Le contrôle de gestion vise à maîtriser les
activités pour que les résultats attendus soient atteints : la
performance est le véritable objet du contrôle de gestion, qui est
conçu avec les responsables opérationnels afin qu’ils servent leurs besoins.
Le contrôleur de gestion n’est pas
propriétaire de cette démarche qui est l’une des dimensions de la fonction de
manageur : il a seulement pour mission de la faciliter, dans le cadre
d’une véritable culture de mesure et de pilotage au sein de l’administration.
Cette démarche comprend plusieurs étapes
organisées en boucle, notamment :
- Définir
la stratégie, les objectifs, la nature et le niveau la performance
attendue,
- Ajuster
les moyens, définir les plans d’action et mobiliser les ressources,
- Suivre
les réalisations et détecter les besoins de réaction pour assurer
l’atteinte des objectifs,
- Réajuster
les objectifs.
Elle comporte à la fois :
- Un
volet « pilotage », au niveau des services, axé sur le suivi
des réalisations, et correspondant à la mise en œuvre des leviers
d’action.
Ce pilotage est exercé par les responsables
opérationnels sur les activités qui leur sont déléguées, dans le cadre leur
autonomie de gestion.
- Un
volet « reporting », associé au dialogue de gestion entre
les niveaux hiérarchiques, et qui satisfait essentiellement les besoins de
contrôle de l’instance délégante sur les activités déléguées.
Focalisé sur le suivi des réalisations et la
détection des besoins de réaction, le tableau de bord sert d’abord les
besoins de pilotage des services, selon une structure et une
organisation de l’information également cohérentes avec les besoins de
reporting.
1. Définir
Les FINALITÉS des tableaux de bord
1.1 Le tableaux de bord de pilotage
Le tableau de bord est un outil de pilotage
opérationnel conçu pour un responsable, ou plus généralement pour son équipe de
direction, en vue de s’assurer de la réalisation des objectifs de performance,
sur lesquels il est engagé.
En s’inscrivant dans le cadre de la
déclinaison de la stratégie des programmes et de sa traduction en plans
d’action, le tableau de bord doit permettre :
- de
suivre la réalisation des plans d’action : leur avancement et leurs
résultats.
- d’alerter
sur les écarts afin d’engager des actions correctives.
Il est constitué d’indicateurs chiffrés et
généralement de commentaires associés.
- Permettre le
pilotage opérationnel
Pour
être reconnus comme de véritables outils de pilotage par les responsables
auxquels ils sont destinés, les tableaux de bord doivent satisfaire une triple
exigence :
-
Réactivité, en s’appuyant sur des
indicateurs rapidement accessibles et suffisamment en amont dans la chaîne de
causalité (action / résultat).
Cela suppose aussi une réflexion préalable quant aux fréquences de
mesures les plus adaptées, qui peuvent être variables selon les leviers
d’action mis en œuvre.
-
Sélectivité, en s’appuyant sur
un nombre réduit d’indicateurs.
Cela suppose de structurer les informations, afin de limiter le nombre
d’indicateurs par responsable
-
Orientation vers la prise de décision, en s’appuyant
largement sur des indicateurs qui soient proches des opérations (tels que les
indicateurs de mise en œuvre de leviers d’action), et en incluant des
commentaires de gestion (cf. infra).
Cela suppose une représentation claire des relations causales entre les
leviers d’action et les objectifs de performance.
- Décliner la
stratégie des programmes dans les plans d’action
Les plans d’action sont au service de la
stratégie des programmes et le tableau de bord est entièrement focalisé sur
celle-ci, même s’il n’est pas toujours possible de retenir – à l’identique –
l’ensemble des indicateurs de performance définis au niveau des programmes (cf.
infra : soit qu’ils ne sont pas totalement adaptés au niveau déconcentré,
soit qu’ils ne se prêtent pas à un suivi infra annuel, soit qu’ils ne sont pas
suffisamment orientés vers la prise de décision opérationnelle).
- Appréhender la
performance dans son ensemble
Le tableau de bord de pilotage vise à rendre
compte de l’ensemble des résultats dont est redevable le responsable d’unité, dans
son champ de compétence.
1.2 Les tableaux de bord d’activité des
services
(pour mémoire)
Les tableaux de bord d’activité n’ont pas la
même ambition que les tableaux de bord de pilotage : ils ne s’intéressent
pas à des actions structurées et reliées entre elles pour atteindre des
objectifs.
Même s’ils peuvent se rapporter à des objectifs des services, au niveau
desquels ils sont conçus, les outils de suivi des activités se situent rarement
dans le cadre global des objectifs de performance des programmes dont ils
relèvent. Ils peuvent également être porteurs d’incohérences dans les objectifs
poursuivis.
Ils présentent néanmoins l’avantage d’être proches des responsables
opérationnels et de répondre à leurs besoins.
Exemples de tableaux de bord
d’activité :
Pour un service opérationnel : les nombres
d’opérations réalisées, par nature, les moyens affectés et la consommation de
ressources,
Pour la fonction RH : suivi des
activités de la fonction
RH : paye, formation, recrutement, mutations, etc.
Pour un service informatique : les relevés
d’activité de production et de maîtrise d’œuvre, les activités de maintenance,
le suivi d’avancement des projets et les ressources consommées, etc.
Pour la fonction qualité : la mise en
place de conventions et de chartes, de certifications, etc.
Pour le contrôle interne : le suivi des
missions de contrôle, la réalisation des autocontrôles, etc.
1.3 Les tableaux de bord de projet
(pour mémoire)
De
même que le tableau de bord de pilotage, le tableau de bord de projet est
structuré pour atteindre des objectifs. Il s’en distingue cependant par la
prise en compte d’un échéancier (un début, une fin, des jalons) et la
définition de résultats intermédiaires.
L’enchaînement
des actions et leur regroupement en grandes phases répond à une logique propre
au projet, orientée vers la recherche permanente du chemin critique optimum.
La
maîtrise des techniques de pilotage de projet ne relève pas spécifiquement du
domaine d’expertise usuelle du contrôleur de gestion, même s’il doit en
connaître les bases. L’étude des tableaux de bord projet n’est pas abordée dans
la présente note de contrôle de gestion.
2. Mettre
en place les références et les Outils d’analyse
2.1 Définir les objectifs de performance
Le pilotage infra annuel vise à s’assurer de
la réalisation des objectifs de performance des programmes, déclinés dans les
unités selon les modalités détaillées dans la note de cadrage de la première
réunion plénière de contrôle de gestion des programmes (6 juillet 2006)
Les objectifs opérationnels sont ici définis
comme ceux sur lesquels s’engage le responsable d’unité, vis-à-vis de son
responsable de programme, qu’ils contribuent aux objectifs du programme ou
qu’ils soient spécifiques à l’unité.
Ils peuvent être complétés par des objectifs internes
aux unités, en particulier pour s’assurer de la mobilisation et de
l’implication des agents sur des actions d’amélioration décidées par le
responsable d’unité, dans le cadre de ses compétences.
Les objectifs de performance internes
aux unités répondent aux mêmes critères que les objectifs de performance du
programme : ils sont conçus selon une logique de résultat (et non de
moyens).
2.2 Définir
le modèle d’analyse
Maîtriser l’articulation entre, d’une part, les
objectifs de performance (traduisant la vision stratégique du programme)
et, d’autre part, les leviers d’action devant être mis en œuvre (et sur
lesquels porte essentiellement le pilotage infra annuel), est certainement
le point clef pour élaborer des tableaux de bord pertinents.
Différents modèles d’analyse de cette articulation
peuvent être utilisés en fonction des modes de management. Il est cependant
d’usage de distinguer principalement deux modèles de référence, selon que la
démarche s’appuie :
-
soit sur une analyse logique, structurée selon des axes
prédéfinis au niveau du programme, et intégrant les leviers d’action identifiés
sur chaque axe, dans une chaîne causale les reliant aux objectifs de performance (Cf.
annexe : principes d’élaboration de la carte stratégique, introduits par
R. Kaplan et D. Norton - Harvard BS).
-
soit sur une concertation directe entre les
responsables, sur les leviers d’action que chacun doit mettre en oeuvre pour
atteindre les objectifs : cette approche, introduite dans la maquette des
BOP, est proche des méthodes d’élaboration
des tableaux de bord qui, en France, ont fait l’objet
d’approfondissements constants, notamment sous l’égide du groupe HEC (cf.
méthode OVAR).
Les ouvrages les plus récents (cf. bibliographie jointe
en annexe et documentation) présentent les grandes lignes de ces modèles en
soulignant leur convergence.
La
présente note n’a pas pour objet d’en faire une présentation complète, mais
simplement de souligner le rôle du contrôle de gestion des programmes qui doit
coordonner les travaux d’élaboration des tableaux de bord des unités, selon une
démarche d’analyse cohérente de l’articulation entre objectifs et leviers
d’action.
2.3 Identifier les leviers d’action
La présentation des leviers d’action est
indissociable de la mise en place des objectifs de performance : elle les
rend crédibles vis-à-vis de la hiérarchie qui les valide et du personnel dont
ils permettent la mobilisation.
Elle est aussi au cœur de la démarche de
pilotage infra annuel, en assurant le lien entre la présentation des objectifs
de résultat, et la définition des actions qui sont nécessaires à leur
réalisation et sur lesquelles porte le pilotage.
Les leviers d’action, dont la mise en
œuvre est suivie dans les tableaux de bord de pilotage, correspondent aux
éléments les plus significatifs des projets d’amélioration élaborés par les
organisations. Ils peuvent être conçus et conduits :
- au
niveau ministériel ou au niveau des Programmes, notamment dans les «FRM -
feuilles de route de modernisation» ou à partir des audits de modernisation,
- au
niveau local, dans les BOP ou les UO.
Ils figurent dans les BOP, à titre
d’information, en distinguant ceux qui relèvent du niveau du BOP, et, le cas
échéant, ceux qui relèvent de niveaux supérieurs et qui ont un impact
déterminant sur la performance attendue des BOP.
Il appartient aux responsables, à chaque
niveau, de déterminer si les objectifs peuvent être atteints au moyen, par
exemple, de :
-
simples ajustements de processus ou
d’allocation de moyens,
-
méthodes d’amélioration continue
comme, par exemple, le management par la qualité totale des processus
existants (résolution de problème pour réduire puis supprimer les défauts :
retards, défaut de valeur ajoutée, produits défectueux, défaillances globales,
manque de qualification des opérateurs).
-
méthodes d’amélioration discontinue
comme, par exemple, la réingénierie ou les réorganisations.
Au-delà des projets d’amélioration, l’organisation
peut aussi conduire des programmes de transformation qui visent à développer de
nouvelles méthodes de mise en œuvre de processus
Les actions sont la déclinaison directe et
quantifiée des leviers d’action. Leur identification permet de s’assurer que
l’intention d’amélioration sera mise en œuvre et que sa réalisation fera
l’objet d’un suivi précis, le cas échéant dans le cadre d’un plan d’action
spécifique.
La définition des responsabilités de mise en
œuvre
prolonge l’analyse des leviers d’action. Elle permet de structurer les tableaux
de bord par pôle de responsabilité, voire de les emboîter entre niveau
différents.
2.4 Définir les indicateurs du tableau de
bord
Le choix des indicateurs répond à
différents critères de sélection :
-
la fidélité ; c’est à dire bien
refléter le sens et l’importance du phénomène étudié
-
la clarté et le lien avec
l’action ; c’est dire pouvoir être facilement compris
-
le risque de manipulation ;
c'est-à-dire ne pas être facilement manipulable
-
la capacité d’anticipation ;
c'est-à-dire pouvoir alerter avant que les conséquences ne soient
irréversibles, en étant situé en amont, dans la chaîne de causalité
Ils peuvent mesurer, soit des
résultats par rapport à des objectifs de performance, soit la réalisation ou le
degré de mise en œuvre des leviers d’action
Il est important de s’attacher à décliner,
dans les services, les indicateurs de performance des PAP, afin de mobiliser
l’ensemble de la chaîne de responsabilité sur les objectifs collectifs du
programme. Cependant les indicateurs de performance peuvent être mal adaptés
aux besoins du pilotage opérationnel, dès lors qu’ils ne seraient pas
mesurables, en infra annuel, ou qu’ils seraient trop éloignés des opérations
réalisées.
A l’opposé, le suivi de la mise en œuvre des
leviers d’action, dès lors que ceux-ci sont bien corrélés aux objectifs de
performance, peut être mieux adapté aux besoins du pilotage, d’une part du fait
de son caractère infra annuel, et aussi de sa capacité à alerter plus tôt, en
étant plus en amont dans la chaîne de causalité.
Il appartient à la direction, avec l’appui du
contrôle de gestion, de sélectionner les indicateurs adaptés à ses besoins, en
optimisant à la fois : le niveau de proximité avec les objectifs de
performance, l’efficacité pour le pilotage, la limitation du nombre
d’indicateurs.
2.5 Organiser les analyses de gestion
Les commentaires de
gestion
sont rédigés indicateur par indicateur. Ils permettent, dans un contexte donné,
de dépasser le caractère éventuellement imparfait des indicateurs, et de
s’attacher à la réalité de la performance. Elaborés par rapport à des
objectifs, les commentaires de gestion analysent l’écart entre des réalisations,
et des données attendues à la date de la mesure. Ils nécessitent de décliner
dans le temps les valeurs cibles des objectifs et comportent trois niveaux
d’analyse :
- la recherche de l’origine de l’écart (par
exemple : la consommation de telle ressource)
- l’explication de l’écart
identifié (ses causes)
- la mise en perspective de
l’écart (son impact prévisible sur la performance finale).
Les commentaires de synthèse portent sur un
ensemble d’indicateurs (un tableau, ou ensemble de tableaux). Ils attirent
l’attention de la direction sur les éléments majeurs, et sont orientées, si
besoin, vers la prise de décision.
Les notes de pilotage (mensuelles ou
trimestrielles) ont une portée plus générale. Synthèses du tableau de bord,
notamment pour les niveaux supérieurs de direction (ministère, programme),
elles font le point sur la performance attendue et sur les ressources
consommées.
En fonction des modes d’organisation (cf. §
4.3), la rédaction des commentaires est assurée soit :
-
par le contrôle de gestion de l’unité,
-
directement par les divers
responsables opérationnels d’une même unité, (chacun pour les indicateurs
relevant de ses compétences propres).
Dans ce deuxième cas, il appartient au
contrôleur de gestion de l’unité de formuler une synthèse critique sur les
commentaires transmis au responsable de l’unité.
De façon générale, la pertinence des commentaires
de gestion, sur lesquels s’appuie le responsable d’unité, relève de la fonction
de contrôle de gestion, dans sa mission première d’aide au pilotage.
Les commentaires de gestion participent à la
sécurisation des informations de gestion ; à ce titre, ils sont un élément
clef du contrôle interne.
Les commentaires de gestion, de synthèse ou
les notes de pilotage peuvent, ou non, être régulièrement transmis au niveau
hiérarchique supérieur, selon un format prédéterminé.
3. conduire
des projets de conception de tableaux de bord de pilotage
L’organisation et le format du tableau de
bord répondent aux exigences de stabilité et de continuité auxquelles doivent
satisfaire le management et ses modes de pilotage. Sa conception engage la
direction sur plusieurs années, même si des actualisations doivent être régulièrement réalisées, par exemple
pour prendre en compte de nouvelles activités ou des réorganisations majeures, ou
encore pour traduire de nouvelles priorités dans la sélection des indicateurs.
Les travaux de conception du tableau de bord
se conduisent en mode projet ; ils comportent généralement un volet
informatique, non abordé ici.
3.1 Fixer
les orientations
Les unités doivent assumer pleinement la
maîtrise d’ouvrage de leurs tableaux de bord, en fonction de leurs propres
besoins. Cependant, il peut s’avérer nécessaire de préciser des règles et des
orientations communes au niveau des administrations centrales, pour la conduite
des projets de développement et de mise en place des outils de pilotage.
Généralement établies sous l’autorité des
secrétaires généraux ministériels et/ou des DAF, et intégrées dans les chartes
de gestion des programmes, ces orientations peuvent par exemple avoir pour
objectif de :
- assurer
la cohérence des projets avec les principes d’urbanisation des systèmes centraux
d’informations de gestion,
- optimiser les coûts de conception, de développement et
de mise en œuvre, et s’assurer de l’efficacité et de l’efficience des processus
de reporting et de contrôle, notamment dans le cas où plusieurs programmes se
partagent un même réseau de services déconcentrés.
- situer
les outils de chaque programme les uns par rapport aux autres, notamment dans
la mesure où ils ont vocation à partager des indicateurs de performance ou de
plans d’action (par exemple avec des programmes de soutien), voire à
alimenter le tableau de bord ministériel.
De même, au sein de chaque programme, il peut
aussi être nécessaire de cadrer les initiatives attendues de chaque niveau, en
précisant si les projets peuvent être conduits séparément, en parallèle
ou de façon coordonnée (projets des directions centrales, des programmes,
des directions régionales ou départementales, des BOP, des UO).
En première approche, et de façon non
limitative, trois schémas type peuvent être esquissés pour illustrer les
options envisageables :
- un
emboîtement des tableaux de bord (par exemple : Programme / BOP /
UO) : les indicateurs de chaque niveau ont alors vocation à être
partiellement consolidés au niveau supérieur, dans le cadre d’un pilotage
intégré pouvant relever d’une même application informatique (par exemple :
mission travail – emploi, comptabilité publique, etc.)
- des
simples relations d’échanges d’information prédéfinis entre différentes sphères
de pilotage, relevant d’une administration commune, chaque sphère ayant son
système de pilotage propre (par exemple : programmes du ministère de la
défense)
- un
fractionnement total de la démarche de pilotage : chaque BOP élabore son
propre tableau de bord de pilotage infra annuel, sans devoir se coordonner avec
d’autres BOP relevant du même programme
En appui de cette démarche de cadrage
d’ensemble, le contrôle de gestion ministériel évalue les différents schémas
d’architecture envisageables en termes d’efficacité, d’efficience, et de
cohérence avec les modes d’organisation et de management.
3.2 Impliquer
la direction
Les choix majeurs à opérer pour conduire des
projets de conception de tableaux de bord de pilotage sont d’essence
managériale ; ils ne se réduisent pas à leur dimension purement technique.
Même s’il revient au contrôle de gestion de
conduire les projets de conception, à chaque niveau et dans le respect des
orientations fixées au niveau central, l’implication de la direction est
nécessaire à chacune des étapes et plus particulièrement dans les étapes
initiales (cadrage, dossier de conception…), afin de préciser
notamment :
- l’articulation
des responsabilités managériales qui sous-tendent l’organisation de l’outil,
ainsi que, le cas échéant, les chaînes causales ou les cartes stratégiques,
- l’équilibre
entre les différents les types d’indicateurs (réalisation d’objectifs, mise en
œuvre de leviers d’action),
- les
modes de présentation et de mise en perspective des résultats : écart sur
objectif, évolution dans le temps, étalonnage interne et externe, prévisions de
réalisation…
- la
place et la profondeur des commentaires,
- la
fréquence et le contenu des phases de pilotage (mensuel, trimestriel, annuel),
- l’articulation
de l’outil avec le dialogue de gestion.
Accessoirement, la direction peut aussi être
amenée à faire part de ses préférences pour les styles de présentation et de
mise en forme.
3.3 Organiser
le processus de concertation au sein d’une unité
Les processus de concertation sur le contenu
et la forme du tableau de bord sont essentiels pour garantir sa parfaite
appropriation par les responsables opérationnels. Conduits par le contrôle de
gestion, avec l’appui de la direction, ils sont adaptés à chaque entité, et à
la complexité du projet.
Les processus de concertation s’appuient sur
une réflexion préalable, chaque responsable de pôle (service, département,
secteur d’activité, pôle fonctionnel…) étant appelé à formaliser trois
questions type, à partir des objectifs de performance du programme déclinés
au niveau de son unité :
- quels sont les objectifs pour ma propre
fonction ?
- quels moyens sont mis en œuvre pour
atteindre ces objectifs ?
- quels acteurs sont impliqués ?
Inscrites dans une grille
d’analyse matricielle objectifs/actions, les réponses permettent de vérifier la
pertinence des objectifs, l’impact des leviers d’action, et d’approfondir leurs
relations de causalité. Elles permettent aussi de comprendre les logiques de
management de chaque responsable.
La concertation porte principalement sur des
grilles d’analyse de ce type : elle doit précéder la fixation des
indicateurs. Elle permet de confronter les difficultés d’analyse, de mettre en
évidence les points forts qui vont structurer le tableau de bord de l’unité,
d’assurer la cohérence de son pilotage, d’individualiser les responsabilités,
et d’harmoniser les grilles d’analyse.
Ce n’est qu’à l’issue de ce processus, dont
l’ampleur doit bien sûr être adaptée aux enjeux, que chaque participant est
appelé à préciser les schémas de mise en œuvre des actions dont il est
responsable et à sélectionner les indicateurs adaptés.
3.4 Assurer l’emboîtement des tableaux de
bord de pilotage au sein d’une administration (ministère / programmes / BOP /
UO)
Assurer
la cohérence du pilotage, au travers de l’emboîtement des tableaux de bord des
unités
Au sein des administrations, les tableaux de
bord sont conçus par les services pour leurs propres besoins de pilotage.
Cependant, la constitution des Programmes
répondant aux exigences de la LOLF amène à s’assurer, au sein de chaque
Programme, d’une organisation des divers tableaux de bord, sous forme d’un
système, tenant compte des interdépendances entre les plans d’action à chaque
niveau, et permettant d’exercer les contrôles infra annuels adaptés aux
partages de responsabilités et aux modes de management.
L’alignement
des leviers et des plans d’action sur la stratégie des programmes
L’implication des Responsables de Programme
dans l’élaboration des tableaux de bord des BOP est nécessaire pour assurer la
cohérence des outils de reporting.
Au
minimum, les responsables de Programme sont informés, annuellement et dans le
cadre du dialogue de gestion, des leviers d’action mis en œuvre dans les
BOP ; ils veillent à leur alignement sur la stratégie du Programme. Il en
est de même des responsables de BOP par rapport aux UO.
L’alignement vertical des plans d’action sur
la stratégie du programme est généralement doublé par un alignement horizontal
entre les plans d’action des BOP :
- utilisant
des structures communes de soutien : il s’agit alors de s’assurer de la
cohérence des résultats attendus par les BOP, concernant des actions relevant
des processus partagés.
- ou
contribuant par exemple à une même action territoriale coordonnée par le Préfet
L’emboîtement
des tableaux de bord en fonction des responsabilités de mise en oeuvre
Au-delà de la cohérence des objectifs et des
leviers d’action avec la stratégie des programmes, il est aussi nécessaire de
les positionner selon les différents niveaux hiérarchiques (Programme / BOP /
UO et, le cas échéant : direction centrale, régionale…)
L’analyse de cet emboîtement traduit les
définitions des champs de compétence et les modes de collaboration entre les
niveaux. Elle est réalisée dans le cadre d’un processus de concertation,
analogue à ceux qui sont conduits au sein des unités.
Elle est basée essentiellement sur l’analyse
des leviers d’action, et des diverses responsabilités impliquées dans leur mise
en œuvre (ministre, administration centrale, responsable de programme, BOP,
UO…) en distinguant les fonctions opérationnelles, et les fonctions de soutien.
Cette cartographie est régulièrement
documentée et mise à jour par le contrôle de gestion sous l’autorité du
responsable de programme. Elle permet, si nécessaire :
- de
traduire des leviers d’actions de niveau n+1 en objectifs intermédiaires de
niveau n, et vis versa,
- de
s’assurer de l’éclatement des leviers d’action en plusieurs plans d’action ou
types d’actions, attribués à des responsabilités distinctes, entre les
différents niveaux,
- d’identifier
les responsables « chef de file », en cas de responsabilités
partagées,
- de
définir des indicateurs cohérents de suivi, qui seront intégrés, le cas
échéant, dans des tableaux de bord de différents niveaux.
Risques :
- Juxtaposer
d’un côté des indicateurs stratégiques du PAP, et de l’autre des indicateurs de
plans d’action opérationnels, chacun disposant, à son niveau, de son propre
tableau de bord.
Il est important de commencer par la
concertation sur les objectifs, les leviers d’action et leur mise en
œuvre (le choix des indicateurs est second), d’identifier la contribution
de chacun à la réalisation des objectifs du PAP et de rendre lisible cette
contribution à l’ensemble.
Opportunités :
-
Opportunité de dialogue sur les
facteurs de performance, et sur la mise en cohérence de la stratégie avec les
opérations.
-
Favoriser le décloisonnement en
articulant les activités des différents acteurs de la performance, et en
introduisant des indicateurs transversaux, par exemple, et si nécessaire, pour
le pilotage de processus partagés.
4. utiliser
Le tableau de bord, en tant qu’outil décisionnel, de reporting et d’animation
4.1 Formaliser et suivre les décisions prises
En tant qu’outil décisionnel, le tableau de
bord permet d’alerter et d’orienter la direction pour décider d’actions
correctives.
Cependant, et le plus souvent, les leviers
d’action correspondant à ces actions correctives sont déjà intégrés dans le
tableau de bord : il est rare de devoir mettre en œuvre un levier d’action
nouveau, qui remettrait en cause, en cours d’année, l’organisation ou le
contenu du tableau de bord.
Les actions correctives sont le plus souvent
de simples ajustements dans l’importance relative accordée aux leviers d’action
pré identifiés ; en ce sens, elles correspondent plus à des impulsions
managériales, qu’à de véritables plans d’action improvisés en cours d’exercice.
En tout état de cause, il est conseillé de ne pas modifier l’organisation des
tableaux de bord en cours d’exercice, ni d’ailleurs les objectifs opérationnels
et les cibles.
Si besoin, un document annexé au tableau de
bord regroupera les objectifs et engagements complémentaires établis en cours
d’année ; on procédera de même pour les nouveaux plans d’action.
Ces principes généraux ne valent évidemment
pas pour la gouvernance des activités conduites en mode projet : elles
sont dotées d’outils de pilotage appropriés qui, par nature, intègrent le suivi
des décisions de pilotage prises en continu.
4.2 Satisfaire les besoins du reporting infra
annuel
Le
reporting infra annuel de performance est organisé à partir des outils de
pilotage des unités. Il peut avoir diverses finalités :
Le
contrôle des résultats, dans le cadre du dialogue de gestion et en contrepartie
de l’autonomie de gestion.
On doit distinguer le contrôle annuel de
résultat (ou évaluation), des rapports de gestion intermédiaires qui visent à
anticiper les résultats à venir. Des rythmes spécifiques peuvent toutefois être
retenus, en fonction du risque perçu, ou encore pour les Opérateurs.
En cohérence avec les principes d’autonomie
de gestion, le contrôle des services porte essentiellement sur l’atteinte des
objectifs, et s’appuie sur les indicateurs de résultat.
Si les objectifs ne sont pas atteints, le
dialogue porte alors sur l’adéquation des leviers d’action mis en œuvre, par
rapport à la stratégie du programme. En dernier ressort, et si le choix des
leviers d’action n’est pas en cause, le dialogue porte sur la conduite des
plans d’action et sur le détail des actions.
Le pilotage de niveau n, intégrant des résultats
de niveau n-1
Par exemple : le pilotage infra annuel
des Programmes
Les tableaux de bord de pilotage de niveau n
sont en général alimentés, en partie, par des données extraites des tableaux de
bord de niveau n-1
Ce besoin ne saurait remettre en cause
l’autonomie de gestion du niveau n-1 : le contrôle porte avant tout sur le
résultat, mais le rythme en est généralement plus soutenu, pour répondre aux
besoins de pilotage infra annuel propres au niveau n.
Sous l’autorité du responsable de programme,
le contrôle de gestion s’assure de l’efficacité et de l’efficience des
processus de reporting de performance, par rapport aux niveaux inférieurs de pilotage, et en
concertation avec ceux-ci.
Les critères d’efficacité portent notamment
sur les délais de réalisation des reporting, leur fiabilité, leur utilité
réelle, la pertinence des indicateurs et des alertes correspondantes. Les
critères d’efficience portent notamment sur la maîtrise du coût des processus,
rapporté aux enjeux, c'est-à-dire aux risques de non réalisation des objectifs
fixés.
Quelque soit son objet, le reporting infra
annuel ne saurait conduire à analyser au niveau n+1 l’intégralité des
indicateurs de niveau n. Il doit tendre à moduler le contrôle en fonction des
résultats constatés, et aussi en fonction du risque perçu.
4.3 Assurer l’animation des équipes en
fonction des objectifs de performance
L’animation
des équipes de direction
Le tableau de bord est rarement conçu pour un
décideur seul, mais, plus généralement pour une équipe de direction. A ce
titre, c’est déjà, en soi, un outil partagé. En réalité, le format du tableau
de bord et ses processus d’élaboration sont en partie conditionnés par la
composition du comité de direction auquel il est présenté, par ses modes de
travail, et de façon plus générale par les modes de management (hiérarchique,
matriciel, etc.).
En particulier, et lorsque le comité de
direction regroupe plusieurs domaines de responsabilité, il est fréquent que le
tableau de bord comprenne un chapitre de synthèse, et des chapitres
complémentaires relevant de chaque domaine, considéré comme un centre de
responsabilité individualisé doté d’un pilotage autonome. Ces chapitres
complémentaires représentent soit une synthèse, soit de simples extraits des
tableaux de bord des responsables concernés.
Les points clefs concernent :
-
la responsabilité des commentaires de
gestion : le choix entre les diverses options (cf. § 2.5) et leurs
variantes relève du responsable d’unité.
Au minimum, le contrôle de gestion central assume un commentaire de synthèse,
lequel ne peut pas se réduire à la simple juxtaposition des commentaires des
sous ensembles qui constituent l’unité.
-
les modes de présentation du tableau
de bord en comité de direction, en fonction de ses modes d’animation : tour
de table, présentation unique, débat ou simple communication, etc.
Dans tous les cas, il est nécessaire de bien prédéfinir
les rôles et les interventions attendues de chacun, notamment selon que cette
présentation doive déboucher sur des décisions différées, ou formalisées sur le
champ.
L’animation de l’ensemble des collaborateurs
Au-delà du comité de direction de l’unité, le
tableau de bord est parfois plus largement diffusé, afin de mobiliser
l’ensemble des collaborateurs sur les résultats des actions auxquels ils
participent. Cependant, l’utilisation du tableau de bord comme outil de
communication interne, et pas seulement comme outil de pilotage exploité par
une équipe de direction, n’est pas neutre : elle conditionne son contenu
et aussi l’orientation des commentaires de gestion ainsi publiés.
Il appartient donc au management de prendre
position sur l’étendue de la diffusion du tableau de bord, en choisissant parmi
les diverses options possibles :
- publication intégrale du tableau de bord et des
commentaires de gestion associés, avec un accompagnement managérial approprié,
- publication d’extraits ou de synthèses,
éventuellement différenciés et ciblés selon les équipes destinataires, et avec
des relais de communication au niveau de l’encadrement intermédiaire,
- diffusion restreinte aux seuls décideurs
impliqués dans les processus de pilotage.
Risques :
- Indifférence
des agents en cas d’insuffisance de communication ou, à l’opposé, banalisation
du pilotage et de ses enjeux en cas d’excès,
- prédominance
des exigences de la communication sur celles de l’analyse factuelle par centre
de responsabilité, « langue de bois », etc.
Opportunités :
- Développer
une culture commune, donner du sens aux activités individuelles, montrer que la
performance est simple et réalisable, responsabiliser, mettre sous tension,
accroître la réactivité, etc.
Ces risques et
opportunités sont souvent renforcés par le débordement de la communication
interne sur la communication externe : prendre le parti de diffuser
largement les tableaux de bord revient à les rendre publics, ce qui suppose de
prendre les mesures d’accompagnement propres à en anticiper les conséquences.
Le contrôleur de gestion contribue à fixer
ces choix, par sa connaissance des enjeux et des conditions pratiques de mise
en œuvre, en sachant qu’une large diffusion imposera une rigueur accrue dans
les processus d’élaboration du tableau de bord et de rédaction des commentaires,
qui devront être sous-tendus par une solide vision prospective.
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