INTRODUCTION
OBJECTIFS
DE L’ETUDE
La reconnaissance, depuis plusieurs années, de la
communication comme l’une des fonctions clé de management, se traduit par une
plus grande exigence en termes de mesure de sa contribution aux performances
globales de l’entreprise.
Dans un contexte d’incertitude et de faible visibilité des
entreprises, sur les conditions de leur développement futur, cette étude a pour
objet de faire le point sur les enjeux et les limites des outils de cadrage
stratégique à moyen terme, de pilotage opérationnel et de contrôle des
résultats, au sein des directions de communication des grandes entreprises,
dans la perspective d’alimenter la réflexion des professionnels sur les
évolutions du métier et de sa pratique au quotidien.
METHODOLOGIE
L’enquête, de nature qualitative, est fondée sur
l’interrogation de seize directeurs de communication de l’association
Entreprises & Médias appartenant à des sociétés de profils différents
(entreprises des secteurs public et privé, holdings et filiales de groupes de
dimension nationale et internationale, entreprises cotées et non cotées, en
cours de mutation et récemment restructurées, appartenant à des secteurs
d’activités divers…).
Cette démarche a été complétée par des entretiens
approfondis avec cinq prestataires de services : sociétés d’études et
consultants spécialisés en management de la communication (audits
organisationnels et conduite de projets stratégiques).
Les données, recueillies en septembre et octobre 2002, ont
été rapprochées des informations obtenues auprès de vingt professionnels
interrogés sur le même sujet un an plus tôt, dans le cadre de la préparation de
l’Observatoire de la communication d’Entreprises & Médias.
CHAMP DE L’ENQUETE
Les outils de
pilotage
-
Le cadrage global
· le plan de communication stratégique à moyen terme
· le plan d’actions annuel
· le budget
-
les études de fond
· l’image corporate, les valeurs de l’entreprise, les
architectures de marques…
·
le climat interne, la
perception des objectifs et du management, l’adhésion des salariés au projet de
l’entreprise…
-
les outils de pilotage
opérationnel et de suivi des publics de l’entreprise
· le suivi des médias
· le suivi de la communication financière
· l’image des dirigeants
· le tracking publicitaire
· l’évaluation des actions spécifiques (événements, sponsoring,
mécénat…)
· l’évaluation des supports (sites internet, journaux internes,
rapport d’activité)
· …
-
les outils de gestion de crise
Les outils de
contrôle
-
Le contrôle budgétaire et
opérationnel
·
Le contrôle des coûts
·
Le reporting opérationnel
·
Les procédures
opérationnelles
-
Le contrôle des performances des
collaborateurs
· Les évaluation individuelles
· La professionnalisation de la communication
1 - LES OUTILS DE PILOTAGE
1 - 1 . le cadrage global
|
·
le plan de communication
stratégique à moyen terme
·
le plan d’actions annuel
·
le budget
|
Les directeurs de communication expriment une tendance
nette :
·
Un recul des plans de
communication stratégique à moyen terme
Seule la moitié d’entre eux déclarent inscrire leur action
dans le cadre d’un plan stratégique à moyen terme (trois ans), définissant les
grandes orientations de la politique de communication en fonction du projet de
développement de l’entreprise.
·
Une préférence pour les plans
d’action annuels adaptables au gré des événements
« Schéma directeur », « lettre
d’objectifs », « ossature de plan budgété », « programme
super-opérationnel »…, la tendance est aux plans d’action factuels,
permettant un cadrage précis au quotidien, tout en valorisant les notions de souplesse
et de réactivité.
·
Un retour en force du carcan
budgétaire
En période de plus grande difficulté économique, le
cadrage budgétaire est déterminant. Pour certains responsables l’enjeu de la
présentation du budget annuel est encore d’obtenir que la direction de la
communication soit considérée comme un pôle d’investissement et non comme un
centre de dépenses. La précision du budget crédibilise l’investissement de
l’entreprise dans sa communication et favorise sa continuité.
Ce constat suscite un débat entre les responsables :
Les tenants du plan
à moyen terme (en général, grosses entreprises françaises ou
internationales, leaders de leur activité ou confortablement installées sur
leur cœur de métier) soulignent que
-
l’affirmation des priorités
stratégiques, et tous les ans leur réappropriation formelle par les dirigeants,
est le meilleur moyen de s’assurer qu’elles sont en phase avec les axes
prioritaires du projet de développement de l’entreprise. Elle permet donc de
crédibiliser la communication et de renforcer son ancrage parmi les grandes
fonctions de management.
-
la concertation qu’elle
favorise avec les autres directions fonctionnelles et opérationnelles améliore
la compréhension des enjeux et la qualité de la collaboration entre les
services.
Les opposants
(souvent, entreprises en période de forte mutation, récemment restructurées ou
en passe de l’être) mettent en exergue différents types d’arguments :
-
les enjeux prioritaires
définis par le passé sont toujours d’actualité et il n’y a pas lieu de les
rappeler formellement chaque année
-
l’accélération des
événements imprévus et les changements de cap stratégique rendent l’exercice
vain
-
la culture de leur
entreprise n’est pas compatible avec une planification à long terme.
Plus fondamentalement, ils considèrent que, dans un contexte
de plus en plus complexe, marqué à la fois par une moindre visibilité à moyen
terme du projet stratégique de l’entreprise elle même, et par une difficulté
croissante à piloter comme par le passé la communication de façon linéaire, on
attend avant tout de la communication qu’elle fasse preuve d’imagination et de
réactivité sur le terrain, pour accompagner au quotidien les mutations de
l’entreprise.
La présence ou l’absence de référence à des
perspectives stratégiques à long terme dans les plans de communication, pose un
double problème :
-
quant à la portée de la fonction, c’est l’adéquation entre la stratégie
de l’entreprise et sa stratégie de communication qui est en question.
Cette adéquation est-elle suffisante, alors que le
développement de l’entreprise se trouve de plus en plus placé sous la
contrainte de l’opinion et que les changements soudains d’attitude à son égard
peuvent la mettre en situation de crise aiguë et compromettre durablement son
essor ?
C’est précisément lorsque l’environnement devient plus
instable qu’il est essentiel de garder des repères stratégiques : après
les années de survalorisation des promesses de création de valeur de
l’entreprise, il est nécessaire de revenir à une communication plus ancrée dans
la réalité, fondée sur les valeurs fondamentales qui font la force de sa
marque.
L’enjeu pour les directeurs de communication est de
préserver ces repères afin de se mettre en mesure d’imaginer les bons
scénarios, qui permettent aux dirigeants de conduire le changement en opérant
les bons arbitrages.
A l’heure d’une plus grande perméabilité des opinions, les
plans de communication ne doivent-ils pas par ailleurs évoluer vers des
« plans projets » prenant mieux en compte dans leur globalité les
attentes des différents publics de l’entreprise (clients, salariés,
actionnaires), au détriment d’une approche cloisonnée des cibles ?
-
Quant au statut de la fonction, renoncer à planifier la communication
revient à renoncer à l’intégrer dans le schéma directeur de l’entreprise et
à prendre le risque de la voir évincée de son statut de fonction managériale
majeure.
1 – 2 . les études de fond
et les outils de pilotage
opérationnels
(la perception des
publics : leaders d’opinion, clients, actionnaires, salariés…
|
·
l’image corporate, les
architectures de marques
·
le climat interne,
l’adhésion des salariés au projet de l’entreprise…
·
le suivi des médias
·
le suivi de la
communication financière
·
l’image des dirigeants
·
le tracking publicitaire
·
l’évaluation des actions
et des supports…
|
Selon les directeurs de communication, la panoplie des
outils disponibles sur le marché couvre de façon satisfaisante l’ensemble de
leurs besoins, le problème étant plutôt d’opérer les bon choix parmi la
multitude des techniques et produits de mesure proposés par les prestataires de
services.
Globalement, la tendance est à une limitation des dépenses
allouées aux études, en raison d’une pression budgétaire accrue et de la
réticence des responsables à multiplier les outils d’analyse de moindre portée
opérationnelle.
Les entreprises peuvent se classer en trois
catégories :
·
Les « boulimiques »,
qui disposent de tous les outils d’analyse, quantitatifs et qualitatifs, études
de fond et baromètres d’images externes et internes, benchmarking des
entreprises concurrentes, architectures de marques, suivi des perceptions des
publics sensibles, au niveau national et international, outils d’évaluation des
campagnes publicitaires et des actions ponctuelles…. Tous ces éléments sont
régulièrement actualisés et enrichis par des outils complémentaires.
Représentant un tiers du panel
de l’enquête, il s’agit pour l’essentiel de très grosses entreprises, dont les
marques corporate et commerciales sont très fortement exposées à l’opinion,
compte tenu de leur activité et du nombre de leurs clients, en France et dans
le monde.
Ces sociétés, adeptes de la
planification stratégique, sont en outre marquées par la nature de leur
activité (informatique, transports, finances, télécommunications …) et
cultivent une « culture d’ingénieurs » propice à la multiplication
des instruments de mesure…
Il s’agit aussi souvent
d’entreprises récemment restructurées ou en cours de mutation (changement de
périmètre d’action, changement de métier, changement de statut).
Leurs directeurs de communication
considèrent que ces outils, véritables « cartes de navigation de la
communication» indispensables au pilotage de l’image, sont également
nécessaires pour justifier les budgets qui lui sont affectés, dans une
véritable logique de retour sur investissement.
·
Les « pondérées »,
qui disposent d’une « boite à outils » bien rodée, composée
d’instruments de mesure régulièrement affinés, que les directeurs de
communication n’hésitent pas à simplifier pour les rendre plus facilement
exploitables. Ces entreprises représentent plus de la moitié du panel de
l’enquête.
Plus sensibles que les
précédents aux contraintes budgétaires, leurs responsables ont tendance à lever
le pied sur les études généralistes, pour se focaliser sur des outils de mesure
plus ciblés, destinés à les aider à résoudre des questions ponctuelles ou à
alimenter leur discours à l’égard de cibles spécifiques. Ainsi, une majorité
déclare avoir reporté la réalisation du baromètre d’image exhaustif, au profit
d’actions plus qualitatives, moins onéreuses et d’une meilleure efficacité
immédiate.
En place pour la plupart de
longue date et bénéficiant de la pleine confiance de leur Président, ils se
fient avant tout à leur connaissance du terrain et de la problématique, à leur
expérience et à leur intuition, pour cerner les mouvements d’opinion et les
nouveaux défis de la communication.
Ils n’en jugent pas moins
incontournables les outils de suivi des médias et de la communication
financière, aux enjeux cruciaux ; ils mesurent l’image de leur Président
et développent les outils de veille dans la presse internationale et sur le
web.
Ils exercent souvent ce suivi
en associant les analyses menées en interne par des mesures complémentaires
confiées à des prestataires spécialisés. Il en va de même pour l’analyse des
sites internet et intranet de l’entreprise, essentiellement axée sur la mesure
de la fréquentation des rubriques.
Ils continuent à procéder au
tracking des campagnes publicitaires, la justification des investissements
étant plus que jamais nécessaire.
Si la majorité d’entre eux
évaluent régulièrement les magazines internes, ils sont également nombreux à
juger que cette mesure s’apparente davantage à un acte de motivation des
équipes qu’à un levier d’amélioration efficace des supports.
Sur le plan de l’approche de la
communication interne, ces responsables ont une attitude plus ambiguë :
c’est sur les baromètres de climat interne que se concentre dans la plupart des
cas le report des investissements : officiellement pour raison d’économie,
plus fondamentalement, semble-t-il, en raison de la difficulté qu’ils ont à
exploiter des données sociales sensibles, dans une période moins favorable pour
le développement de l’entreprise et l’image de son management.
·
Les « démunies », qui disposent d’un nombre très limité
d’outils de mesure : dans cette minorité d’entreprises, - généralement de
taille relativement modeste, filiales de groupes -, les études d’image, quand
elles sont menées sont pilotées au niveau du groupe et sont actualisées à de très
grands intervalles ; les études de climat interne, quand elles existent,
relèvent systématiquement des DRH ; le suivi des médias, des sites
internet ainsi que la mesure de l’efficacité des opérations se font en interne.
Les directeurs de communication
de ces entreprises déplorent dans leur majorité cette situation. Ils attribuent
leur difficulté à se doter des outils de mesure dont ils ont besoin à
l’insuffisante considération qu’ont leurs dirigeants pour la communication. Les
contraintes budgétaires ont bon dos, ici plus qu’ailleurs.
Une nouvelle problématique autour de la
nature de la contribution des directeurs de communication au pilotage de
l’entreprise :
Les prestataires de services confirment une réduction des
budgets alloués aux études qui, pour autant, ne touche pas tous les outils de
la même manière : selon eux, les exigences de leurs clients se
déplacent : prenant plus de distance avec les démarches d’analyses
globales, ils se recentrent sur la recherche de solutions concrètes à des
problématiques de communication plus ciblées et plus pointues. Ils cherchent
dès lors à se doter d’outils qui leur permettent en premier lieu :
-
d’accroître durablement la
visibilité de leur(s) marque(s) : études d’architectures de marques,
évaluation et suivi de la santé de la marque
-
d’avoir plus de prise
concrète sur les événements, pour en saisir les opportunités ou en limiter la
portée négative : veille des médias, analyse de la communication des
concurrents, identification des leviers de communication porteurs
-
d’agir de façon plus
sélective sur des publics susceptibles d’être plus réceptifs à leurs arguments
(perceptions et attentes des leaders d’opinion, des analystes financiers, des
édiles…).
L’évaluation des investissements publicitaires répond à
cette même préoccupation de sécurisation quant à la pertinence des choix
de discours et d’appréciation du bénéfice d’image que peut en tirer la
marque.
Cette tendance traduit, d’une certaine manière, une
évolution de l’approche des responsables, quant à la nature de leur
contribution au pilotage global de l’entreprise et de sa communication : face à
des retournements brutaux d’opinion, souvent ingérables, et à la violence des
crises qui en résultent, ils constatent la fragilisation du capital-image des
sociétés les plus solides. Ils sont de plus en plus conscients des limites
d’une bonne gestion de la communication dans la maîtrise globale de l’image de
l’entreprise. Partant de ce constat, ils semblent limiter leurs ambitions à cet
égard en se situant davantage dans une logique d’accompagnement au quotidien.
La gestion de la communication
interne, plus complexe dans un climat incertain, pose à nouveau les
questions
- de la bonne articulation de
la communication interne avec la communication sociale dans la recherche d’une
meilleure adhésion des salariés au projet de l’entreprise.
- et de la complémentarité
entre les directions de communication et les directions des ressources humaines
dans la mise en œuvre des messages et de la communication.
1 - 3 . Les outils de gestion de crise
|
· Mesures de l’opinion des publics sensibles
· Evolution des perceptions des messages
· Bilan d’image
|
Les entreprises concernées ont recouru massivement à ces
outils d’aide à la décision :
Pendant la période de crise aiguë, au risque même d’une
certaine saturation, elles mesurent un maximum de paramètres :
-
analyse détaillée des
médias
-
évolution des différents
traits de l’image
-
perception des messages,
ciblage et validation des argumentaires…
Il en va de même dans la phase de sortie immédiate de
crise :
-
bilan d’image, évolution de
sa « favorabilité »
-
impact sur le réseau et la
clientèle
-
repérage de nouveaux thèmes
de communication…)
A plus long terme, les consultants regrettent un certain
relâchement dans le suivi des conséquences profondes de ces événements sur les
composantes de l’image. Un tel suivi améliorerait significativement la
compréhension des mutations de l’environnement et des motivations des publics
de l’entreprise et renforcerait la capacité d’anticipation de ses communicants.
Pour ce qui concerne les conditions de management global
de la crise, les directeurs de communication et les consultants, convaincus de
l’intérêt des études pour donner à l’entreprise ses repères d’image
stratégiques, soulignent la nécessité de développer en parallèle de nouvelles
techniques d’écoute instantanée de l’opinion (via internet notamment), pour
augmenter la réactivité des managers.
2 - LES OUTILS DE CONTROLE
2 - 1 . Le contrôle
budgétaire et opérationnel
|
· Le contrôle des coûts
· Le reporting opérationnel
· Les procédures opérationnelles
|
La pratique des tableaux de bord est généralisée dans
l’ensemble des directions. Les responsables les jugent indispensables pour
synthétiser le programme des actions et leur enchaînement, déterminer les
responsabilités de chacun, fixer le calendrier et s’assurer du respect du
budget. Ils font l’objet d’un suivi d’exécution régulier en cours d’exercice,
le plus fréquemment à un rythme mensuel ou trimestriel, plus rarement
semestriel.
· Le contrôle du budget
Dans certaines entreprises, le budget attribué en début
d’exercice à chaque entité doit être revalidé tous les trois mois, en fonction
des projections de résultat annuel du groupe.
La maîtrise des coûts ne va cependant pas toujours de pair
avec une connaissance précise du montant global du budget que l’entreprise
affecte à sa communication : les dépenses de cette nature logées dans les
autres directions et les filiales ne font pas l’objet d’une consolidation
systématique au niveau des groupes.
Dans les directions qui disposent de gros moyens
financiers, un collaborateur est affecté à plein temps à la gestion du budget
et au respect des règles comptables
Les procédures
sont de plus en plus contraignantes :
-
gestion des appels d’offre
par les directions d’achat
-
politique de référencement
des fournisseurs
-
autorisations d’engagement
de dépenses, seuils de délégation, double signature
-
cost controllers, audits …
Si une gestion irréprochable des budgets est primordiale
et participe de la crédibilité globale de la fonction, chacun souligne qu’elle
n’empêche pas les coupes budgétaires arbitraires de toucher en premier lieu la
communication, en cas de recherche d’économies sur les frais généraux.
· Le reporting opérationnel
Les directeurs de communication demandent à leurs
principaux collaborateurs de rendre compte de leur activité, de manière plus ou
moins formelle et régulière : si une minorité de responsables souhaitent
disposer d’un rapport mensuel écrit et détaillé, d’autres se satisfont d’un entretien
trimestriel ou semestriel.
Pour eux, le reporting, en favorisant un dialogue régulier
sur les problèmes rencontrés dans la mise en œuvre des opérations, permet
d’ajuster de la manière la plus souple le plan d’actions en fonction des
besoins. Certains responsables admettent toutefois leur difficulté à obtenir un
reporting de qualité de la part des communicants de services ou filiales qui
leur sont rattachés fonctionnellement. C’est le cas notamment dans certains
groupes internationaux et dans les groupes très décentralisés, ou ceux dont les
filiales sont plus puissantes que les maisons-mères.
A l’appui du reporting, des indicateurs, plus ou moins
sophistiqués selon les entreprises, permettent de mesurer a posteriori
l’efficacité des services.
A titre d’exemple, l’indicateur
de performance du service de presse, élaboré en interne ou avec le concours
de spécialistes, témoigne parfois d’un souci de la mesure particulièrement
développé, sur la base de critères quantitatifs :
-
nombre de communiqués
diffusés, de contacts informels avec les journalistes, de conférences de presse
-
volume d’articles
-
répartition par type de
médias, par pays, par thèmes…
et qualitatifs :
-
tonalité générale des
papiers
-
changement d’attitude des
journalistes
-
compréhension des messages
-
bilans d’événements
médiatiques
-
benchmark des actions
presse des concurrents…
D’autres directeurs de communication estiment qu’une bonne
revue de presse, analysée quotidiennement avec des équipes naturellement
attentives aux sujets sensibles, et avec les principaux managers de
l’entreprise, est le meilleur moyen de prendre le pouls de l’opinion et
d’anticiper les évolutions possibles de l’image…
·
Les procédures opérationnelles
Si toutes les entreprise exigent un respect strict des
règles en matière d’identité visuelle, à partir du cahier des normes et de la
charte graphique, une minorité seulement de directeurs de communication
imposent aux équipes des procédures opérationnelles formellement codifiées pour
mettre en œuvre les actions :
-
gestion des relations
presse (communiqués, timing, porte- parole…)
-
organisation de la
communication financière
-
réalisation du rapport
annuel
-
chartes d’utilisation des
sites web
Cette démarche traduit, selon les cas, plutôt une volonté
de normalisation des process (notamment dans les groupes possédant de
nombreuses filiales), ou une nécessité de contrôler le travail d’équipes trop
indépendantes (entreprises fusionnées, où il s’agit d’obtenir une bonne coordination d’équipes regroupées
souvent contre leur gré).
2 – 2 . Le contrôle des performances
des collaborateurs
|
· Les évaluation individuelles
· La professionnalisation des acteurs
|
·
L’Observatoire 2001 des
métiers de la communication a souligné la généralisation des procédures d’évaluation individuelle des
collaborateurs, dans la double perspective d’une rationalisation des grilles
salariales de l’entreprise et de la définition de critères objectifs
d’attribution des primes variables.
Les directeurs de communication
sont de plus en plus nombreux à considérer que l’évaluation des communicants
constitue la condition nécessaire à la normalisation de la fonction par rapport
aux autres métiers de l’entreprise.
De façon plus opérationnelle,
ils voient dans la mesure de la performance un moyen efficace de gestion et de
motivation de leurs équipes.
Les pratiques diffèrent encore
de façon significative d’une entreprise à l’autre, allant de procédures
informelles mises au point « sur mesure » par le directeur de
communication, jusqu’à des procédures très formalisées, associant les critères
DRH aux critères ad hoc.
Dans les cas les plus
formalisés, les critères pris en compte sont les suivants :
-
les critères opérationnels : il s’agit de mesurer la capacité des collaborateurs à
réaliser correctement les tâches relevant de leurs responsabilités et à
apporter une valeur ajoutée supplémentaire dans leur contribution :
-
compétence
technique, autonomie
-
respect
du plan de charge et des délais
-
respect
des procédures ou du plan qualité
-
conduite
de projets transversaux
-
pilotage
des prestataires, respect des budgets, optimisation des coûts…
-
les critères comportementaux :
-qualité de management de l’équipe
-capacité d’écoute et d’initiative
-capacité à travailler en mode projet
-implication personnelle…
Au moment de l’attribution des primes variables, les
notations obtenues seront prises en considération. Généralement, les résultats
financiers de l’entreprise, le cours de bourse (et/ou la réalisation d’un
objectif groupe dont la nature n’est pas obligatoirement financière) entreront
également en ligne de compte dans la décision.
Les entretiens d’évaluation
individuels se tiennent au moins une fois par an et donnent lieu à un bilan de
l’action écoulée et à une discussion sur les objectifs du prochain exercice.
Certains directeurs de communication mènent ce type d’entretiens deux voire
trois fois dans l’année, considérant, malgré leur caractère chronophage, qu’ils
permettent une meilleure gestion des équipes grâce à une qualité de dialogue et
de réflexion précieux.
La tenue des entretiens annuels
à date anniversaire de l’entrée du collaborateur dans la direction présente,
outre l’avantage d’éviter les engorgements de calendrier, de dissocier les
discussions sur la qualité de la contribution des collaborateurs des
négociations sur leurs augmentations de salaire.
·
Plusieurs
directeurs de communication, généralement de très grosses entreprises à réseau,
se sont engagés dans des processus de
professionnalisation de la fonction. Ces chantiers, lourds, associant les
DRH et les managers des différentes entités du groupe, ont pour finalité de « fournir à l’entreprise et à ses
dirigeants un réseau de communicants performants capables de contribuer
efficacement à la réalisation de leurs objectifs ».
A titre d’exemple, le plan de
professionnalisation d’une très grande entreprise nationale prévoit trois
niveaux d’intervention :
-
une
redéfinition des missions et des objectifs des responsables de communication
dans toutes les entités, depuis le niveau national jusque dans chaque
établissement
-
un
plan de formation de remise à niveau adapté aux missions des collaborateurs
-
la
mise en place d’une politique RH des métiers de la communication : profil
de recrutement, plan de carrière.
Dans un autre groupe à forte
implantation internationale, une démarche similaire a été mise en œuvre, avec
-
le
recensement, pour 300 postes dans l’ensemble des entités du groupe, des besoins
en vue d’une définition de profils types adaptés à ces besoins
-
la
définition détaillée des missions
-
la
définition de normes d’activité destinées à assurer et harmoniser la qualité
des prestations.
Dans la même optique, les
entreprises concernées ont entrepris de rationaliser les rattachements
hiérarchiques et fonctionnels, de contrôler systématiquement les embauches et
les rémunérations.
La professionnalisation de la
fonction est une exigence d’autant plus forte lorsque les entreprises sont
contraintes de procéder au recrutement des communicants en interne, privant les
équipes de l’expertise de professionnels issus d’autre entreprises ou
d’agences. Elle a certes pour objet d’améliorer le niveau des collaborateurs en
place. Mais elle tend aussi à revaloriser l’image d’un métier relativement mal
considéré dans l’entreprise, et de faciliter le recrutement d’éléments de
qualité qui redoutent aujourd’hui de voir leurs perspectives de carrière
freinées par leur passage à la direction de la communication.
Cette professionnalisation est
également indispensable lorsque les directions de communication sont amenées à
intervenir pour les autres directions de l’entreprise, dans une relation de
clientèle au même titre que des prestataires de service spécialisés.
CONCLUSION
La perception des enjeux des outils de pilotage
Selon vous, laquelle de ces propositions
correspond le mieux à votre perception des outils de pilotage et de mesure de
la communication (classer par ordre de préférence) :
1. Ils
sont des outils de gestion normaux de la communication
2. Ils
servent à renforcer la crédibilité de la communication dans l’entreprise
3. Ils
permettent d’impliquer davantage des dirigeants sur les problématiques de la
communication
4. Ils
sont un outil d’animation du réseau interne de communicants et des
prestataires extérieurs
5. Ils
permettent de justifier les budgets de la dircom, voire de les augmenter
6. Ils permettent de justifier la rémunération du directeur
de la communication et de ses équipes
|
Interrogés sur leur perception
des enjeux des outils de pilotage, les directeurs de communication considèrent
unanimement qu’ils sont essentiels à la bonne gestion de leur activité :
c’est sur la base des enseignements des études de notoriété et d’image qu’ils
fixent leurs grandes orientations stratégiques et leurs objectifs
opérationnels ; c’est le suivi des indicateurs qui leur permet d’ajuster
leurs plans d’action, de corriger le tir quand cela est nécessaire. Ces
indicateurs, au même titre que ceux dont disposent les autre directions
opérationnelles et fonctionnelles dont l’efficacité est plus facilement
mesurable. expriment la normalisation de la fonction dans l’entreprise.
Conscients néanmoins de la
nécessité de se battre en permanence pour une meilleure reconnaissance de la
communication par les managers – rien ne paraît
jamais acquis à titre définitif sur ce plan -, Ils pensent que ces
outils contribuent fortement à renforcer sa crédibilité. C’est pourquoi Ils
apprécient de pouvoir les utiliser régulièrement afin de d’enrichir la
réflexion avec les dirigeants sur les problématiques de la communication et
d’avoir l’opportunité de les impliquer plus fortement dans sa conduite, sur la
base d’indicateurs objectifs.
Ils voient aussi dans ces outils
le moyen d’une meilleure intégration de la communication dans le fonctionnement
de l’entreprise, par un dialogue plus étayé avec les autres directions.
Les mesures d’image et les
outils d’évaluation leur servent par ailleurs à justifier la rentabilité de
leur activité. Ils n’hésitent pas à utiliser les indicateurs comme autant de
sonnettes d’alarme pour défendre leurs moyens d’action. Certains
poussant la logique à l’extrême en proposant un budget fondé sur
« l’évaluation de ce que l’entreprise perdrait en ne communiquant
pas »…
La possibilité d’utiliser les
indicateurs pour justifier la rémunération des communicants ne semble en
revanche un enjeu prioritaire que pour une toute petite minorité de directeurs
de communication.
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