En contrôle de gestion,
les systèmes de mesure de performance ont très peu évolué. D’essence largement
comptables, ils sont restés focalisés sur les données d’un contrôle de gestion
traditionnel : coûts internes et externes, ratios de productivité, ratios
financiers généralistes. Tournés vers une mesure de la performance passée
[chiffre d’affaires, bénéfices, stocks, retours sur investissements etc.], ils
sont de peu d’utilité pour piloter la mise en œuvre d’une stratégie.
Par ailleurs, la plupart
des organisations doivent faire face aujourd’hui à des contraintes nouvelles et
sont conduites à se justifier de façon accrue devant les opinions publiques,
qu’il s’agisse de qualité, d’équité, de transparence des coûts, d’efficacité à
l’égard des objectifs qui leur sont fixés [ALECIAN S. et FOUCHER D., 1994]. Les
collectivités locales n’échappent pas à cette obligation de légitimer leur
action car le caractère public qui a longtemps suffi à légitimer le service ne
remplit plus cette fonction ; il leur faut désormais démontrer
l’efficacité des services publics. Ainsi, la structure des communes est-elle
marquée par l’obligation de réactivité face aux sollicitations des usagers. Le
contrôle et l’évaluation de la performance dans les services publics communaux
visent ainsi à réhabiliter le service public local en proie aujourd’hui à une
double crise de légitimité et d’identité.
Ainsi, au Cameroun, les
exigences des usagers consommateurs sont de plus en plus fortes. Ils se voient
dans le rôle de client : le client qui attend à un guichet, celui de
l’état civil ou des services techniques. De plus, les conséquences sociales et
urbaines de la situation politico-économique au Cameroun vont faire émerger des
besoins nouveaux lourds auxquels les collectivités locales devront répondre.
Aussi, les citoyens camerounais acceptent de plus en plus difficilement la
médiocrité et se montrent pointilleux sur l’utilisation de l’argent public. Par
ailleurs, au moment où la loi organique aux lois de finances (LOLF),
expérimentée début 2003 et opérationnelle en 2006 en France vise à moderniser
la gestion publique tout en marquant la transition d’une logique de moyens à
une logique de budgets par objectifs, le système de tutelle au Cameroun est
celui du contrôle à priori. Le pouvoir de tutelle est exercé par le ministre
chargé de l’administration territoriale et sous son contrôle par les
gouverneurs et les préfets. Dans cette mission de contrôle, les autorités de
tutelle disposent à l’égard des organes municipaux et des actes pris par ces
derniers, d’un pouvoir de sanction et de contrôle qu’elles exercent par voie
d’approbation, d’annulation, de substitution, de suspension et de révocation.
Toutefois, nous partons d’un constat
sur la gestion des collectivités locales au Cameroun. Tout d’abord, en se
référant aux modes de gestion et de fonctionnement des communes des pays
développés à l’instar de la
France , on constate tout simplement qu’il y a une différence
significative dans les pratiques de gestion des collectivités locales
Françaises et Camerounaises. La gestion des communes dans les pays comme la France est quasiment
autonome. En revanche, pour le cas du Cameroun, il n’existe presque pas d’autonomie
sur la gestion communale. Ceci peut s’expliquer par le fait que la
décentralisation telle que stipulée par la loi n° 96/6 portant révision de la
constitution du 02 juin 1972 n’est pas encore effective. Or, celle-ci suppose
un transfert de compétences de l’Etat aux collectivités locales.
Ainsi, Il s’agira dans le cadre de
cette communication aux secondes rencontres internationales CIDEGEF/VILLE
management de répondre aux questions suivantes : Comment les élus (hommes politiques), fonctionnaires et électeurs se comportent-ils face au rôle que
joue l’Etat dans le fonctionnement des communes camerounaises ? Comment
fonctionnent ces communes ? Quel est le mode de gestion des services
publics communaux des villes Camerounaises ? Comment évaluer la
performance de ces services ? En
revanche la performance des services publics communaux des villes camerounaises
a fait l’objet de peu de réflexions théoriques ou d’études empiriques. La
présente recherche tente de combler cette lacune en proposant une étude sur la
performance organisationnelle des communes dans les pays francophones. Elle est
fondée sur une démarche historique visant à saisir le phénomène dans son
contexte social. L’intérêt du cas camerounais est double, en raison de son état
de développement économique (pays en voie de développement) et de son histoire
contemporaine (ancienne colonie française). Ainsi,
il s’agit pour nous :
- d’examiner les voies d’amélioration de
la performance des services publics communaux des villes camerounaises.
- de permettre aux élus et fonctionnaires des
organisations municipales camerounaises de mieux comprendre les raisons qui
justifient l’évaluation de la performance des services publics communaux pour
qu’ainsi, ils puissent effectuer des choix éclairés concernant les services à
rendre. Par ailleurs, la présente étude se divise en deux parties. La première
présente une approche historico-juridique des collectivités territoriales
camerounaises (I). La seconde quant
à elle, est consacrée au cadre théorique de la recherche. (II)
I. APPROCHE
HISTORICO-JURIDIQUE : genèse et
contours des collectivités territoriales
I.1. Fondement
et évolution de l’institution communale au Cameroun.
L’institution communale au
Cameroun est très ancienne et est même antérieure à la création de l’Etat. Son
fondement ainsi que son évolution procèdent de l’héritage colonial. Le régime
juridique des communes obéit néanmoins au droit commun même s’il existe des
entités communales qui relèvent d’un régime dérogatoire défini toutefois par la
loi.
En effet, l’institution
coloniale est introduite au Cameroun dès l’époque coloniale. Seulement, il est
important de souligner à la lumière de l’histoire des institutions et des faits
sociaux du Cameroun que les populations d’expression anglophone ont connu une
expérience différente de celle qu’ont vécu les populations de la zone
d’influence francophone avant que le législateur Camerounais n’intervienne pour
tenter de promouvoir l’harmonisation d’une organisation commune.
I.1.1.Le vécu des
populations francophones.
L’autorité coloniale française
organise pour la première fois le régime des communes par le décret du 23 avril
1941 qui reconnaît au Gouverneur la faculté de créer des communes mixtes. Le gouverneur de la France au Cameroun
crée ainsi deux communes respectivement à Douala et à Yaoundé dans la foulée de
ce texte. Cette application connaîtra une évolution avec le décret 47/2235 du
19 novembre 1947 portant réorganisation du régime municipal dans les
territoires sous zone d’influence française. Ce texte prévoit en effet que le
haut-commissaire de la République française au Cameroun est habilité à créer
des communes et à modifier le régime des communes françaises déjà existantes
par arrêté pris après avis de l’assemblée représentative compétente. Cependant,
il faudra attendre la loi 55/1489 du 18 novembre 1955 relative à la
réorganisation municipale en Afrique occidentale française, au Togo, au
Cameroun et à Madagascar pour assister à une accélération de ce mode de
décentralisation au Cameroun. Cette loi détermine en effet les modalités de
création et fixe le statut juridique de deux types de communes ; les
communes de plein exercice et les communes de moyen exercice. La série
de dispositions modificatives adoptées tant à la veille qu’au lendemain de
l’indépendance ne bouleversera pas pour l’essentiel l’architecture ainsi mise
sur pieds. Tout au plus, l’on assistera plutôt à une diversification du régime
municipal qu’accompagnera un mouvement expansif de multiplication des communes
de sorte qu’en 1972, on pouvait dénombrer au Cameroun 150 communes et 04
syndicats de communes. En 1974, le législateur camerounais procédera à un
réaménagement du dispositif en adoptant une nouvelle loi portant organisation
communale
Ainsi, le Cameroun compte aujourd’hui
2 communautés urbaines, 9 communes urbaines à régime spécial, 11 communes
urbaines, 11 communes urbaines d’arrondissement et 305 communes rurales. Le
tableau 1 résume l’organisation administrative et territoriale au Cameroun.
Tableau
1. Organisation administrative et territoriale au Cameroun
Découpage
territorial
|
Collectivité
territoriale
|
Circonscription
Administrative
|
Nom
de l’organe délibérant
|
Nom
de l’organe exécutif
|
Organe
décontracté/ de tutelle
|
|
Dénomination
|
Nbre
|
|||||
Région*
|
10
|
Oui
|
Non
|
Conseil
régional
|
Maire
|
Gouverneur
|
Département
|
58
|
Non
|
Oui
|
Préfet
|
||
Communauté
urbaine
|
02
|
Oui
|
Non
|
Conseil
de communauté
|
Délégué
du gouvernement
|
Gouverneur
|
Arrondissement
|
268
|
Non
|
Oui
|
Sous-préfet
|
||
Commune
rurale
|
305
|
Oui
|
Non
|
Conseil
municipal
|
Maire
|
Préfet
|
Commune
urbaine
|
11
|
Oui
|
Non
|
Conseil
municipal
|
Maire
|
Préfet
|
CUA*
|
11
|
Oui
|
Non
|
Conseil
municipal
|
||
Commune
à régime spécial
|
09
|
Oui
|
Non
|
Conseil
municipal
|
Délégué
du gouvernement
|
Préfet
|
District
|
58
|
Non
|
Oui
|
Chef
de district
|
* Commune urbaine d’arrondissement
*Pour l’instant, la
région n’est pas encore installée. Les provinces continuent de fonctionner
comme des circonscriptions
administratives.
I.2.
Le Régime communal de droit commun.
Ce régime détermine l’organisation et le
fonctionnement des communes urbaines et des communes rurales. Selon la loi de
1974, la commune est urbaine ou rurale selon que son ressort territorial se réduit à une agglomération urbanisée ou
qu’il s’étend à la fois sur des agglomérations urbanisées ou non et sur des
zones rurales. Le ressort territorial constitue donc pour le législateur
camerounais la clef de voûte de la décentralisation communale même s’il reste
mal aisé de distinguer parfois compte tenu de l’élasticité des critères, le
caractère urbain ou rural de certaines agglomérations par rapport à d’autres.
Les communes sont créées
en principe par décret du président de la République toujours dans la marge de
son pouvoir discrétionnaire. Outre la soumission à une tutelle rigide, leur
régime juridique réside essentiellement dans la combinaison de deux traits
principaux à savoir, l’aménagement d’une compétence de principe pour la gestion
des affaires locales et la désignation démocratique de leurs organes.
I.3. Les collectivités à
statut dérogatoire.
La loi communale de 1974
consacre un titre particulier à un régime communal qu’elle qualifie de spécial
et auquel ont été soumises dès le départ les villes de Douala, Yaoundé et
Nkongsamba, principales agglomérations du moment. En 1977 par la suite, la
ville de Bamenda qui abrite une importante frange de la communauté anglophone
du Cameroun fut également soumise à ce régime spécial qui sera étendu par
décret présidentiel à sept grandes villes gagnées pour la plupart par
l’opposition à l’issue des élections municipales du 21 janvier 1996 en
l’occurrence Bafoussam, Limbé, Edéa, Ebolwa, Garoua, Maroua et Kumba. Entre
temps, les villes de Douala et de Yaoundé avaient été érigées en communautés
urbaines par la loi du 15 juillet 1987 et obéissent depuis lors au régime
particulier qui en découle. De la sorte, il existe aujourd’hui 11 collectivités
territoriales soumises à un régime dérogatoire au droit commun de la
décentralisation.
I.4. Le régime spécial des communes urbaines.
Le fait distinctif de ces
collectivités réside dans la structure de leurs organes municipaux car ici
l’essentiel des attributions dévolues aux maires des communes relevant du droit
commun incombe à un délégué du gouvernement nommé par la président de la
République qui est seul compétent pour le révoquer selon la même procédure en
vertu du principe du parallélisme des formes.
Le délégué du gouvernement est donc
soumis au pouvoir hiérarchique de l’Etat. Or dans le même temps, il préside le
conseil municipal, dirige les services de la commune, représente celle-ci en
justice, assure la police municipale et exécute le budget communal. Il agit
donc en véritable maire et ses actes sont soumis au contrôle de tutelle exercé
par les organes territoriaux compétents de l’Etat.
I.5. Le cas des
communautés urbaines de Douala et de Yaoundé.
Les communautés urbaines
sont composées en effet des communes urbaines d’arrondissement. Ces dernières
sont nées par ségrégation des anciennes communes urbaines relevant du régime
spécial de Douala et de Yaoundé qui a entraîné la création de six (06) communes
urbaines d’arrondissement à Yaoundé contre cinq (05) à Douala. Paradoxalement,
les actes de création de chacune de ces collectivités territoriales ont
simultanément fait des personnes morales de droit public dotées de la
personnalité juridique et de l’autonomie financière. Il en a donc résulté deux
conséquences en ce qui concerne respectivement la détermination du ressort
territorial de chacune dans l’ensemble d’abord, la gestion des finances de
l’ensemble de ces collectivités ensuite.
I.6.
Le modèle d’organisation et modes de gestion
des services communaux des
villes camerounaises.
I.6.1.
Le modèle d’organisation des services publics municipaux.
Dans les milieux urbains, les
populations attendent essentiellement des communes la fourniture des
équipements et services indispensables pour l’amélioration du cadre et des
conditions de leur vie. Les communes sont ainsi appelées à assurer des
prestations techniques et sociales principalement et devraient alors pouvoir
exercer les compétences suivantes : l’entretien et la réalisation des
voiries municipales, l’assainissement et le drainage des eaux pluviales, le
ramassage et le traitement des déchets en particulier les ordures ménagères, l’hygiène,
la salubrité et l’esthétique publiques, la construction, l’entretien et la
gestion des points d’eau, la création et la gestion des marchés, gare routière
et abattoirs, l’urbanisme et l’habitat en terme de gestion foncière et
d’aménagement urbain, etc…
I.6.2 Différents modes de
gestion dans l’administration des services publics communaux.
Avant de présenter de
manière succincte les modes de gestion dans les mairies, il convient de définir
d’abord ce qu’est un service public d’une part et, d’autre part un service
public communal.
a) Notion de service public.
La notion de service public est une
contrainte spécifique pour la gestion publique.La notion de service public a
été introduite à la fin du 19 ème siècle et au début du 20 ème
siècle dans le vocabulaire juridique et politique. Elle a constitué depuis l’un
des socles du droit administratif français et l’un des fondements de
l’intervention de l’Etat et des collectivités publiques dans la vie économique
et sociale. On entend par service public, d’après la jurisprudence, toute
activité d’une collectivité publique visant à satisfaire un besoin d’intérêt
général. La notion d’intérêt général est donc fondamentale. Elle est au
demeurant suffisamment vaste pour que les collectivités publiques puissent en
fait intervenir dans tous les domaines.
b)
Définition d’un service public
communal.
Selon J.P.REY [1991, p.11], « Par
service public communal, on entend une prestation physique ou de service,
assurée en fonction d’un rapport qualité/prix de revient donné et sans but
lucratif, destinée à un marché local, ayant un caractère d’intérêt général,
partiellement ou totalement financée par la fiscalité »
Bien que cette définition soit
distincte d’un service public d’Etat et d’un service privé, on note tout de
même qu’elle a un caractère général et s’applique aussi bien à l’entretien de
la voirie qu’à la gestion des ordures ménagères.
C).
Modes de gestion des services publics communaux.
En nous appuyant sur les travaux de
J.CARLES et J. DUPUIS [1989], nous distinguons deux grandes tendances en
matière d’administrations des services publics locaux d’une manière
générale :
- la gestion directe (services
municipaux, régies et structures intercommunales) : les services sont
alors directement subordonnés par la mairie ;
- la gestion déléguée (concession, affermages,
associations, sociétés d’économie mixte) : la mairie n’a qu’un rôle de
donneur d’ordres.
Ainsi, au cours du premier trimestre
de l’an 2006, un premier questionnaire a été administré par voie postale auprès
des différentes mairies de la ville de Douala. Il s’agissait là d’un pré-test
en vue de vérifier la clarté des questions et leur cohérence dans toutes les
communes. Un seul type de questions a été utilisé : des questions fermées
simples ou plus complexes à choix multiples. Son objectif premier n’était pas
d’être exploité pour ces secondes rencontres de Douala mais de faciliter la
connaissance du terrain afin de mieux préparer la deuxième enquête qui nous
servira dans le cadre de notre recherche doctorale. Ce questionnaire portait
sur les points suivants :
-
l’identification de la commune (nom, taille, régime
juridique, rattachement, date de création…)
-
le profil des responsables (âge, ancienneté, niveau de
formation…)
-
relation élu-encadrement dans la mairie (rôle des élus,
rôle des cadres territoriaux)
-
relations Feicom (Fonds spécial d’équipement et
d’intervention intercommunale)-communes
-
l’organisation communale
-
méthode de gestion, systèmes d’informations comptables,
sources de financement
-
l’évaluation de la performance organisationnelle.
Identification de la commune. Dans un premier temps, nous cherchions
à identifier la commune. L’élément majeur est sa taille. Ainsi, la population
totale de la ville est estimée à environ 3000000 d’habitants. Cette première
enquête révèle que la commune urbaine d’arrondissement de Douala III est la
plus peuplée avec environ 1.200.000 habitants et dispose 115 employés contre157
à Douala I et 200 à Douala II à titre d’exemple.
Profil des responsables. Une municipalité est avant tout composée
d’hommes, élus ou fonctionnaires, qui la dirigent et donnent à la politique
communale sa véritable impulsion. Il est donc significatif de connaître ces
individus par leur âge, leur ancienneté et leur formation. Chacun agit en
fonction de son environnement, également de sa propre histoire, et peut donc
avoir une influence sur le développement du contrôle de gestion et de la
performance communale. Après enquête, il ressort que l’âge moyen des chefs de
service est de 40 ans ; par contre celui des maires et maires adjoints est
de 45 ans. Le plus jeune chef de service est situé dans la tranche d’âge de 25à
35 ans. Aussi, la même enquête s’attache à caractériser l’organisation générale
des municipalités enquêtées et le mode de gestions des différents services
publics communaux. Elle offre un panorama intéressant des diverses solutions choisies
par les responsables municipaux : gestion directe et gestion déléguée.
Tableau 2. Mode de gestion
des différents services publics municipaux.
Mode
de gestion
Services
|
Gestion directe
|
Gestion déléguée
|
Protection
contre incendie
|
non
|
oui
|
Bibliothèque
|
oui
|
Non
|
Police
municipale
|
oui
|
Non
|
Action
sanitaire
|
oui
|
Non
|
Assainissement
|
non
|
oui
|
Etat-civil
|
oui
|
Non
|
Enlèvement et
traitement des ordures ménagères
|
non
|
Oui
|
Approvisionnement
en eau potable
|
non
|
Oui
|
Eclairage
public
|
oui
|
non
|
Traitement
des eaux usées
|
non
|
Oui
|
Sports
et loisirs
|
oui
|
Non
|
Entretien et
nettoyage des voies communales secondaires
|
oui
|
non
|
Quelles
informations pouvons nous tirer de ce tableau ?
Des services techniques lourds, souvent
délégués : les services de l’eau, de l’assainissement, de la protection
contre l’incendie, de l’enlèvement et du traitement des ordures ménagères sont
essentiellement assurés par des entreprises privées à l’instar d’HYSACAM
(hygiène et salubrité du Cameroun). Ce sont des services techniques qui
demandent des compétences précises. Ils nécessitent des infrastructures
lourdes, dont les investissements ne peuvent pas être supportés par une seule
mairie. Les résultats de notre première enquête montrent que ces activités sont
le plus souvent soit gérées par les communautés urbaines, soit déléguée à la
société HYSACAM ou à toute autre entreprise privée.
En revanche, dans la même enquête, la
majorité des élus et cadres territoriaux interrogés déclarent tenir une comptabilité
d’engagement. Ce qui est d’ailleurs une très bonne chose pour les mairies
camerounaises car, l’absence d’une tenue de comptabilité d’engagement
révélerait une insuffisance de la maîtrise financière de la collectivité. La
comptabilité d’engagement est de pratique courante dans les collectivités
locales [collectif, « gestion publique gestion privée ? », la
lettre du cadre territorial, 1993]. Elle se répand grâce au développement de
l’informatique. La notion d’engagement permet de mettre en réserve les crédits
nécessaires au paiement des dépenses certaines pour lesquelles les factures
sont reçues ultérieurement. C’est à partir de la procédure de comptabilité par
engagement que le contrôle de l’exécution des commandes et des ordres de
services sera le plus performant. En effet, cette procédure consiste à débiter
les comptes concernés avant que l’acte générateur d’une créance au profit d’un
tiers soit passé. Elle évite ainsi l’engagement d’une dépense alors que les
crédits du compte sont épuisés ou que le solde disponible est inférieur au
montant de la facture qui suivra [SCHMITT D., 1988].
Par ailleurs, en ce qui concerne
l’existence ou pas d’un poste de contrôleur de gestion, la quasi-totalité des
élus et cadres déclarent ne pas disposer d’un poste de contrôleur de gestion
dans les services de leurs mairies. Ainsi, le tableau ci-dessous résume
l’existence ou pas des outils de contrôle dans les services municipaux selon
les résultats de l’enquête.
Tableau 3. Existence d’outils de contrôle dans les services
municipaux de la ville Douala
Outils de contrôle de gestion
|
Existence
|
Comptabilité analytique
Comptabilité
d’engagement..........................
Budget base zéro
(BBZ)....................................
Tableau de bord
prospectif.................................
|
non
oui
non
non
|
Le Budget base zéro (BBZ) est une
méthode d’élaboration du budget. Elle se présente en trois grandes
phases :
- Une
phase de réflexion sur le fonctionnement du service, les coûts des
prestations qu’il fournit et la recherche des gains de productivité.
- Une
phase de réflexion sur la qualité des prestations à travers le recueil des
points de vue des clients du service.
- Enfin
une phase de choix du niveau des prestations souhaité par les élus. Dans
cette 3ème phase, les élus décident de la répartition des ressources de la
mairie en fonction de leurs priorités.
Dans la pratique, le BBZ est une
méthode de mobilisation des services souples et adaptables. Il est possible de
ne réaliser que la première phase ou les deux premières ; mais aussi de
faire avancer l’ensemble des services en même temps ou travailler par groupes. Enfin
en fonction de la situation financière de la ville, il est possible de mettre
l’accent sur la maîtrise des coûts ou l’amélioration de la qualité des
prestations. L’intérêt de la méthode réside dans la rigueur et dans la
formalisation des différentes étapes qui permettent au directeur général de
bien maîtriser l’action et dans le fait qu’elle prend appui sur les chefs de
service. Le BBZ devient un langage commun de la mairie. Malheureusement, notre
première enquête révèle l’inexistence de gestion dans les services publics
municipaux de la ville de Douala.
II. Cadre théorique.
II.1. Analyse
micro-économique appliquée à la politique du management des services publics
communaux
Les outils classiques de
la micro-économie permettent-ils d’expliquer le comportement des élus et leurs
décisions ? Les finalités du management communal peuvent-elles être mises
en évidence à l’aide des instruments habituels de l’analyse économique ?
Pour tenter de répondre à ces
questions, de nombreux chercheurs et
universitaires, notamment aux Etats-Unis se sont appuyés sur l’école du
« public choice » tout en
approfondissant les travaux de quelques précurseurs comme ARROW, DOWBS ou
TIEBOUT. Il s’agit pour nous d’expliquer le comportement des acteurs municipaux
à travers les théories du choix public et de l’agence.
II.1.1.. Comportement des
acteurs communaux : explication à travers les théories du choix public et
de l’agence.
La théorie du choix public
est une branche de l’économie expliquant le rôle de l’Etat et le comportement
des électeurs, hommes politiques et fonctionnaires. Le texte fondateur de ce
courant est : « The calculs of consent » publié en 1962 par
JAMES M. BUCHANAN [« prix Nobel d’économie », 1986] et GORDON
TULLOCK. Ici, les hommes politiques et les fonctionnaires se comportent de la
même façon que les consommateurs et producteurs de la théorie économique tout
en sachant que l’argent en jeu n’est pas le leur [problème principal-agent]. La motivation principale d’une partie du
personnel politique est alors de maximiser son propre intérêt, plutôt que de
rechercher l’intérêt collectif. Ainsi, les hommes politiques souhaitent
maximiser leurs chances d’être élus ou réélus, et les fonctionnaires souhaitent
maximiser leur revenu ou leur pouvoir. Pour J.BUCHANAN, « Le public choice
n’est autre chose qu’un essai de formulation d’une théorie générale de
l’Economie Publique qui permette de faire dans le domaine des choix collectifs
ce qui a été fait depuis longtemps au niveau de la micro-économie des marchés.
En revanche, des auteurs comme TULLOCK,
STIGLER ou BECKER ont souligné l’importance des groupes de pression ou groupes
d’intérêts qui agissent sur la vie de la commune par le biais d’associations,
de groupes, de syndicats. Ces auteurs indiquent que les décisions relatives à
la commune, décisions prises par les élus du peuple, peuvent être remises en
cause par une partie des électeurs. L’intérêt étant de connaître l’étendue des
pouvoirs de ces groupes de pression et l’efficacité de leurs actions.
Toutefois, la politique
menée par les élus locaux, et donc la gestion et les pratiques qui en
découlent, ont été à la base décidées par les habitants de la commune, les
électeurs. Les choix économiques sont ainsi déterminés par les choix politiques
qui sont amenées à varier en fonction des élections, et il est difficile
d’envisager une continuité dans les pratiques de gestion, ou tout au moins une
cohérence parfaite lors des changements de majorité. Cette logique n’est pas, à
ce jour, unifiée dans un cadre théorique parfaitement homogène. Des voies
différentes, aux résultats parfois contradictoires, coexistent. En revanche,
selon la théorie de l’agence [JENSEN et MECKLING, 1976], les conflits vont naître
au sein des mairies car, les maires dirigeants peuvent ne pas gérer les
services publics communaux dans l’intérêt de la population. Ils vont plutôt
chercher à maximiser leur propre intérêt personnel au détriment de la
population et donc des électeurs. Pour clarifier en quelques sortes la finalité
de la commune, on peut considérer que c’est le vote, pierre angulaire de la
démocratie locale qui détermine si les objectifs attendus ont été atteints. Les
électeurs expriment ainsi leur satisfaction ou leur désappointement vis-à-vis
du bilan des élus. Comme le signale F.MEYSSONIER, « la satisfaction des
électeurs ne tient pas uniquement à des facteurs objectifs matériels ; la
fonction de préférence des citoyens est elle-même difficile à cerner ».
Peut-on
faire un lien entre la théorie de l’agence précédemment évoquée et la
performance des villes camerounaise ? En réalité, le mode de décentralisation (loi du 18
janvier 1996) est en vérité conçu à l’intention des grandes métropoles urbaines
en raison du caractère cosmopolite des populations qui les composent et procède
également du souci d’assurer la protection des populations autochtones en
général minoritaires dans la composition sociologique des principales villes.
Il est dès lors patent que dans un tel contexte, toute élection aboutirait à
l’éviction d’un autochtone comme chef de
la municipalité et, c’est sans doute pour prévenir pareille éventualité aux
risques politiques incalculables que le législateur a laissé au pouvoir
exécutif une totale liberté de manœuvre dans ce domaine. Ainsi, le chef de l’Etat
nomme dans chacune ces communes :
un délégué de gouvernement (autochtone), un secrétaire général, un receveur
municipal, un comptable matière…Dans un tel contexte, ces responsables n’étant
pas des élus, seront épargnés de la sanction par le vote municipal dont la
durée du mandat est fixée à 5 ans. Le
chef de l’Etat et leurs tutelles respectives étant les seuls habilités à les
révoquer et /ou sanctionner. Au final, le contexte dans lequel
fonctionnent les communes camerounaises va empêcher la réalisation des
objectifs et donc la performance communale car ces responsables nommés ne vont
pas souvent agir dans l’intérêt général de la population mais plutôt dans leur
propre intérêt personnel. L’importance de la latitude managériale ne les incitera pas à l’atteinte des
objectifs escomptés et donc à la performance communale dès lors qu’ils
n’ont pas de compte à rendre aux citoyens.
II.2. La notion de
performance.
II.2.1.
Essai de définition
L’exercice est périlleux :
la définition de la performance doit reconnaître le caractère polysémique. Ainsi,
BOURGUIGNON [1995] propose la définition suivante : « En matière de gestion, la performance est la réalisation
des objectifs organisationnels ». D’après cette définition, la
performance serait une réalité de la réalisation des objectifs d’une
organisation. A notre avis, cette définition ne tient compte que de la
réalisation des objectifs organisationnels mais ne prend pas en considération
les moyens mis en œuvre pour les accomplir. Ainsi, nous proposons la définition
suivante : La performance est la capacité ou le degré d’une organisation
d’atteindre ses buts, ses objectifs, ses plans ou ses programmes qu’elle s’est
donnée aux moindres coûts et dans les meilleurs délais.
II.2.2. Raisons
qui justifient une évaluation périodique de la performance des services publics
communaux.
Trois ordres de raisons justifient une évaluation
périodique de la performance des services municipaux. Tout d’abord, une telle
évaluation est une condition préalable à n’importe quel effort de
rationalisation de la gestion des services. En deuxième lieu, elle permet aux
décideurs politiques d’améliorer leur contrôle sur la gestion et de prendre des
décisions adéquates dans le cadre de la mise en œuvre de la politique choisie.
Enfin, elle favorise la transparence de l’action publique. En ce qui concerne
la rationalisation de la gestion des services publics locaux, le suivi
de la performance assure aux gestionnaires la maîtrise des informations nécessaires
pour définir les stratégies de production appropriées (en terme de variété,
qualité et quantité des services à fournir).
Il
s’agit là, tout simplement, de mieux connaître la situation du service et,
donc, de pouvoir détecter plus rapidement les défaillances. Il s’agit également
de mieux observer les réactions des usagers aux choix effectués et l’évolution
des besoins qu’ils expriment, pour réorienter à temps l’action du service et en
assurer la cohérence avec ces besoins.
L’évaluation
périodique de la performance donne un contenu aux échanges d’informations et
d’expériences entre services de collectivités différentes. Des tels échanges –
et donc la comparaison des opérations
retenus, des méthodes utilisées et des résultats obtenus – favorisent la rationalisation,
puisqu’ils offrent aux services moins performants la possibilité d’acquérir le
« savoir-faire » qui leur manque.
En outre, le suivi de la performance rend effectif le contrôle
des autorités sur la gestion des services dont elles sont responsables par
le biais d’une utilisation ex post du système de mesure de la
performance. Mais en même temps, il permet aux décideurs politiques de prendre
des décisions avisées sur les options politiques qui ‘ouvrent en matière de
services publics locaux. Cette utilisation ex ante des indicateurs de
performance a une influence certaine sur le comportement des décideurs
politiques du fait qu’elle permet la définition de cycles et la fixation des
priorités. En effet, grâce aux informations que l’évaluation de la performance rend disponibles, notamment en termes
d’adéquation des prestations fournies aux atteintes de usagers, les autorités
locales sont en mesure de déterminer en connaissance de cause les priorités en
matière de politique des services publics locaux et, en conséquence,
l’allocation des ressources disponibles.
Ces
informations sont fort utiles lorsque les responsables politiques sont appelés
à déterminer les modalités de gestion de services publics locaux et, en
particulier, à vérifier l’opportunité de confier la gestion à une entreprise
privée plutôt que de maintenir une gestion directe.
Le choix même de l’entreprise, le renouvellement du
contrat ou sa rénovation devrait se fonder sur les résultats de gestion et leur
comparaison avec ceux obtenus par des services ouvrant dans des conditions
analogues.
Par
ailleurs, les autorités locales ne sont pas les seules intéressées, car une
meilleure connaissance des services publics locaux, des besoins auxquels ils
répondent et de ceux qui ne sont pas encore satisfaits, ainsi que des
ressources qu’ils utilisent, peut servir de guide aux autorités nationales lors
de l’attribution d’aides ou de subventions.
Enfin, le suivi de la performance favorise la
transparence de l’action publique. En effet, de par les sens que le mot
performance acquiert s’agissant de services publics locaux, toute démarche qui
vise son amélioration doit tenir compte des exigences des usagers et implique
une meilleure information des usagers ainsi que leur association aux choix.
Le suivi de la performance et la politique de
l’information se soutiennent mutuellement. Le suivi de la performance fournit
aux citoyens des informations concernant les buts, les coûts et les résultats
des services locaux. Ces informations permettent aux citoyens d’exercer une
influence concrète sur la fourniture des services et génèrent un feed-back de
la part des usagers.Aussi le suivi de la performance intensifie les rapports
entre usagers et leurs services et la transparence devient un moyen d’accroître
la qualité de ces services. En somme, l’évaluation de la performance sert à l
fois les intérêts des gestionnaires, des décideurs politiques et des
citoyens : bien conduite, elle contribue à renforcer la démocratie locale.
II.2.3. Mesure de la
performance des services publics municipaux.
Pour mesurer la
performance organisationnelle, il faut choisir des critères observables,
mesurables ou définis de manière opératoire. Par exemple, la flexibilité d’une
organisation est sans doute un critère de performance, mais sa mesure demeure
encore difficile à définir ; par contre, la rentabilité financière est un
critère qui est bien défini et qui fait un large consensus parmi les experts en
évaluation. Les critères choisis doivent être capables de discriminer entre
différents écarts de performance. En d’autres mots, mesurer un critère qui
donne toujours le même résultat, période après période, ne nous donne aucune
information sur l’amélioration ou la détérioration de la performance de
l’organisation.
La performance de
l’organisation peut se mesurer à différents niveaux, les plus fréquents étant le niveau individuel
(des mesures d’employés), le niveau groupal (des mesures de service), le niveau
organisationnel (des mesures de l’entreprise) et le niveau environnemental (des
mesure sectorielles par exemple). En revanche, tout modèle de mesure comporte
trois niveaux d’abstraction [Morin, Guindon et Boulianne, 1996] : 1. les
dimensions du concept à mesurer, 2. les critères qui définissent les dimensions
et 3. les indicateurs qui servent à mesurer ou à apprécier les critères.
II.2.4. Les dimensions de
la performance.
Morin, Savoie et Beaudin [1994] ont
identifié quatre dimensions de la performance organisationnelle qui sont
définies par des critères et qui se mesurent à l’aide d’indicateurs de
performance. Ces dimensions sont les suivantes : la pérennité de
l’organisation, l’efficacité économique, la valeur des ressources humaines et
la légitimité de l’organisation auprès des groupes externes. Le tableau 3
montre ces quatre dimensions ainsi que les critères qui les définissent. Lorsqu’on veut
mesurer la performance d’une organisation, il faut d’abord déterminer les
dimensions qui sont nécessaires pour la décrire. En d’autres termes, il faut
choisir un nombre minimal de composantes principales, suffisantes pour rendre
compte, le mieux possible de la performance organisationnelle.
TABLEAU
3. DIMENSIONS ET CRITERES D’INDICATEURS DE PERFORMANCE
|
|
PERENNITE
DE L’ORGANISATION
|
EFFICIENCE
ECONOMIQUE
|
- Qualité du produit
- Rentabilité
financière
- Compétitivité
|
- Economie
des ressources
- Productivité
|
VALEURS
DES RESSOURCES HUMAINES
|
LEGITIMITE
DE L’ORGANISATION AUPRES DES GROUPES EXTERNES
|
- Mobilisation
des employés
-
Rendement des employés
|
- Satisfaction
des bailleurs de fonds Satisfaction de la clientèle
- Satisfaction
des organismes régulateurs
- Satisfaction
de la communauté
|
II.2.5. Les critères de la
performance
Les dimensions de la performance sont
définies à l’aide de critères, c'est-à-dire des conditions ou des signes qui
servent de base au jugement. C’est ici que les règles de base de la mesure
s’appliquent spécialement. En revanche, les critères doivent être des
caractéristiques concrètes et observables de l’organisation. Ils doivent
pouvoir aussi offrir suffisamment de variance pour permettre de discriminer
différents degrés de performance. Il faut aussi respecter la règle de
parcimonie dans le choix de critères : l’idée ici n’est pas de chercher un
modèle exhaustif de tous les aspects d’une
organisation, mais de choisir un nombre minimal de critères, suffisants pour
rendre compte d’une façon satisfaisante, de la performance organisationnelle.Il
faut également rechercher des critères qui soient facilement mesurables et peu
coûteux, tout en demeurant fidèles et valides.
II.2.6. Les indicateurs de
performance
Les critères nous informent sur ce
qu’il faut savoir à propos de la performance organisationnelle, mais leur
niveau d’abstraction est tel qu’il faut encore déterminer les indicateurs qui
les représentent. Un indicateur de performance est défini par un ensemble
d’opérations portant sur des données concrètes, tangibles ou intangibles, qui
produit une information pertinente sur un critère. En revanche, l’indicateur
reste l’outil le plus utilisé en contrôle de gestion. Selon H.BERGERON [2002],
l’objectif fondamental de la mise en place d’un tel outil est de permettre
l’amélioration de la performance de l’organisation à court et à long terme.Toutefois,
les indicateurs non financiers sont le plus souvent appréhendés par opposition
aux indicateurs financiers, en fonction de leur finalité ou de manière
contextuelle. Peut-on définir les
indicateurs non financiers ? Wegmann et Poincelot [2005] proposent la
définition synthétique suivante : par opposition aux indicateurs
financiers, les indicateurs non financiers ne sont pas
« agrégeables ». Ils ne fournissent pas une évaluation arithmétique
globale de la création de valeur de l’entreprise. Par ailleurs, Bessire [1999]
et Bourguignon [2000] soulignent que la notion de création de valeur et de
performance sont des concepts polysémiques, c'est-à-dire non clairement
délimités. Pour Guindon [1996], un indicateur de performance est un ensemble
d’opérations portant sur des données concrètes produisant une information
pertinente.
II.2.7.
Systèmes de mesure de performance
applicables à l’évaluation de la performance des services publics municipaux.
Les systèmes traditionnels
de la performance s’appuyaient sur des indicateurs financiers. Plusieurs
auteurs ont souligné l’insuffisance de ces indicateurs parce qu’ils ne
permettent pas d’établir de liens entre les opérations et la stratégie. Ces
indicateurs n’expliquent aucunement les problèmes d’amélioration des activités
liés à la qualité, à l’innovation, au service à la clientèle, à la satisfaction
du client, etc. En fait, ils ne reflètent pas la stratégie, mais plutôt les
résultats finaux visés par celle-ci. Ils n’indiquent pas quand et où intervenir
pour améliorer une situation donnée. Selon
Guindon M, « pour que la performance
organisationnelle puisse être améliorée, le système doit fournir des
renseignements sur les éléments qui conditionnent le succès de l’organisation.
Ces éléments peuvent être propres à un secteur d’activité. Pour être
véritablement utiles, ils doivent toucher l’ensembles des dimensions de
l’organisation ».Toutefois, l’ouvrage de Morin, Guindon et Boulianne
sur le sujet est un guide simple et bien structuré.
Conclusion.
Ce
travail a non seulement permis de restituer la richesse des réflexions en
contrôle de gestion notamment sur la performance des services publics communaux
des villes camerounaises, mais il a aussi proposé un cadre théorique permettant
de mieux cerner le comportement des élus, fonctionnaires et citoyens au sein de
la commune. Par ailleurs, nous avons montré à travers une approche
historico-juridique la genèse et le contour des collectivités territoriales au
Cameroun. Toutefois, l’évaluation de la performance à l’aide d’indicateurs
appropriés reste un exercice crucial, ainsi, elle permet d’assurer le succès
des organisations quels que soient les secteurs d’activité. Mais malgré les
transformations qui subissent aujourd’hui, nombreuses sont des organisations
qui continuent d’évaluer la performance à l’aide d’indicateurs conçus pour
répondre aux besoins passés. Des auteurs comme KAPLAN et NORTON [1998] dont les
indicateurs non financiers constituent le sujet central expliquent qu’ils
complètent les indicateurs financiers qui focalisent trop d’attention sur le
pilotage des actions à court terme. En revanche, pou mesurer la performance
d’une organisation, il faut d’abord déterminer les dimensions qui sont
nécessaires pour la décrire. L’évaluation de la performance étant un exercice
crucial, nous envisageons dans les recherches à venir mener des enquêtes au
sein des communes camerounaises dans le but d’observer et de décrire les
spécificités de la performance communale.
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