Résumé
L’audit
social s’est longtemps inscrit dans un référentiel de performance à dominante
économique, où le « social » est traité soit comme un coût - et
l’audit social se focalise sur l’optimisation de l’allocation de ressources
pour en améliorer l’efficience - soit comme un investissement - et l’audit
social se focalise alors sur la maximisation du retour sur investissement dans
le capital humain. Lorsque ce référentiel s’élargit pour prendre en compte les
attentes des diverses parties prenantes, le « social » est alors
assimilé à tout ce qui peut contribuer au bien-être de l’Humanité
(l’économique, le social « classique », l’environnemental et le
sociétal), et l’audit social se focalise sur les modalités de mise en oeuvre
d’un management socialement responsable. Mais le passage à l’audit social de
troisième génération doit préalablement justifier de sa légitimité à investir
des champs considérés habituellement comme extérieurs à son périmètre
identitaire. La mise en oeuvre d’un audit social global implique de changer le
paradigme de la dissociation Personnes / Entreprise et l’appui sur des
processus d’apprentissage pour passer à une représentation
« globale » d’une entité contractuelle Personnes / Entreprise
légitimant l’extension du référentiel de compétences.
Introduction
Le texte de
présentation de cette Université nous rappelle que l’audit social est
questionné à la fois par « les nouvelles attentes des Etats, des
Organisations et des marchés en matière de développement durable et de
responsabilité sociale et environnementale » et par « les
difficultés de mesure du social dans les entreprises ».
Cette
formulation soulève la question de l’articulation entre l’audit social et le
concept de Responsabilité Sociale de l’Entreprise.
Puisque nous
considérons que l’audit social vise à améliorer la qualité des processus
humains et sociaux qui concourent à la performance de l’entreprise, il semble
effectivement qu’il ne puisse rester indifférent à l’impact des ces processus
sur les principales dimensions de la Société.
Mais
l’élargissement du regard à des perspectives aussi larges pose alors la
question de savoir si l’audit social n’est pas en train de perdre son âme à
s’éloigner ainsi des ses principes fondateurs ?
Le
questionnement initial rappelle aussi implicitement que le « terreau
naturel » de l’audit social est l’entreprise.
Il est
vraisemblable que la prégnance de la recherche de performance dans l’univers de
l’entreprise a joué un rôle dans la genèse de l’audit social, en incitant à
améliorer en permanence le pilotage des processus d’obtention de cette
performance dans tous les domaines, y compris le « social ».
Mais cette
démarche s’est maintenant diffusée dans d’autres Organisations, y compris
celles qui n’interviennent pas sur un marché et qui poursuivent des finalités
d’ordre social / sociétal.
Comment
l’entreprise peut-elle tirer profit des expériences de mise en œuvre de
démarches d’audit social dans de telles Organisations ?
Face à ces
interrogations, nous nous proposons de répondre en deux temps.
La première
partie de cette communication présentera trois étapes majeures dans l’évolution
de l’audit social dans les entreprises, en faisant référence à différentes
approches de la stratégie et de la recherche de compétitivité.
Grâce à cette
mise en perspective, nous montrerons pourquoi il semble logique que l’audit
social élargisse son champ d’investigation aux préoccupations de type RSE.
Afin
d’identifier quelles peuvent être les fondements de cet audit social de
troisième génération, nous nous adopterons un point de vue comparatif en nous
intéressant à d’autres Organisations que l’entreprise, et qui évoluent, elles
aussi, vers une approche globale de leur performance.
Nous
observerons en particulier comment des Organisations ayant par nature une
finalité d’ordre social / sociétal peuvent intégrer la dimension économique
dans leur référentiel de performance, en prenant l’exemple le cas de la Caisse
Régionale d’Assurance Maladie de Bretagne dans son volet « Travail
social », qui a étendu, à l’occasion d’une démarche de certification, son
champ de reporting à des considérations d’ordre économique.
1.
L’audit social et
les finalités de l’entreprise
Si nous
reprenons schématiquement (et donc, que le lecteur nous en pardonne, de façon
réductrice) l’évolution de l’audit social, il nous semble envisageable de
distinguer trois principales étapes, liées elles-mêmes à des visions
spécifiques de la réussite de l’entreprise et de sa compétitivité.
Une première
distinction concerne la nature de la performance de l’entreprise, illustrée par
les écoles de pensée d’un côté de Friedman (1962), qui privilégie une lecture
focalisée sur la dimension « économique » dans laquelle s’inscrivent
les enjeux des propriétaires dans leur fonction d’investisseurs, et de l’autre
par Freeman (1984), qui élargit le référentiel d’évaluation de la performance à
toutes les dimensions dans lesquelles peuvent s’inscrire les enjeux des
propriétaires et des autres acteurs concernés par le fonctionnement de
l’entreprise.
Dans le
référentiel économique, nous distinguerons ensuite deux visions majeures
inspirées classiquement des travaux de Porter (1982, 1986) qui ont structuré
durant ces dernières décennies la plus grande partie des décisions stratégiques
dans les entreprises.
L’audit social
dans une logique de performance « économique »
Une première
école de pensée en matière d’audit social se situe clairement dans la
déclinaison d’une recherche de compétitivité par les prix.
Nous
synthétiserons cette approche autour des caractéristiques suivantes.
Logique dominante
|
Optimiser
l’allocation de ressources
|
Mot clé
|
L’efficience
|
Compétitivité
|
Avoir les prix les plus bas
|
Productivité
|
Réduire le coût de la
main-d’œuvre
|
Rentabilité
|
Avoir les coûts les plus
faibles
|
Création de valeur
|
Faire mieux avec moins
|
Postulat
|
Les
activités durent plus que les Personnes
|
Fig. 1. Les fondements des approches focalisées sur la
recherche d’un avantage concurrentiel par le prix
Dans un tel
contexte, l’audit social se focalise sur les processus qui vont permettre de
maîtriser les structures de coûts, comme par exemple l’évolution de la masse
salariale, de l’absentéisme ou du turn-over.
Il va fortement
s’inspirer des méthodologies développées par le contrôle de gestion
« classique » privilégiant l’analyse des écarts (voir par exemple les
principes fréquemment mobilisés pour mettre en œuvre un « contrôle de
gestion sociale »).
Une deuxième
école de pensée peut être identifiée autour de la recherche de compétitivité
par la diversification.
Reprenons
avec la même présentation qu’au paragraphe précédent les principales
caractéristiques de cette approche.
Logique dominante
|
Modifier la combinaison des ressources
|
Mot clé
|
L’innovation
|
Compétitivité
|
Être le premier sur le marché
|
Productivité
|
Avoir le maximum d’innovations exploitables
|
Rentabilité
|
Dégager de fortes marges en début de cycle de vie du produit
|
Création de valeur
|
Faire autrement
|
Postulat
|
Les Personnes durent plus
que les activités
|
Fig. 2. Les fondements des approches focalisées sur la
recherche d’un avantage concurrentiel par la diversification
Précisons
que, pour simplifier le propos, nous considérerons les stratégies de
spécialisation - qui cumulent la compétitivité par les prix et par la
diversification - comme une variante des stratégies de spécialisation dans la
mesure où, le plus souvent, l’innovation précède l’optimisation de l’allocation
de ressources.
L’audit
social vise ici à accroître la contribution des ressources humaines à la
performance de l’entreprise, en mettant l’accent sur le capital humain de
l’entreprise et la maîtrise des investissements fait pour l’acquisition, la
fidélisation et le développement d’un portefeuille de compétences aligné avec
la stratégie de l’entreprise.
Nous trouvons
par exemple dans cette logique les tentatives de « comptabilité
sociale », les instrument de pilotage d’un « double projet économique
et social » (Danone), ou les démarches de management par les compétences
(à ne pas confondre avec la GPEC).
L’audit social
dans une logique de performance « globale » (économique, sociale,
environnementale, sociétale)
Si nous
reprenons la typologie d’Argyris& Schon (1978), le troisième type de
finalités que peut poursuivre l’audit après avoir cherché à « Faire
mieux », puis « Faire autrement », est logiquement de
« Faire autre chose ».
Nous
retrouvons ici le basculement radical que représente la prise en compte des
attentes des parties prenantes pour déterminer la stratégie de l’entreprise,
même s’il s’agit le plus souvent d’un raisonnement classique de type
« gestion des risques » et non pas de l’apparition d’un nouveau
paradigme de gestion.
Dès lors que
les finalités de l’entreprise s’élargissent à des champs autres qu’économique,
l’audit social se retrouve confronté des objectifs et des pratiques originales
par rapport à celles sur lesquelles il se focalise habituellement, avec une
extension du regard vers des acteurs « partenaires » échappant au
lien salarial, et des périmètres d’impact aux frontières floues.
Pour
identifier clairement cette approche, il pourrait d’ailleurs être judicieux de
passer du terme d’« audit social » à celui d’« audit global »
par analogie avec le concept de « responsabilité globale » de
Pesqueux (2002).
2.
La dynamique
d’élargissement du référentiel de performance – Le cas des organisations à
finalité sociale/sociétale
L’ouverture
des référentiels de performance dans les entreprises à des dimensions autres
qu’économiques a déjà fait l’objet de nombreuses analyses approfondies, même si
leur étude est loin d‘être terminée.
Nous
voudrions essayer d’apporter - modestement- un autre regard sur cette question
de l’élargissement des référentiels en nous intéressant aux Organisations ayant
par nature une finalité d’ordre social / sociétal et qui tentent d’intégrer
dans leur périmètre de performance une dimension économique.
Nous
proposons ici de nous intéresser aux modalités de pilotage du travail social au
sein de Caisse Régionale d’Assurance Maladie de Bretagne, qui présente la
particularité d’être la première CRAM en France à avoir obtenu la certification
ISO 9001:2000 pour son Service Social en 2005.
Rappelons
rapidement quelles sont les principales caractéristiques du travail social.
Il peut être
défini comme « un ensemble très hétérogène regroupant de multiples
activités spécialisées qui tentent de résoudre ou, à tout le moins, de
d’accompagner les problèmes de personnes ou de groupes confrontés à des
difficultés sociales importantes » (Ravon, 2003).
Comme le note
Marchand (2005), les domaines d’intervention des travailleurs sociaux sont
multiples - par exemple la veille sociale pour les situations d’urgence, les
demandes d’aide sociale, l’aide sociale à l’enfance, le soutien éducatif et
psychologique des jeunes en difficulté et de leurs parents- et, de plus, le
travail social s’organise autour d’une multitude d’événements et d’acteurs - un
système d’actions organisées (depuis l’assistance jusqu’à la médiation), de
nombreux professionnels (animateurs, assistants sociaux, éducateurs
spécialisés, etc.), différentes structures (foyers, missions locales, etc.),
des publics variés (personnes handicapées, sans emploi, surendettées,
maltraitées, etc.), avec in fine des interactions qui ne se font pas toujours
sans heurts
La
spécificité des activités d’un service social génère une forte culture de
Métier à partir de Valeurs humanistes affirmées, d’autant plus fortes que le
quotidien des travailleurs leur montre à quel point elles peuvent être
bafouées.
Les outils
d’audit qui permettent d’évaluer si un service social « marche bien »
- le mot « performance » n’ayant pas vraiment droit de cité dans cet
univers - sont donc fortement imprégnés des ces Valeurs et reflètent la
sensibilité des acteurs face à la dimension « souffrance » qui
imprègne leur activité.
Cette
situation se vérifiait jusqu’à ces dernières années au niveau de la CRAM de
Bretagne, où les Directions départementales dépendant d’elle avaient élaboré
des outils de pilotage spécifiques aux contextes locaux.
Afin d’avoir
une meilleure lisibilité de l’activité, et dans la perspective d’une future
certification, la CRAM a demandé aux Directions départementales d’utiliser les
mêmes tableaux de bord afin de pouvoir facilement les consolider, et de
s’intéresser à des dimensions financières dont elle devait rendre compte au
niveau supérieur.
Cette
initiative a provoqué de vives réactions de la part du terrain, les cadres
départementaux se montrant solidaires des travailleurs sociaux pour contester
l’évaluation de leur « performance » au travers d’outils d’audit pas
forcément cohérents avec la vision de leur rôle et donnant une large place à
des indicateurs d’ordre économique et financier.
Les leçons à en
tirer
Comment
analyser une telle réaction ?
Plusieurs
explications peuvent être avancées :
-
tout d’abord, le champ du social / sociétal se caractérise par la grande
une part donnée à l’affect du fait du contexte d’activité souvent très
éprouvant, ce qui peut entraîner des réactions pouvant paraître excessives par
rapport aux données factuelles.
-
ensuite, les nouveaux indicateurs économiques n’ont pas été perçus - au
moins dans un premier temps - comme pertinents par les acteurs locaux pour
améliorer le pilotage de leurs actions,
-
enfin - et c’est peut-être l’explication essentielle - autant la requête
de la Direction régionale pouvait être perçue comme « normale » tant
qu’elle concernait le champ du social / sociétal, autant elle devenait
inacceptable dès lors qu’elle s’intéressait à des dimensions économiques pour
lesquelles son intervention n’allait pas de soi.
A y regarder
de près, nous retrouvons à travers ces trois registres d’explications la
question fondamentale de la légitimité d’une Organisation à positionner ses
finalités dans des registres perçus comme non conforme à son identité.
Nous
retiendrons ici la définition de Mohib et Sonntag (2003) qui voient dans la
légitimité
« une action ou un usage reconnu et autorisé par un groupe, c'est-à-dire un acte qui répond à un certain nombre de règles établies (formelles ou tacites) et qui obtient le pouvoir de s’accomplir ».
« une action ou un usage reconnu et autorisé par un groupe, c'est-à-dire un acte qui répond à un certain nombre de règles établies (formelles ou tacites) et qui obtient le pouvoir de s’accomplir ».
Par rapport à
cette définition, nous pouvons constater que les trois raisons que nous avons
proposées précédemment s’inscrivent dans des registres qui influent bien sur la
légitimité de l’Organisation à modifier la nature des critères servant à
évaluer sa performance.
En effet,
puisque la légitimité se construit sur la reconnaissance et l’autorisation d’un
groupe, celui-ci va :
-
fonder sa décision sur « sa » perception de la situation (cf.
la place de l’affect),
-
évaluer en quoi cette décision répond à ses enjeux (cf. l’absence
d’amélioration du pilotage),
-
vérifier si la décision est bien conforme aux règles établies (cf. la
défiance à l’égard de la dimension économique).
Ce préalable
pour une Organisation à justifier de sa légitimité lorsqu’elle sort de son
référentiel de performance « classique » se rencontre lorsque la
dynamique va dans le sens « social- sociétal » vers
« économique », mais aussi dans le cas inverse quand il s’agit
d’aller de « l’économique » vers le « social - sociétal »
(cas des entreprises).
Or, il est
fréquent que cette étape soit occultée parles entreprises dès lors qu’elles
estiment (naïvement ?) que la conformité éthique de leurs motivations
suffira à entraîner l’adhésion de toutes les parties concernées.
Par exemple,
si nous reprenons le cas du travail social, nous pouvons parfaitement imaginer
qu’une entreprise mette en place des dispositifs d’accompagnement pour des
personnes en difficulté.
Rien ne
prouve que de telles initiatives soient forcément favorablement accueillies
uniquement parce qu’elle fait appel à des Valeurs humanistes (par exemple,
perception par les personnes en difficultés comme un acte paternaliste, voire
méprisant, doutes des intervenants de l’entreprise sur l’intérêt ultime de ces
actions, manque de cohérence entre la pression au travail et les mesures
compensant les dégâts qu’elle génère).
Ces problèmes
risquent de surgir dès lors que l‘entreprise n’aura pas validé préalablement sa
légitimité à investir de tels champs d’action (c’est à dire celui réservé au
travail social) :
-
en veillant à ce que les intéressés ne se sentent pas dévalorisés,
-
en vérifiant qu’il n’existe pas d’options plus efficientes que celles
qu’elle compte mettre en place,
-
en travaillant de concert avec les acteurs se sentant investis d’une
légitimité « naturelle » face à ces questions.
3.
La recherche de
légitimité
La
construction d’une légitimité concerne aussi bien les acteurs internes à
l’entreprise - qui peuvent considérer que celle-ci perd de vue ses finalités –
que les acteurs externes - qui peuvent y voir une ingérence à vocation
totalitaire dans leur « domaine réservé ».
Nous
retrouvons en fait ici la question des paradigmes qui sous-tendent la
représentation de la relation Personnes / entreprise.
L’audit
social de première et de deuxième génération dissocie l’entreprise et les
Personnes en les considérant comme des ressources (l’entreprise « a »
des salariés et des dirigeants).
Cette vision
de l’audit social est fortement inspirée de l’univers comptable, où l’audit
vise à « rendre compte » à des tiers extérieurs à la sphère
d’activité auditée.
La mise en
oeuvre d’un audit social élargi nécessite de concevoir l’entreprise et les
Personnes comme un tout dont les multiples acteurs sont à la fois contributeurs
et récipiendaires (l’entreprise « est » les Personnes qui la
font vivre), car cette identification va en effet se répercuter dans
l’évaluation de la légitimité des actions engagées.
Ce pré-requis
de la légitimité débouche sur la nécessité d’un apprentissage de nouvelles
représentations pour tous les acteurs concernés (internes et externes), et ne
peut être abordé par de simples mesures de type stimulus / réponse.
Il s’agit ici
de penser la situation en considérant les Personnes dans leur globalité, avec
leurs Valeurs, leurs enjeux et leur affect, en travaillant avec les intéressés
à l’identification de zones de convergence d’intérêt pouvant servir de base à
des contrats gagnant - gagnant.
L’audit
social « classique »est apparu dans un contexte construit sur le
paradigme de l’exclusion, qui range un élément dans une entité en excluant
qu’il puisse donc appartenir à une autre.
Si nous
voulons élargir l’audit social à des champs imbriqués, il est nécessaire de
changer de paradigme en nous situant dans une logique inclusive, où chaque
élément peut appartenir à plusieurs entités, et donc contribuer au
fonctionnement d’entités dont il n’est pas le responsable ultime.
Les contrats
qui pourront alors être noués entre les différentes parties n’impliquent pas
qu’elles risquent de perdent leur identité (avec à la clé un déficit de
légitimité), , mais qu’elles poursuivent toujours leur finalités en utilisant
toute les voies offertes, comme le montre par exemple les partenariats entre
entreprises et ONG (Igalens, 2004).
Conclusion
Reprenons
tout d’abord les principaux points de notre analyse :
-
l’audit social peut être envisagé comme un dispositif visant à maîtriser
les modalités de pilotage de la dimension humaine et sociale afin d’améliorer
la compétitivité de l’entreprise et par-là même sa performance,
-
lorsque cette performance est évaluée en
priorité par rapport aux attentes des acteurs de la sphère
financière(actionnaires et autres investisseurs), le « social » est
uniquement de l’ordre des ressources (cf. l’expression « les ressources
humaines »),
-
dans ce cas, le « social » est traité soit comme un coût - et
l’audit social se focalise sur les processus permettant d’optimiser
l’allocation de ressources pour en améliorer l’efficience - soit comme un
investissement - et l’audit social se focalise alors sur la maximisation du
retour sur investissement dans le capital humain,
-
lorsque le référentiel de performance s’élargit pour prendre en compte
les attentes des diverses parties prenantes, la dimension humaine et sociale se
retrouve à la fois de l’ordre des ressources et de l’ordre des finalités,
-
dans ce cas, le « social » est assimilé à tout ce qui peut
contribuer au bien-être de l’Humanité dans les champs de l’économique, du
social (au sens étroit du terme), de l’environnemental et du sociétal, et
l’audit social se focalise alors sur les modalités de mise en oeuvre d’un
management socialement responsable,
-
l’analyse de la dynamique d’élargissement du référentiel de performance à
la dimension économique dans les Organisations à finalités sociales /
sociétales permet de prendre du recul par rapport au contexte de l’entreprise,
-
elle permet de mettre en exergue le fait que toute entité souhaitant
mettre en place un audit social de troisième génération doit préalablement
justifier de sa légitimité à investir des champs considérés habituellement
comme extérieurs à son périmètre identitaire,
-
la mise en oeuvre d’un audit social global implique de changer le
paradigme de la dissociation Personnes / Entreprise et l’appui sur des
processus d’apprentissage pour passer à une représentation
« globale » d’une entité contractuelle Personnes / Entreprise
légitimant l’extension du référentiel de compétences.
L’impératif
de légitimité nous paraît être une des caractéristiques majeures de la mise en
œuvre d’un audit social élargi, qui n’existe pas spécifiquement pour l’audit
social de première et deuxième génération
Si
l’entreprise veut passer à une démarche d’audit social de troisième génération
- « l’audit global »- il faut aussi qu’elle passe à une approche
« globale » des Personnes concernées par son fonctionnement sous
peine de voir ses efforts annihilés par manque de légitimité.
C’est par
l’implication de toutes les parties concernées dans des processus partagés
d’apprentissage de nouvelles représentations que pourra émerger cette reconnaissance
de légitimité.
En
conclusion, et pour reprendre une formule célèbre, « la Responsabilité
Sociale de l’Entreprise est une chose trop sérieuse pour être laissée aux
entreprises »
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