Contrôle de gestion et structure organisationnelle





Traditionnellement, le contrôle de gestion permet de régir les relations entre le supérieur et son subordonné : il s’inscrit dans une lecture verticale des structures organisationnelles. Il repose alors sur trois principes fondamentaux : le principe de responsabilité, le principe de contrôlabilité et le principe d’exhaustivité.

Cependant, depuis une dizaine d’années, cette vision « classique » du contrôle de gestion est remise en cause par l’apparition du management de la performance qui repose sur une lecture plutôt horizontale des structures de l’organisation : la responsabilité des centres auparavant individuelle  devient collective, des critères qualitatifs émergent et la gestion de la performance se base sur la gestion de processus ou de projets.

            C’est ce changement de perspective que retrace cette partie.

1- Contrôle de gestion et structure organisationnelle          verticale ou classique


A.    La notion de centre de responsabilité
           
            Un centre de responsabilité est un sous ensemble de l’entreprise, correspondant à la structure de celle-ci et qui possède :
-          une délégation réelle d’autorité assortie de moyens humains, financiers et matériels
-          pour atteindre des objectifs quantifiés et datés,
-          dont on procède à un suivi périodique à travers un contrôle budgétaire, un reporting.

a)      Ses principes fondamentaux

            Le principe de délégation et les centres de responsabilité reposent sur l’idée que la délégation d’autorité va davantage responsabiliser et motiver le personnel au sein d’une entreprise. Cette structure organisationnelle permettrait une prise de décision au plus près du terrain. Le risque est cependant que les intérêts de chaque centre soient privilégiés au dépit de l’intérêt de l’entreprise dans son ensemble.

            Les principes qui gouvernent cette structure sont :
-          le principe gigogne de responsabilité : le subordonné reçoit des moyens et un pouvoir de son supérieur hiérarchique en contrepartie de l’engagement d’atteindre certains objectifs. Il n’y a pas de fuite de responsabilité entre les niveaux hiérarchique : au contraire, elle se démultiplie.
-          le principe de contrôlabilité : le centre de responsabilité ne sera évalué que sur des éléments dont il a la maîtrise. Dans la pratique, ce principe est souvent bafoué.
-          le principe d’exhaustivité : il consiste à s’assurer que au moins un manager est responsabilisé pour chacun des critères financiers dont la somme aboutit au compte de résultat et au bilan.

           
b)     Typologie des centres de responsabilité

            Les centres de responsabilité sont classés en fonction de leur action sur les éléments du bilan et du compte de résultat. On distingue :

·         Les centres de coût :
-          les centres de coût productifs : leurs coûts sont estimés facilement par rapport à un volume de production donné car ils sont en relation directe avec le processus de production. Il s’agit par exemple d’usines ou d’ateliers. Les instruments de contrôle de gestion utilisés sont classiques : mesures de quantités, qualité produite, coût standard…
-          les centres de coûts discrétionnaires : il s’agit de centres pour lesquels il est difficile d’établir une relation entre le niveau des coûts et la mesure de leur prestation. C’est le cas de des activités comme l’informatique, les ressources humaines, la comptabilité, le marketing… Il en résulte un problème de contrôle et d’évaluation de ces centres.

·         Les centres de revenus : ils sont plutôt rares. Ils maîtrisent uniquement le chiffre d’affaire ou le volume des ventes. Leur objectif est l’atteinte d’un certain volume de vente.
·         Les centres de profit : ils correspondent au premier niveau de réelle délégation puisque c’est ici qu’apparaît des arbitrages et des décisions pour jouer sur le niveau des coûts. Ils correspondent par exemple aux directions, divisions qui regroupent fabrication et commercialisation. Leur objectif est la réalisation d’une marge.
·         Les centres d’investissements : Ce sont des centres de profit qui maîtrisent des actifs économiques. Les deux critères utilisés pour mesurer leur performance sont le retour sur investissement (ROI) ou le bénéfice résiduel.

    ROI= B/A = Bénéfices/Actifs employés
 





c)      Le problème de la cohérence du système de contrôle de gestion

            Afin d’assurer la cohérence du système de contrôle de gestion lors de la mise en place d’une structure en centre de responsabilité, la nature et les objectifs des centres doivent être en cohérence avec :
-          leur champ d’action
-          les critères d’évaluation de la performance définis pour ce centre
-          les règles qui gouvernent les achats et transactions internes et les prix de cession internes 

      Exemple : Un service informatique pourrait être un centre de coût. Ses objectifs porteraient sur son coût, la qualité et la fiabilité des données. S’il est mis en concurrence avec un prestataire extérieur, il va devoir dégager une rentabilité suffisante pour subsister. Il devient alors un centre de profit et son objectif premier est la rentabilité.
Le plus important n’est pas le choix de la nature du centre de responsabilité (qui reste politique) mais bien la cohérence de ce choix avec son degré d’autonomie, son pouvoir de décision et les critères d’évaluation de la performance.

d)     Les critères financiers d’évaluation de la performance

Le système de mesure de la performance de la structure organisationnelle classique repose essentiellement sur des critères financiers et en particulier sur le B/A (ou ROI). Celui-ci pose pourtant un certain nombre de problèmes.
Tout d’abord, il apparaît complexe à calculer en raison de la difficile mesure du bénéfice et de l’actif. De nombreuses questions sont à résoudre lors de leur calcul : comment répartir les coûts du siège ? Quelle méthode comptable utiliser concernant les amortissements par exemple ? Faut-il utiliser l’actif en valeur nette, brute ou de remplacement ? Etc.…
Ensuite, l’utilisation du B/A comme critère unique de mesure de la performance a des limites. Trop synthétique, il reste abstrait et peu parlant. Plus grave, il peut cacher la dégradation d’autres indicateurs et induire des réflexes individualistes et de court terme de la part des responsables. Enfin, les projets de recherche, de développement, d’innovation technologique sont difficiles à traduire et à justifier dans le B/A.



B. Les échanges entre centres de responsabilité basés sur       l’établissement d’un prix de cession interne

a)      Définition et objectifs des prix de cession internes

            Un prix de cession interne (PCI) est la valeur à laquelle un bien ou un service est cédé entre deux entités d’une même entreprise.
            Un système de prix de cession interne est l’ensemble des règles de valorisation des échanges adopté par une firme. C’est un mode de réintroduction du marché dans l’entreprise. La mise en œuvre d’un système de PCI consiste au premier abord à répartir le résultat global entre centres de responsabilité. Mais c’est également un moyen de responsabilisation. Par exemple, dans le cas d’un centre de coût, la facturation des prestations doit inciter à réduire les dépenses.
            Les objectifs d’un système de PCI :
-          déléguer la prise de décision
-          tout en préservant l’intérêt économique global de l’entreprise
-          mesurer la performance des centres de responsabilité
            Cependant, le système de PCI peut poser deux problèmes :
-          il peut aboutir à l’établissement de rentes de situation au profit de certaines divisions
-          l’intérêt à court terme d’une unité peut aller à l’encontre de ceux de l’entreprise.

b)     Les deux logiques régissant le choix des prix de cession interne

 La logique de la relation client-fournisseur est à la base de la valorisation des transferts. Elle créé à l’intérieur même de l’entreprise, une relation de marché comme une autre.
     
 La relation client-fournisseur entre centre de responsabilité

Il existe deux façons d’approcher la relation client-fournisseur :

·  La logique d’intégration : 
Ø  L’entreprise est le seul lieu d’échange
Ø  L’enjeu pour chaque unité est la maîtrise des coûts
Ø  La facturation interne est basée sur le coût
· La logique de marché :
Ø  Chaque entité de l’entreprise est libre de s’approvisionner en interne ou sur un marché
Ø  Toute entité est centre de profit
Ø  La facturation interne est basée sur le prix du marché

c)      Les méthodes de valorisation

Il s’agit du choix entre une logique de coût et la référence au marché.

1)      La valorisation au coût standard (logique d’intégration)

            On peut utiliser le coût standard variable ou un coût standard complet de la prestation cédée qui intègre les coûts fixes mais seul le premier est utilisable sans risques.

Avantages du coût standard
Inconvénients du coût standard
· Le fournisseur est responsable du coût réel.
· Le client est responsable des quantités consommées.
· Le système est simple, lisible, rapide.
· Le calcul du coût standard requiert une grande stabilité de l’environnement et du volume d’activité
· Ce système suppose que les coûts du fournisseur sont budgétisables.
· Le standard peut manquer de réalisme par rapport au marché et aux coûts réels.


2)      La valorisation au prix du marché (logique de marché)
           
            Chaque unité est en situation de concurrence car chacun peut vendre ou s’approvisionner sur le marché extérieur. La limite supérieure du PCI est alors le prix pratiqué sur l’ensemble du marché.

Avantages du prix du marché
Inconvénients du prix du marché
· Les protagonistes sont considérés comme des entités autonomes.
· La performance de chacun ne dépend que du centre de responsabilité lui-même et du marché
· Le profit constitue un critère pertinent d’évaluation de la performance.
· La comptabilisation des transactions est considérablement alourdie.
· La présence d’un marché concurrentiel est nécessaire.
· Le système nécessite un arbitrage externe et/ou la mise en place de règles de concurrence.

3)      Autres méthodes de valorisation

·        La gratuité des échanges internes : utilisable lorsque la mise en place d’un système de PCI est trop coûteux mais la gratuité peut mener à des excès.
·        La valorisation au coût comptable réel : ce système de facturation permet de faciliter les procédures comptables mais il ne répond pas à la logique de fonctionnement en centres de responsabilité.
·        Les logiques mélangées : elles ne peuvent concerner que des cas temporaires ou transitoires. Il s’agit par exemple de la situation où le fournisseur est en logique d’intégration et le client en logique de marché.

Synthèse :

Objectifs du système de PCI
Valorisation possible
Coût standard variable
Coût standard complet
Coût réel
Prix du marché
Suivre le résultat comptable


×

Evaluer la responsabilité financière des centres
×


×
Prendre des décisions
×
×
×
×


2- Contrôle de gestion et nouvelles structures                  organisationnelles


            Le contrôle de gestion se base donc sur une vision hiérarchique et verticale de l’organisation dans son approche traditionnelle. Au final, cette forme organisationnelle n’est pas forcément la plus efficace pour piloter et gérer une entreprise. Dans cette partie deux autres formes vont être présentées : la gestion des processus et la gestion par projet.

A.   Le management des activités et des processus

a)      Pourquoi gérer un processus ?

            L’organigramme d’une entreprise ne reflète pas la façon dont le travail est organisé pour produire un bien ou un service. Par exemple, dans un hôpital, un malade hospitalisé dans un service va se rendre à la radiographie, au bloc opératoire, passer dans les services administratifs… La compétitivité d’un entreprise est mesurée par sa capacité à gérer cet ensemble d’activités qui traversent de façon horizontale l’organigramme alors que le contrôle de gestion dans sa vision traditionnelle se focalise sur l’articulation entre les différents niveaux hiérarchiques au sein de chaque fonction.
            La maîtrise de la dimension horizontale, c’est-à-dire la maîtrise de la coordination entre les différents services apparaît nécessaire car c’est en elle que se trouvent les principaux gisements d’amélioration de la firme. La gestion des processus a pour but de réintroduire cette dimension transversale.

b)     Qu’est-ce qu’un processus ?
           
            Bien qu’il n’existe pas de consensus véritable sur sa définition, on peut admettre qu’un processus est un enchaînement d’activités qui concourent à la création d’un bien ou d’un service destiné à un client final ou à d’autres services dans l’entreprise.

Ø  Processus et activités : une activité n’appartient qu’à un seul service alors que le processus peut mettre en cause plusieurs services.

Ø  Processus et projet :

Processus
Projet
· Répétitif
· Continu, permanent
· Des éléments de processus pris isolément peuvent avoir une valeur
· Des outputs multiples
· Unique
· Limité dans le temps
· N’a de valeur que dans son ensemble
· Un seul ouput


c)      Comment contrôler un processus ?

Un processus doit comporter :

·         Un responsable :
            Il est appelé responsable de processus. La création d’une structure de responsabilité horizontale mène souvent à une combinaison avec la structure verticale c'est-à-dire à une structure matricielle qui peut conduire à la domination de la fonction ou des processus.

·         Des objectifs :
            La définition des objectifs part du produit fini, c'est-à-dire du client en remontant les étapes du processus. Il peut exister des conflits entre la fixation des objectifs au niveau horizontal et vertical. Certaines solutions sont envisageables (comme la segmentation des objectifs selon leur nature, l’harmonisation par négociation…) mais aucune n’est pour l’instant parfaite.

·         Un système de mesure de la performance :
            Les pratiques d’évaluation de la performance dépendent de la structure organisationnelle adoptée :
-          Si le processus existe en tant que structure organisationnelle (avec une autorité et un pouvoir) alors le responsable sera jugé sur les objectifs du processus. Il doit obtenir la collaboration des différentes activités.
-          Si  le processus n’est pas doté d’une structure organisationnelle, il sera nécessaire d’utiliser une grille d’évaluation qui inclut des critères économiques mais aussi des critères permettant de mesurer la contribution du service aux procédures.
            De façon générale si on veut contrôler un processus, l’objectif général doit être assorti d’indicateurs qui restent fluctuants car ils sont fonction de l’attente des clients. Ce contrôle peut se limiter à certains points critiques.



B.   Le management par projet

a)      Pourquoi le management par projet ?

·         Raisons économiques :
            Le contexte concurrentiel actuel, qui se base sur un accroissement important de la variable temps dans la compétition d’entreprise, est une des raisons de développement du management par projet. Il permet de mieux            mobiliser les ressources surtout humaines.

·         Raisons organisationnelles :
            Face à une demande de plus en plus flexible, les organisations traditionnelles faites pour la production de biens ou de services en grande quantité ne sont plus adaptées. Cette nouvelle exigence de flexibilité et réactivité implique la coordination de tâches transversales qui peut-être réalisée par le management par projet.

b)     Qu’est-ce qu’un projet ?

·         Tentative de définition :
            Définition anglo-saxonne : un projet est une entreprise dans laquelle des ressources humaines, matérielles et financières sont mises en œuvre de manière nouvelle pour gérer un champ unique de travail, de spécification définies, avec des contraintes de temps et de coût, de manière à aboutir à un changement positif défini par des objectifs quantitatifs et qualitatifs.
            Définition adoptée en France : un projet est une démarche spécifique qui permet de structurer méthodiquement et progressivement une réalité à venir.

·         Nature et caractéristiques d’un projet
-          Il est unique et non répétitif et possède un début et des délais.
-          Il se caractérise par une gestion de temps assortie de la gestion d’une équipe. La difficulté est de faire travailler ensemble des acteurs dont le langage et la culture professionnelle divergent.
Ces caractéristiques diffèrent selon le type de projet considéré.
     
c)      Techniques et typologies du management par projet

·         La méthodologie de gestion de projet :

            La gestion de projet s’articule autour de 8 pôles :

   
  • Projets à vocation économique et projets organisationnels

-          Projets à vocation économique : il s’agit de la mise sur le marché de produits nouveaux, du développement d’activités sur d’autres territoires. Ce sont ceux qui se prêtent le mieux à l’utilisation d’une méthode rigoureuse proche de celle ci-dessus.
-          Projets organisationnels : il s’agit de projets dont il est plus complexe de mesurer la valeur ajoutée et la rentabilité économique (par exemple, la mise en œuvre d’un nouveau système de comptabilité de gestion, le changement des modes de travail…)
            Dans la réalité, aucun projet n’est totalement économique ou organisationnel.





d)     L’évaluation de la performance des projets

            L’évaluation contient deux étapes :
-          En amont, au moment du choix de l’allocation des ressources et dans le suivi et le contrôle de ces choix. Il s’agit de réaliser une évaluation stratégique et économique des projets.
-          En cours de projet, où il sera réalisé un pilotage opérationnel.

Ces deux étapes de l’évaluation pourront tirer profit des nouveaux outils du contrôle de gestion et en particulier de la démarche OVAR.

Le pilotage de la performance : des outils privilégiant l’anticipation et adaptation




L’évolution du contrôle de gestion vers le management de la performance se caractérise par le développement d’outils privilégiant l’anticipation et l’adaptation, tel que la démarche OVAR qui tient en l’espèce un rôle fondamental, s’associant à des outils beaucoup plus classiques comme la gestion budgétaire et le contrôle budgétaire qui reposent sur des critères exclusivement financiers.

1- La démarche OVAR

La démarche OVAR conçue par plusieurs professeurs du groupe HEC tient pour les auteurs une place fondamentale dans la mesure où elle permet :
-          de piloter la performance en déployant la stratégie au quotidien par le biais des axes, cibles, et objectifs dans toute l’entreprise. Elle constitue ainsi une façon de relier la stratégie avec les plans d’actions opérationnels conduit par les responsables et cela dans un dialogue inter hiérarchique et inter fonctionnel ;
-          de supporter la conception des tableaux de bord de l’entreprise, en sélectionnant et en articulant les informations dont on veut assurer le suivi aux différents niveaux de responsabilité.
A.     Les Définitions :

Il est tout d’abord nécessaire de préciser les termes de cette démarche:
-       Objectifs
-       Variable d’action
-       Et enfin les caractéristiques d’un Plan d’action


·        Les objectifs : Les objectifs sont les domaines de résultat où il est essentiel pour l’entreprise d’obtenir un succès et de bonnes performances. Cet objectif fait en général l’objet d’un contrat négocié servant alors de base d’évaluation des performances des responsables.
Il est essentiel que ces objectifs soient en petit nombre, clairement formulés, précis, situés dans le temps, et enfin qu’ils puissent faire l’objet d’une mesure ou au moins d’une évaluation objective.

·         Les Variables d’actions : Elles peuvent se définir comme les éléments critiques dont l’évolution conditionne l’atteinte des objectifs et sur lesquelles le responsable peut exercer une action. Elles sont donc déterminantes sur les résultats. De cette définition découle 2 caractéristiques principales:
Ø  les variables d’actions doivent être peu nombreuse, le responsable devant se concentrer sur le petit nombre de causes qui provoquent l’effet le plus important.
Ø  elles doivent également être maîtrisable par le responsable, cad que le responsable doit avoir la possibilité d’exercer son action pour influer sur la variable. Ainsi par exemple, la météo qui est un facteur déterminant de la récolte pour un agriculteur n’est pas pour autant une variable d’action dans la mesure ou aucune action du responsable n’est bien sur possible.

·        Les Plans d’Actions : En fonction des objectifs et des variables d’action dégagées, les différents responsables vont pouvoir mettre en place leurs plans d’action qui constitue en réalité l’aboutissement et la raison d’être de cette démarche car la variable d’action, si elle nous donne la cause, elle ne nous donne pas pour autant la façon de parvenir aux objectifs.


B. Les étapes de la démarche OVAR :


I Grille objectifs/        1- Analyse stratégique au niveau de la DG
Variables d’action                  ÞDétermination des objectifs de l’entreprise
2- Détermination des variables d’action de l’entreprise
3- Test de cohérence : grille variables d’action/objectifs

II Responsabilités       4- Analyse de la délégation : attribution des responsabilités
                                   5- Grille de niveau (N-1)
                                               ÞDiscussion des objectifs

-       Dans la mise en œuvre pratique, la démarche OVAR commence tout d’abord par une analyse stratégique au niveau de la direction générale, prenant en compte les forces, les faiblesses, les opportunités, les menaces qui vont donner lieu à la détermination des buts puis des objectifs de l’ensemble  de l’organisation ainsi que les variables d’action susceptible de jouer. Þ Construction de la grille OVA, la DG va ainsi pouvoir voir sur quels objectifs les variables d’action ont un impact.

-       Ensuite, il y a une deuxième étape qui est la délégation, c'est-à-dire l’attribution des responsabilités au niveau inférieur où sont développées à leur tour les grilles OVAR. L’attribution de ces responsabilités passe alors par une étape de réflexion sur QUI dans la structure a le plus de maîtrise et de pouvoir d’action sur chaque variable d’action.



Objectif n°1:
Objectif n°2
Objectif n°3
Objectif n°4
DG
Resp.1
Resp.2
Resp.3
VA n°1
X


X

X

VA n°2

X



X
X

VA n°3
X





X

VA n°4


X




X
VA n°5

X



X



C’est ainsi que chaque responsable peut à son niveau concevoir sa grille OVAR. Les grilles des différents niveaux de responsabilités doivent ensuite s’emboîter les unes avec les autres. Les Variables d’Actions du niveau N sont déléguées au niveau N-1 où elles peuvent alors devenir des objectifs.

L’élaboration de ces grilles OVAR permet un dialogue sur les objectifs de l’organisation et sur la mise en cohérence des plans d’action opérationnels de chaque responsable avec ces objectifs.

C.    OVAR et la conception de tableaux de bord :

III Indicateurs                        6- choix des indicateurs pertinents : indicateurs quantitatifs et
                                   Qualitatifs, indicateurs de résultat et d’action
                                   7- Confrontation aux données disponibles

IV Mise en forme       8- Choix de la présentation avec les utilisateurs
des tableaux de bord  9- Test papier tableur, réalisation de maquettes
                                   10- Informatisation

Au-delà de ça, la démarche OVAR peut devenir un véritable outil de pilotage lorsqu’elle est utilisée pour la conception des tableaux de bord, outil essentiel du management de la performance. La démarche OVAR doit alors être complétée par une réflexion sur les indicateurs : l’association des objectifs et des variables d’action à cette réflexion permettra alors de mieux cerner les informations pertinentes pour chaque centre de responsabilité et donc d’en suivre la réalisation.

Au-delà de cette démarche fondamentale de management, le contrôle de gestion a développé historiquement un certain nombre d’outils à la fois pour piloter la performance de façon prévisionnelle et pour suivre celle-ci qu’il convient de développer.

 2- La Gestion prévisionnelle de la performance


En terme d’outil de gestion, la stratégie est formalisée tout d’abord dans le plan stratégique qui est le plus orienté vers l’avenir , pour être ensuite chiffrée dans le plan opérationnel qui est l’outil d’articulation du court terme et du long terme.

A.         Du Plan stratégique au plan d’action à court terme :

  • Il faut tout d’abord une planification : Toute entreprise doit donc déterminer un plan stratégique qui se focalise sur la viabilité de l’entreprise et sa rentabilité à long terme ou moyen terme (ce qui se traduit par la nécessité de développer des activités qui soient porteuses d’avenir, de choisir des investissements ou encore d’adapter les structures de l’entreprise).
Þ La formulation du plan stratégique amène ainsi à examiner les scénarios possibles d’évolution selon le degré de vraisemblance. Il s’agit alors de sélectionner des actions après identification de leurs coûts et de leurs résultats espérés.

  • Ce plan stratégique conduit alors au plan opérationnel qui ajoute le diagnostic à court terme propre à identifier les problèmes à résoudre dans les différents domaines de l’entreprise. Il est classiquement élaboré par centre de responsabilité.
Þ La qualité de ce plan opérationnel dépend alors fondamentalement de la pertinence des scénarios envisagés et de leur réalisme. En effet, la planification se doit de prendre en compte les évolutions majeures qui caractérisent notre époque tel que : les fusions, acquisitions, privatisations, les fluctuations importantes du marché ou encore l’impact des évolutions technologiques. L’utilisation de la démarche OVAR est alors une aide précieuse.

B.         Le Processus budgétaire et les budgets :

Le processus budgétaire se construit sur la base de l’horizon annuel.
- Classiquement, le processus budgétaire  était vu comme un découpage de divers budgets correspondant au découpage de l’entreprise en centre de responsabilité, c’était alors une vision hiérarchique et fonctionnelle de l’entreprise qui prévalait.
- Cependant, cette construction classique du budget était incompatible avec la logique de pilotage de la performance, des approches plus transversales ont donc été développées, permettant désormais de partir de l’éclatement des objectifs au niveau de chaque entité: le budget peur alors se définir comme la traduction concrète, quantitative et essentiellement économique des plans d’actions décidés pour et par un responsable pour l’année à venir, en vue d’atteindre les objectifs qu’il a négociés. Les budgets sont alors fondés sur les objectifs et variables d’action, quantitatif, qualitatif, sur lesquels repose la stratégie d’entreprise.
Les budgets sont le plus souvent déclinés sur la base du mois. En théorie ils sont non révisables puisqu’il s’agit à la fois d’anticipation et engagement. Toutefois, la tendance au réalisme conduit souvent à réviser le budget en cours d’exercice.

 3- Le suivi de la performance financière


On vient de voir que les budgets consacrent la représentation financière des objectifs de l’entreprise et qu’ils constituent un engagement à réaliser ces objectifs. Il est donc légitime d’en suivre les réalisations par rapport aux prévisions, c'est-à-dire les écarts : ce dispositif constitue le contrôle budgétaire et a pendant longtemps été le cœur du contrôle de gestion par les résultats. Aujourd’hui, il s’avère cependant insuffisant dans la mesure où il repose sur une approche uniquement comptable.

A.  Le Calcul des Écarts, préalable au contrôle budgétaire :

Afin d’assurer ce suivi entre Budget et réalisation, il est en effet nécessaire de calculer les écarts. Les auteurs retiennent en l’espèce comme méthode la méthode dite VRP (Volume Rendement Prix) dans la mesure où un budget consiste à prévoir un Volume, un Rendement et un Prix. L’analyse des écarts consiste alors pas à pas, à décomposer la différence constatée entre réalisations et prévisions, entre standard et réel, en écart sur Volume, en écart sur Rendement et en écart sur Prix.
Chaque type d’écart correspond alors à un type de déviation, à une catégorie de « phénomènes perturbateurs » qui ont pu se produire.

Ø  L’écart de Volume : L’écart de Volume rend compte du niveau de l’activité générale de l’entreprise, il permet de savoir si l’entreprise a produit et vendue autant de produits que ce qu’elle avait espérée, et donc si le niveau de production a été suffisant pour couvrir les coûts fixes comme prévu.
Ø  L’écart de rendement ou écart sur la quantité: L’écart de rendement ou écart sur la quantité vise à rendre compte des quantités de ressources consommées par les divers départements chargés de la production, il permet de savoir si les ressources ont été utilisées avec la productivité prévue par le budget.
Ø  L’écart sur le Prix : Enfin, l’écart de Prix vise à rendre compte de l’éventuel dérapage au niveau d’acquisition des ressources, il permet de savoir si la matière première achetée était plus chère ou moins cher que prévu.

B.         Le Contrôle budgétaire :

La logique du contrôle budgétaire va au-delà du calcul des simples écarts dans la mesure où il s’interroge sur les origines des déviations :
·         en terme de responsabilité : qui est responsable ?
·         en terme de pilotage : - Quels sont les produits ou les services concernés ?
 - Quelles sont les causes ?
- Quelles sont les composantes du résultat concernées ?     (CA, charges variables, charges fixes).
Elle permet ainsi à l’entreprise de voir dans l’immédiat si elle progresse vers les objectifs de son échafaudage budgétaire et de réagir aux évènements en temps utile (c’est ce qu’on appelle la gestion par exception). A terme, cela lui permet d’évaluer les performances des acteurs, d’améliorer les bases des prévisions et la qualité des choix stratégiques. Le contrôle budgétaire repose ainsi sur l’animation de réunions périodiques au cours desquelles les managers concernés commentent la situation sur la base des écarts calculés.

Ø  Les écueils du contrôle budgétaire :

Le contrôle budgétaire est un processus dont les dérives peuvent être importantes et dangereuses :
- La lenteur et la complexité du contrôle budgétaire : Le contrôle budgétaire est tout d’abord souvent vu comme un outil lent et complexe dans la mesure où la multiplication des pôles de calcul des écarts aboutit à un ensemble procéduralement lourd, dont les résultats sortent parfois 3 à 4 semaines après la fin de la période ce qui est donc sans grand intérêt du point de vue du pilotage. La présentation est d’ailleurs généralement peu attractive et complexe.
- La fixation de standards : De même, se pose la question insoluble du niveau de référence des standards. Si l’entreprise prend l’orientation comptable comme standard, elle risque d’amener à privilégier le passé plutôt que le futur.
- Le non respect du principe de contrôlabilité : cet outil risque d’attribuer des responsabilités à tort du fait du pointillisme de la méthode. Prenons un exemple, la qualité de la production et même sa productivité  peut dépendre de la qualité des achats ! Une matière première acquise à meilleur marché pour un moindre niveau de qualité n’aura des répercussions financières négative qu’en aval, au niveau des usines. C’est alors uniquement cela qui sera mis en avant par le contrôle budgétaire.

B.   Le reporting

Les auteurs évoquent également un autre type de Management par les chiffres, le Reporting.
Il n’est utilisé que pour les grandes structures et consiste à consolider de niveau à niveau les marges dégagées par chacun des centres de responsabilité. On retrouve alors les mêmes faiblesses que pour le contrôle budgétaire dans la mesure où le Reporting ne repose que sur une vision comptable.

Þ De manière plus globale, on peut dire que, si les résultats économiques et financiers sont nécessaires, ils sont dans le contexte actuel réducteur : la dégradation des résultats financiers est souvent tardive et ne permet pas de comprendre les causes sous jacentes à celles-ci, ni de donner des lignes directrices quant aux actions à entreprendre pour redresser la situation. Cette forme première de suivi reste fondamentale au niveau des actionnaires, mais doit être complétée au niveau opérationnel par des approches privilégiant d’avantage l’anticipation, l’adaptation et une vision plus large de la performance intégrant le suivi de données physiques ou qualitatives. Ces dernières possèdent en effet la particularité d’être plus proche de l’opérationnel, de l’action au quotidien, alors que les données financières possèdent des qualités de synthèse et d’agrégation essentielles lorsque l’on doit avoir une vision d’ensemble d’une activité.
La combinaison de ces 2 logiques peut être faite par le pilotage de la performance.




 4- Le suivi et le pilotage de la performance


Les nouveaux outils utilisés pour le pilotage de la performance doivent avoir 3 caractéristiques :
-       Anticipateurs
-       Explicatifs
-       Orientés vers l’action
Le balanced scorecard et  le tableau de bord, qu’on peut associer ici à la démarche OVAR, tiennent alors une place fondamentale dans cette démarche de suivi et de pilotage de la performance.

A.    Les caractéristiques attendues des nouveaux outils de pilotage :

  • Des outils anticipateurs :
- Ils doivent permettre d’envisager une série de futurs possibles ainsi que leurs conséquences et les actions qui seront prises dans les différents cas de figure. C’est l’usage de la méthode scénario.
- Ils doivent donner une information très en amont  qui permette de détecter des signes annonciateurs bien avant qu’une situation ne se réalise. Ceci de matérialise par le choix d’indicateurs se situant au plus tôt dans le processus, par exemple utiliser le carnet de commande plutôt que chiffre d’affaire encaissé.

  • Le pouvoir explicatif des nouveaux outils : Ils doivent permettre, dans les situations de plus en plus complexe, de mieux cerner les relations de cause à effet. Sans cette compréhension, il est impossible d’agir, de tenter de trouver des réponses adaptées lorsque les indicateurs de pilotage se dégradent. La démarche OVAR s’inscrit dans cette lignée, les variables d’actions correspondent à une recherche des modèles de compréhension des causes. Mais elle n’est pas la seule, la démarche Ishikawa (ou diagramme en arrête de poisson) et le modèle dit ABC (Activity Based Costing) en sont également des exemples types.

  • Des démarches orientées vers l’action : elles doivent offrir une mise en œuvre concrète du déploiement des cibles et des objectifs stratégiques et doivent être proches des plans d’action.

B.    Le tableau de bord :

a)      Spécificités du tableau de bord :

Les tableaux de bord sont considérés comme des nouveaux outils de pilotage dans la mesure où ils permettent d’avoir une information obtenue dans des délais rapides, proche de l’action, capable d’identifier les causes des dérapages (financières, opérationnelles, quantitatives ou qualitatives). Il s’agit du reflet d’une performance multicritères qui fait le lien entre les indicateurs retenus à chaque niveau opérationnel et les objectifs stratégiques de l’organisation.
Un tableau peut résumer les principales caractéristiques des tableaux de bord se différenciant des outils comptables et de suivi traditionnel.
Outils comptables de suivi
Tableaux de bord de gestion
Informations exclusivement financières
Incluent des données non financières voire non quantifiées
Informations produites exclusivement en interne
Possibilité d'inclure des informations extérieures
Contenu "standard" pour tous les responsables
Contenu adapté aux différents responsables
Périodicité en générale mensuelle
Périodicité en fonction des possibilités d'action des responsables
Beaucoup de données, outils détaillés et exhaustifs
Très peu de données, centrées sur les points pertinents, importants, permettant d'agir
Présentations souvent "rébarbatives"
Souci de présentation attrayante et efficace
Longs à analyser
Rapide à lire, percutant
Difficiles à faire évoluer
Léger et évolutif
Lenteur d'obtention de l'information (J+10 à J+25)
Rapidité d'obtention

 Ce tableau fait clairement apparaître l’apport des tableaux de bord de gestion par rapport au contrôle budgétaire et au reporting classique.

b)     La mise en forme du tableau de bord et le choix des indicateurs :

  • Le choix et la qualité des indicateurs :
2 types d’indicateurs sont  nécessaires pour la conception des tableaux de bord :
Ø  Des indicateurs de résultat portant sur les objectifs (ils peuvent alors être nombreux dans la mesure où ce qui importe c’est d’être bien renseigné sur l’évolution de l’entreprise vers les objectifs)
Ø  Des indicateurs d’impact et d’effort portant sur les variables ou les plans d’action (ils seront eux moins nombreux).
-       Les indicateurs d’effort assurent la mise en œuvre ou le suivi des plans d’action
-       Les  indicateurs d’impact indiquent la situation de la variable concernée au moment de la sortie du tableau de bord. Ils permettent de savoir si les efforts qui ont été fait ont servi à quelque chose.
Les qualités requises des indicateurs :
-       Ils doivent être clairs et faciles à interpréter 
-       Ils doivent être fiables c'est-à-dire issus d’une procédure appliquée avec rigueur et sans omission
-       Ils doivent limiter les effets pervers 
-       Tout en mesurant les phénomènes au plus tôt 
-       Enfin, ils doivent être partagés et cohérents d’un tableau de bord à l’autre.

  • Le choix du référentiel
Il faut prévoir ensuite les références des indicateurs choisis. Un indicateur chiffré sans base de comparaison ne sert à rien car il est alors impossible de l’interpréter. Parmi les sources possibles pour les références, on peut citer : le budget, l’objectif ou la référence concurrentielle. En effet, il ne suffit pas d’atteindre les cibles que l’on s’est fixées, il faut faire aussi bien, voire mieux que les autres.

  • La confrontation avec les données disponibles
En effet, il n’est pas tout de chercher les indicateurs les plus pertinents, encore faut-il que les données nécessaires soient disponibles.

  • La présentation maquette des tableaux de bord
Il est nécessaire de privilégier une présentation simple, précise, standard, présentant des graphiques pertinents. Il est également nécessaire d’adapter la fréquence des tableaux de bord en fonction des indicateurs.

C.  Le Balanced Scorecard :

CF Schéma P 160 sur Power Point Balanced Scorecard
L’autre outil présenté permettant ce suivi et ce pilotage de la performance est balanced scorecard. Outil créé dans les années 90 par des professeurs consultants américains R. Kaplan et D. Norton, il permet :
-       de communiquer et de déployer la stratégie
-        de fixer les objectifs opérationnels à chacun
-        bref d’orienter les comportements à travers la responsabilisation, la motivation et l’évaluation, et d’aider au pilotage.
Tout cela est possible dans la mesure où le balanced scorecard repose sur 4 perspectives complémentaires hiérarchisées : les compétences humaines permettent le développement organisationnel et l’amélioration des processus, qui à leur tour contribuent à la satisfaction du client et servent in fine les objectifs financiers de l’entreprise.

La qualité finale de l’outil est alors garantie par l’existence d’indicateurs d’action et de résultats relatifs à chacune de ces 4 dimensions.