contraint les deux plateformes d’intermédiation en la matière récemment actives à s’installer en France, pays qui dispose d’un cadre légale adaptée à ce mode de financement. Aussi, le manque  de rentabilité du business model  ainsi que de confiance des parties prenantes entravent le développement du crowdfunding au Maroc. 
Pour remédier à ces problèmes certaines solutions peuvent aider les plateformes actuelles à se développer ainsi qu’à se pérenniser. Ainsi, les autorités marocaines sont appelées à mettre en place un cadre réglementaire adéquat à ce mode de financement afin de convaincre les plateformes actuelles à s’installer dans le pays. D’un autre coté, ces plateformes doivent se trouver des porteurs de projet qui ont des assises financières assez solide ainsi qu’une notoriété inspirant la confiance des donateurs afin de palier au problème de manque de confiance.  De plus, vu que les difficultés techniques liées à la création de ces plateformes sont assez faibles et que les investissements initiaux ont déjà été supporté par les plateformes actuelles, il est primordiale aujourd’hui que l’intermédiation en crowdfunding concerne une panoplie de pays de la région et non pas seulement le Maroc. Cette expansion régionale est une mesure nécessaire pour réaliser un important volume et de ce fait améliorer la rentabilité de ces plateformes.