Reporting financier et gouvernance des entreprises:
le sens des normes IFRS
Benoît Pigé et Xavier Paper
Editions EMS (Management et Société), février 2006,
145 pages, 14,50€
Le début de la décennie a été marqué par les scandales
comptables et financiers. La discipline comptable, qui jusqu'ici n'intéressait
guère le grand public, s'est brutalement retrouvée sur le devant de la scène,
au milieu d’un cortège de catastrophes économiques: licenciement, fermeture
d'établissements, vente des actifs les plus rentables, appauvrissement des
actionnaires et des retraités actuels ou futurs, etc. La « comptabilité
créative », conçue pour répondre aux attentes des investisseurs financiers
et mettre en évidence la compétence des dirigeants, a bien souvent été liée aux
affaires Enron, Worldcom, Parmalat, Ahold, Vivendi.
La comptabilité, discipline à l’abord souvent rébarbatif,
est subitement apparue comme un outil de création de richesse, ou de
présentation et d'habillage de cette création de richesse. Dans ce monde
moderne où l'apparence prend souvent le pas sur l'existence, et le paraître sur
l'être, la comptabilité devient brutalement un enjeu économique majeur au même
titre que le marketing et l'art de vendre. La comptabilité serait l'art de
vendre la performance économique de l'entreprise.
Les normes internationales tentent de répondre à ces défis.
Elles mettent en avant le « reporting financier », le « rendre
compte », en utilisant les données chiffrées et monétaires. Elles
effectuent, en ce sens, un retour aux sources du mot comptabilité. C’est la
notion de la comptabilité (« être comptable de … ») qui est désormais
mise en avant. Les normes internationales de reporting financier (IFRS) qui
s’inspirent et succèdent aux IAS (les normes comptables internationales)
proposent ainsi, à travers des choix très techniques, de fournir le cadre dans
lequel peut exister une information financière, à la fois compréhensible,
pertinente et comparable.
Ce cadre de normalisation représente une évolution majeure
dans la gouvernance des entreprises cotées car il consacre la possibilité
d'évaluer la pertinence des stratégies décidées et mises en œuvre par les
dirigeants de ces entreprises. La comptabilité apparaît donc, au-delà de
l'enregistrement des transactions, comme l’instrument du « rendu-compte ».
Prioritairement destiné aux actionnaires, aux analystes financiers, aux
investisseurs et au marché financier, cet instrument de communication essentiel
qu’est devenue la comptabilité s'ouvre également aux attentes des autres
parties-prenantes que sont les salariés, les clients et fournisseurs, mais
aussi les collectivités publiques : Etats, régions ou communes
d'implantation. Les IFRS ne se situent pas dans un monde éthéré. La portée des
IFRS n’est pas que théorique et réservée à des penseurs techniques. Les IFRS
contribuent, à leur manière, à alimenter la réflexion sur l'équilibre de la
production économique de richesse et, peut-être aussi, sur les questions de
délocalisation et de mondialisation.
Cet ouvrage s’adresse tant à des spécialistes du domaine financier qu’à
des non-praticiens, désireux d’élargir leur champ de vision par rapport à la
pratique des normes IFRS, et de comprendre les enjeux sous-jacents aux débats
sur l’élaboration et l’application des normes IFRS.
Pour répondre aux attentes de ces deux publics si différents, l’ouvrage
porte en exergue les paragraphes extraits des normes. Le lecteur spécialiste
pourra ainsi se reporter utilement au contenu des normes elles-mêmes, alors que
le non-spécialiste pourra s’en tenir aux analyses des auteurs.
Ainsi, les passages en italique correspondent à des éléments repris
du règlement (CE) n°1725/2003 de la commission du 29 septembre 2003 portant
adoption de certaines normes comptables internationales conformément au
Règlement (CE) n°1606/2002 du Parlement européen et du Conseil. Par contre,
l’ordre des citations et leur arrangement résultent de la seule décision et de
la seule interprétation des auteurs de l’ouvrage.
L’ouvrage est structuré en trois parties. La première partie présente
les principales composantes de la gouvernance des entreprises cotées.
L'importance du reporting financier est mise en évidence. Il s’agit de
souligner l’enjeu et la place des IFRS dans les mécanismes de gouvernance
actuels et à venir (l'impact des IFRS ne paraît pas avoir été pleinement
intégré dans la perspective du contrôle et de l'incitation des dirigeants).
Les deuxième et troisième parties présentent les normes IFRS sous forme
de principes. Ce découpage est donc totalement indépendant de l'ordre de
parution des IFRS. Dix principes majeurs et structurants sont retenus
permettant de passer en revue la plupart des normes comptables internationales.
Ces dix principes ont été regroupés dans les parties 2 et 3 portant
respectivement sur l'appréhension de la diversité des transactions et sur la
perception de l'avenir.
Les deux auteurs Benoît Pigé et Xavier Paper, l’un
universitaire et l’autre professionnel de la comptabilité et de l’audit,
concilient l’approche théorique des normes comptables internationales avec leur
application pratique. Benoît Pigé est Professeur des Universités en Sciences de
Gestion, directeur de l’IAE de Franche-Comté, diplômé expert comptable et
commissaire aux comptes. Xavier Paper est expert comptable et commissaire aux
comptes, spécialiste des missions de passage aux IFRS, ancien rapporteur du
Conseil national de la comptabilité, associé fondateur du cabinet Paper Audit
& Conseil. Les deux auteurs ont partagé des missions communes dans le
domaine de l‘audit de grandes sociétés cotées au sein du même cabinet au début
de leur carrière.
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